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    Charlie Hebdo, Rokhaya Diallo et la cécité volontaire de l’universalisme

    décembre 26, 2025Mise à jourdécembre 26, 2025Aucun commentaire
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    La polémique née autour d’une caricature de Charlie Hebdo représentant Rokhaya Diallo en Joséphine Baker, affublée d’une ceinture de bananes, n’est ni anecdotique ni conjoncturelle. Elle révèle une impasse intellectuelle profonde : celle d’un universalisme français qui se veut abstrait, mais qui continue d’ignorer les charges historiques, coloniales et symboliques qu’il mobilise pourtant sans précaution.

    Rokhaya Diallo a dénoncé un dessin qu’elle juge raciste, inscrit selon elle « dans le droit fil de l’imagerie coloniale ». Charlie Hebdo a répondu par une accusation de « manipulation », affirmant qu’il ne s’agissait que d’une satire politique visant ses positions sur la laïcité et son supposé tropisme communautariste américain. L’affaire aurait pu en rester là, au registre habituel des échanges acrimonieux entre une essayiste décoloniale et un journal satirique farouchement attaché à l’universalisme républicain. Mais ce serait passer à côté de l’essentiel.

    Car le débat ne porte pas seulement sur l’intention du dessinateur, ni même sur la liberté de caricature. Il porte sur la responsabilité symbolique de ceux qui produisent des images dans une société marquée par une histoire coloniale toujours agissante.

    La référence à Joséphine Baker n’est pas neutre. Elle ne l’a jamais été. La ceinture de bananes, associée à la Revue nègre de 1925, appartient à un imaginaire où le corps noir féminin est mis en scène comme exotique, érotisé, primitif, offert au regard occidental. Que Joséphine Baker ait ensuite incarné la Résistance, l’antiracisme et une certaine idée de la France n’efface pas cette première inscription dans un dispositif colonial de représentation.

    Charlie Hebdo revendique une satire indifférenciée, frappant tout le monde au nom de l’égalité. Mais l’égalité formelle des cibles ne suffit pas à produire une égalité réelle des effets. Une caricature n’atterrit jamais dans le vide : elle s’inscrit dans des rapports sociaux, des hiérarchies héritées, des mémoires collectives inégalement partagées. Feindre de l’ignorer, c’est confondre l’universalisme avec l’amnésie.

    La question posée par Rokhaya Diallo n’est pas : « Peut-on me caricaturer ? » Elle est : « Pourquoi, lorsqu’il s’agit d’une femme noire, la critique passe-t-elle par une réduction à un corps racialisé, là où d’autres sont attaqués sur leurs idées, leurs contradictions ou leurs engagements ? » Cette interrogation mérite mieux qu’une accusation de manipulation.

    La réponse de Charlie Hebdo illustre une crispation désormais classique : toute mise en cause de l’imaginaire colonial serait une tentative de restreindre la liberté d’expression. Cette posture défensive empêche tout examen critique des outils symboliques mobilisés par la satire elle-même.

    Le soutien apporté à Rokhaya Diallo par de nombreux élus de gauche montre que cette controverse s’inscrit dans une bataille culturelle plus large. La gauche française est traversée par une ligne de fracture durable entre une tradition républicaine attachée à l’abstraction des principes et une approche postcoloniale attentive aux effets concrets des rapports de domination.

    Ce que révèle cette affaire, c’est moins un affrontement entre liberté d’expression et antiracisme qu’une incapacité persistante à penser ensemble les deux. La satire ne s’appauvrit pas lorsqu’elle est interrogée ; elle s’appauvrit lorsqu’elle refuse toute réflexivité.

    À force de brandir la liberté comme un absolu hors contexte, on finit par oublier qu’elle n’a jamais été distribuée de manière égale. Sans cette lucidité, l’universalisme cesse d’être un horizon commun et devient, pour beaucoup, un instrument d’aveuglement.

    Jean-Paul BLOIS 

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