Réunis aujourd’hui 12 décembre au Palm en Martinique pour la séance plénière annuelle du Conseil de coordination interportuaire Antilles-Guyane (CCIAG), les acteurs portuaires, les représentants de l’État et les collectivités ont confirmé, au fil des échanges, un cap commun : mieux coordonner les stratégies des ports de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane pour renforcer leur attractivité, accompagner le développement économique des territoires, réussir la transition écologique et faire face, ensemble, à la montée des enjeux sécuritaires, au premier rang desquels le narcotrafic. Cette rencontre, placée sous la présidence du directeur général des Outre-mer, s’inscrit dans la continuité de la feuille de route interportuaire 2025-2029 et marque une étape de consolidation après plusieurs années de structuration de la coopération.

Une instance de pilotage désormais installée dans la durée

Le CCIAG réunit chaque année, dans l’un des trois territoires, les grands ports maritimes de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane, leurs présidents de conseils de surveillance et directoires, les préfets, les élus locaux et les administrations centrales concernées. Comme l’a rappelé Bruno Mencé, président du directoire du Grand Port Maritime de la Martinique, cette instance est l’aboutissement d’un travail continu mené tout au long de l’année par les équipes des ports sur des problématiques communes : investissements, desserte maritime, transition écologique, coûts portuaires et sûreté. La réunion plénière permet à la fois de faire le point sur l’avancement des actions décidées l’année précédente et de vérifier leur cohérence avec les grandes orientations de l’État, notamment la stratégie nationale portuaire.

Pour Olivier Jacob, directeur général des Outre-mer, le CCIAG joue un rôle central : il met autour de la même table l’État, les collectivités et les autorités portuaires afin de traiter collectivement des sujets qui, bien que territorialisés, sont profondément interdépendants. Après une première période consacrée à la mise en place d’une gouvernance commune, l’enjeu est désormais de donner du contenu concret à cette coopération, en particulier sur les liaisons portuaires, la décarbonation et la sécurité.
Compétitivité, desserte et création de valeur au cœur des échanges
Les dirigeants portuaires ont insisté sur la nécessité de mieux anticiper les évolutions des lignes maritimes, souvent communes aux trois territoires, et de travailler ensemble pour préserver la compétitivité des places portuaires. Le préfet de Martinique, Étienne Desplanques, a souligné que la coordination est indispensable pour éviter les effets de concurrence non maîtrisés, notamment lorsque les ports investissent simultanément dans l’augmentation de leurs capacités ou dans de nouvelles infrastructures énergétiques.

Du côté de la Guyane, Stéphane Tant, directeur général du port, a rappelé que le CCIAG permet de confronter des modèles économiques différents mais complémentaires. Il a mis en avant les investissements récemment mis en service en Guyane, comme le poste de contrôle frontalier ou les nouvelles grues portuaires, qui renforcent à la fois la productivité, la sécurité et la capacité du port à accompagner la croissance des échanges. L’objectif, à terme, est de faire de la Guyane non seulement une porte d’entrée, mais aussi une terre de transformation et d’exportation, créatrice de valeur locale.
Transition écologique et coopération régionale

La dimension environnementale occupe une place croissante dans les travaux du CCIAG. Ary Chalus, pour le Grand Port Maritime de la Guadeloupe, a rappelé l’engagement ancien du port sur ces sujets, avec des programmes structurants menés depuis plus de dix ans et des coopérations élargies à l’échelle caribéenne. Les échanges ont notamment porté sur la mutualisation des études, la recherche de méthodes communes de mesure et de labellisation environnementale, et l’adaptation progressive des infrastructures portuaires aux exigences de la transition énergétique, sans alourdir excessivement les contraintes pour les acteurs économiques.

Pour la Direction de la mer, représentée par Xavier Nicolas, ces travaux sont essentiels pour comprendre les enjeux d’attractivité et de développement économique des ports et mieux les accompagner, notamment dans le cadre de l’économie bleue. Le CCIAG est perçu comme un espace d’échanges transparents, permettant d’objectiver les priorités et de préparer les politiques publiques à venir.
Sécurité portuaire et lutte contre le narcotrafic : un axe désormais central

Point saillant de cette édition, la réunion a été marquée par la participation du secrétaire général de la mer, le général Xavier Ducept. Sa présence a souligné l’importance stratégique de la lutte contre le narcotrafic dans la zone caraïbe. Selon lui, améliorer la sûreté des ports ne répond pas uniquement à un impératif sécuritaire : c’est aussi un levier de compétitivité, car des ports sûrs et fiables sont plus attractifs pour les grands opérateurs maritimes.
Les responsables portuaires et les représentants de l’État ont insisté sur la nécessité d’atteindre un niveau de sûreté homogène entre les trois ports, afin d’éviter tout effet de report des trafics vers la plateforme la moins sécurisée. Le préfet Étienne Desplanques a rappelé les conséquences directes du narcotrafic sur la société martiniquaise et la nécessité d’agir sur plusieurs fronts : contrôle des flux, coopération régionale, durcissement des plateformes portuaires et aéroportuaires, et travail de fond sur les filières criminelles
Une coopération appelée à s’élargir
À l’issue des échanges, plusieurs intervenants ont salué la qualité du dialogue et le resserrement des liens entre les territoires. Olivier Jacob a notamment souligné que cette dynamique avait conduit à associer désormais Saint-Martin aux travaux du CCIAG et pourrait servir de modèle pour d’autres bassins ultramarins, notamment dans l’océan Indien.



