Réunies pour la troisième édition du Finance in Common Summit, les banques publiques de développement (BPD) ont franchi une étape décisive dans la coordination de leurs actions en faveur d’une transition juste et durable. Pendant deux jours, plus de 500 institutions financières issues de 130 pays ont débattu à Séville des moyens de mieux aligner les flux financiers publics sur les Objectifs de développement durable (ODD) et l’Accord de Paris.
Un réseau global structuré autour d’engagements partagés
Initiée en 2020, la communauté des banques publiques de développement représente aujourd’hui plus de 23 000 milliards de dollars d’actifs et près de 12 % de l’investissement mondial annuel. À Séville, les institutions participantes ont renforcé leurs engagements autour de trois axes prioritaires : la lutte contre les inégalités, le financement climatique et le soutien aux économies locales.
Un cadre commun de reporting climatique a été adopté, permettant une meilleure traçabilité des financements verts. Une plateforme numérique partagée a également été lancée pour renforcer l’échange de données, de bonnes pratiques et d’outils d’évaluation d’impact.
Vers une réforme de la gouvernance des financements
L’un des faits marquants de la conférence fut l’appel conjoint de plusieurs grandes BPD — dont la Banque africaine de développement (BAD), la Caisse des Dépôts et la BNDES brésilienne — pour une réforme structurelle du système financier international. Elles ont plaidé pour une reconnaissance accrue du rôle des BPD dans les négociations multilatérales, en particulier au sein du FMI, de la Banque mondiale et du G20.
La conférence a également vu l’Agence française de développement (AFD) signer un partenariat renforcé avec la Banque de développement des Caraïbes, visant à financer l’adaptation climatique dans les petits États insulaires. Une initiative saluée comme un exemple concret de coopération Sud-Sud, facilitée par les outils des BPD du Nord.
Une pression croissante sur les États pour accompagner le mouvement
Enfin, plusieurs dirigeants d’institutions ont souligné la nécessité pour les États actionnaires d’accroître les dotations en capital et d’assouplir les contraintes réglementaires qui pèsent sur les banques de développement. « Il est incohérent d’exiger de nos institutions qu’elles soient à la fois rentables, résilientes et profondément transformatrices, tout en les maintenant sous une logique purement prudentielle », a déclaré Rémy Rioux, président du sommet et directeur général de l’AFD.
La prochaine édition du sommet est prévue à Nairobi, en 2026. D’ici là, les banques publiques de développement espèrent traduire les annonces de Séville en projets concrets sur le terrain, notamment en Afrique, en Amérique latine et dans les petits États insulaires vulnérables.