Première dans la Caraïbe, une nano-série réalisée au pays est diffusée sur les plateformes du service public. Ce nouveau genre de production audiovisuelle met en avant les subtilités de nos sociétés en ne cédant rien aux règles essentielles de l’industrie cinématographique.
La chronique d’un retour au pays natal, tel est le thème de « L’Île entre nous », le premier micro-drama produit dans l’archipel de la Caraïbe. Safira, jeune femme de 25 ans, revient sur les traces de son enfance à Verrier, sur les hauteurs de Bellefontaine. Sa mère est décédée. Son père, joué par Yaken Guioubly, l’a peu vue. La jeune femme n’a plus guère de repères dans son terroir.
Safira est incarnée par Axelle René. Elle veut surmonter les difficultés inhérentes à la réinstallation chez soi. Ce qui l’amène à entrer en lutte ou en symbiose avec Lionel, son cousin perdu de vue, interprété par Gilles Saint-Louis, et Jordan, un jeune Guadeloupéen vivant en Martinique, campé par Yanis Olivary.
La nano-saison compte sept épisodes de 1 minute 30 chacun. Cette brièveté est la loi de ce nouveau genre cinématographique. A ce jour, les saisons de micro-drama oscillent de 30 à 100 épisodes. Apparu en Chine durant la pandémie de Covid-19, le micro-drama touche progressivement le marché des Etats-Unis. « L’Île entre nous » est le premier du genre de la Caraïbe.
Elle est le fruit de l’imagination de ses trois concepteurs, Amingo Thora, Philippe Hillion et Tayino Party. Ils ont fondé la start-up Stela Studio dont le but est de développer des projets de films de tous les formats et de tous les types, du long-métrage de fiction au documentaire. Certaines de ces œuvres sont sur le point d’être diffusées.

Un pari doublement audacieux
Le parti pris éditorial de ce micro-drama consiste à ancrer l’histoire et les personnages dans l’univers créole, au sens large. L’histoire se déroule dans la Caraïbe, mais elle a des résonances universelles. Les publics visés vivent aussi bien dans notre archipel, les épisodes étant traduits en anglais, mais aussi en Afrique francophone et dans l’émigration antillaise et guyanaise d’Europe et d’ailleurs. La langue parlée par les acteurs est teintée d’expressions et de phrases en créole, comme c’est le cas pour la plupart des habitants de Martinique. En clair, il s’agit de parler du monde en partant et en parlant de la Caraïbe.
Le parti pris esthétique des scénaristes et co-réalisateurs de ce micro-drama, Amingo Thora et Tayino Party, consiste à tourner au format vertical, spécifiquement pour smartphone. Un pari audacieux complètement différent du tournage usuel à l’horizontal. Ce qui suppose une écriture différente : pas d’introduction de l’intrigue, une succession rapide des scènes, un suspense soutenu, une fin abrupte appâtant le spectateur pour l’épisode suivant.
Stela Studio a réussi à réunir plusieurs partenaires qui ont rendu cette aventure possible. Certains ont apporté un soutien financier et d’autres des dons en nature. Ces contributions essentielles ont permis à l’équipe de fonctionner pendant le tournage.

Un projet en développement imminent
La diffusion est conçue pour les réseaux sociaux. Convaincues de la pertinence de ce micro-drama caribéen, les chaînes du service public Martinique La 1ère et Guadeloupe La 1ère proposent la série sur leurs comptes Facebook, Instagram et TikTok ainsi que sur YouTube. Les premiers retours reçus par le studio, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs, montrent un indice élevé de satisfaction.
La saison 1 de « L’Île entre nous » permet à ses initiateurs d’évaluer son impact sur le public. Elle sert, en quelque sorte, de laboratoire. Les données analytiques digitales seront examinées à la loupe pour décrypter les comportements du public. Ce qui permettra de mesurer l’accueil réservé à cette authentique innovation technique et artistique.
Stela Studio pourra ainsi ajuster la réalisation des épisodes à venir, à savoir la saison complète de 30 épisodes. Elle entrera en développement au début de l’année prochaine. Ce qui signifie que l’équipe sera certainement en tournage en mai-juin 2026. Avec certainement de nouvelles intrigues et des rebondissements inattendus.
Photos : David Lanista



