L’histoire mondiale contemporaine est indissociable des conquêtes coloniales européennes. Du XVIe au XXe siècle, la quasi-totalité des territoires du globe a été conquise, administrée ou placée sous influence par des puissances européennes, au point que les frontières actuelles portent encore l’empreinte directe de cette domination.
L’idée selon laquelle certains pays auraient « échappé à la colonisation » mérite d’être examinée avec rigueur historique, tant les situations relèvent souvent de zones grises plutôt que d’exceptions nettes.
Seules quelques entités étatiques peuvent être considérées comme n’ayant jamais été colonisées par une puissance européenne au sens strict : le Japon, la Corée (avant sa division), la Thaïlande et le Liberia.
Le Liberia constitue un cas singulier. Fondé sous l’impulsion des États-Unis, il n’a pas été colonisé par l’Europe mais a subi une influence américaine durable, relativisant l’idée d’une indépendance pleine.
Le Japon et la Corée ont conservé leur souveraineté face à l’Europe grâce à des États centralisés et des armées modernisées. Ils n’ont cependant pas échappé à une domination régionale ultérieure.
La Thaïlande, ancien royaume de Siam, a maintenu son indépendance en tant que zone tampon entre l’Empire britannique et l’Indochine française, au prix de concessions territoriales et économiques.
Le cas de l’Éthiopie est souvent invoqué mais demeure ambigu. Si elle a résisté au XIXe siècle, elle a subi une occupation italienne entre 1935 et 1941.
D’autres États, comme l’Iran, la Turquie ou l’Arabie saoudite, n’ont jamais été colonisés intégralement mais ont connu des formes de tutelle ou d’influence.
Depuis la Caraïbe, cette lecture rappelle que l’enjeu central n’est pas seulement l’absence de domination formelle, mais la capacité réelle à maîtriser son destin politique, économique et culturel.
Jean-Paul BLOIS



