–
Le CESECEM révèle les priorités citoyennes pour une autonomie d’adaptation
À l’occasion du Congrès des élus de la Martinique, le Conseil économique, social, environnemental, de la culture et de l’éducation de la Martinique (CESECEM) a mené une vaste consultation citoyenne afin de cerner la perception des Martiniquais sur la situation du territoire et les pistes de sortie de l’impasse actuelle. Cette enquête participative, fondée sur un questionnaire évolutif et des rencontres territoriales, visait à relier les préoccupations quotidiennes à des propositions concrètes de transformation.
Agriculture et alimentation : le cœur des priorités
Interrogés sur le domaine prioritaire à renforcer si la Martinique disposait de plus de leviers de décision, 22 % des participants placent l’agriculture et l’alimentation en tête, traduisant une volonté claire de souveraineté alimentaire et de résilience économique. Viennent ensuite : Éducation et formation (17 %), Transports et mobilité (14 %), Santé et accès aux soins (13 %), Emploi et économie (12 %), Sécurité (8 %), Transition écologique (7 %), Culture et identité (3 %) et Logement/foncier (3 %). Cette hiérarchisation illustre une priorité donnée aux besoins vitaux et structurants plutôt qu’aux politiques symboliques.
Autonomie d’adaptation : un consensus fort
Concernant les leviers institutionnels, 41 % des répondants souhaitent pouvoir adapter les lois aux réalités locales, confirmant une demande majoritaire de décentralisation normative plutôt qu’un simple transfert administratif. Les autres attentes expriment un besoin de démocratie participative (17 %), de diplomatie territoriale et caribéenne (11 %), de valorisation patrimoniale et fiscale (22 % cumulés), ainsi qu’un contrôle renforcé de l’immigration et de la démographie (8 %). Pour le CESECEM, cette tendance manifeste une préférence pour une autonomie pragmatique, axée sur la capacité d’adaptation et la coresponsabilité citoyenne.
Les résultats espérés : efficacité et confiance
À la question des résultats attendus d’une plus grande autonomie décisionnelle, les citoyens placent en tête : Des services publics plus efficaces (35 %) ; Des solutions rapides et adaptées aux besoins locaux (18 %) ; Des emplois pour les jeunes (11 %) ; Une meilleure protection de l’environnement (10 %) ; Une gestion plus transparente et économe (9 %) ; Une plus grande participation citoyenne et culturelle (9 %). Deux mots d’ordre dominent : efficacité et confiance — des attentes qui traduisent une soif de résultats tangibles et de gouvernance responsable.
Neuf axes citoyens pour transformer le quotidien
De l’analyse de 410 propositions citoyennes issues des forums territoriaux et de la plateforme numérique émergent neuf grandes orientations d’action : 1. Économie et emploi ; 2. Vivre ensemble et cohésion sociale ; 3. Éducation et formation ; 4. Institutions et services publics ; 5. Agriculture et alimentation ; 6. Relations internationales et caribéennes ; 7. Développement durable ; 8. Santé publique ; 9. Logement et aménagement. Ces axes dessinent les contours d’un véritable programme citoyen, ancré dans les réalités locales.
Propositions emblématiques : vers une gouvernance économique équitable
Parmi les propositions les plus récurrentes : Vie chère et régulation des prix : création d’une instance de régulation, taxation différenciée des monopoles, révision de l’octroi de mer et contrôle des marges arrière. Grande distribution et concurrence : coopératives populaires, régulation des marges, et marché central unique sans octroi de mer. Emploi local et mobilité : préférence locale à compétences égales, retour facilité des diplômés, développement de l’alternance et clauses locales dans la commande publique.
Une société martiniquaise lucide et en quête d’efficacité
Le diagnostic du CESECEM révèle une population lucide sur les blocages structurels du territoire, mais également porteuse d’une volonté de réforme pragmatique et solidaire.
Les Martiniquais ne réclament pas une rupture idéologique, mais une gouvernance plus adaptée, efficace et participative, capable de transformer la proximité en pouvoir d’agir. En somme, une autonomie d’adaptation, fondée sur la confiance et la responsabilité partagée.
Jean-Paul BLOIS