« Le CIOM, tel que conçu, est une dépossession directe des pouvoirs d’initiative des élus locaux et, plus encore, l’extinction même de l’idée de « personnalité collective du peuple martiniquais ».
Dans ce texte qui suit, Serge Letchimy exprime son inquiétude face à la tournure prise par le CIOM, qu’il qualifie de véritable déni de l’histoire politique martiniquaise. Pour lui, loin de renforcer les territoires, la nouvelle logique impulsée par Paris recentralise les décisions entre les mains de l’État, au détriment des élus et des peuples d’Outre-mer. Il y voit un retour déguisé à un ordre ancien, une négation des luttes passées, et une trahison de l’idéal porté notamment par Aimé Césaire.
La science, la pensée, l’initiative, le projet dans ses racines viendront désormais d’en HAUT.
Nous ne serons alors que de simples et piètres exécutants.
C’est 70 années de lutte d’émancipation écrasées, déraillées… avec un « faux nez » vendu aux plus crédules celui de la « territorialisation » à la seule main du pouvoir de décision du préfet.
Avec le préfet, c’est à dire l’ETAT, au centre de la territorialité « c’est un retour au gouverneur » et c’est « l’annihilation d’une vision de projet au profit d’une idéologie dominante qui pointe les rides avilissantes du « troc politique ».
C’est en fait le ruisseau subtil de l’assimilation qui se transformera en torrent d’aliénation.
Je ne cautionnerai jamais cela car ce serait « foutre en l’air »l’essence même de notre combat pour la responsabilité, l’émancipation et le progrès… et du coup trahir CESAIRE.
C’est en plus porter un « sale coup » à la décentralisation au profit d’une déconcentration pour des peuples jugés incapables.
Je refuse. »
Serge Letchimy
Président du Conseil Exécutif de Martinique
NB : Le titre et l’introduction sont de Philippe PIED