« Depuis dix jours, nous vivons dans la peur permanente », témoigne l’une des victimes. Dans la nuit du 15 au 16 août, plusieurs jeunes ont été violemment pris à partie à Royère-de-Vassivière (Creuse) après une fête locale. Cinq d’entre eux ont porté plainte, dénonçant une véritable « chasse à l’homme » visant un jeune homme noir.
Des violences en marge des festivités
Selon les témoignages recueillis, les faits ont débuté vers 1h30 du matin, au bar de la fête. Un élu municipal et le président de l’association communale de chasse agréée (ACCA) auraient insulté et agressé le jeune homme noir présent dans le groupe. Ses amis, venus s’interposer, auraient eux aussi été frappés. Un second élu, qui tentait de calmer la situation, aurait à son tour été roué de coups.
Les victimes racontent avoir été ensuite poursuivies dans les rues du village par une quinzaine de personnes, équipées de talkies-walkies et circulant dans plusieurs pick-up. Des propos racistes auraient été hurlés, tels que : « C’est la chasse au nègre ! » ou encore « On va le tuer ».
Cinq plaintes déposées, une enquête ouverte
Ce lundi 25 août, cinq plaintes ont été enregistrées, notamment pour violences en réunion commises en état d’ivresse. Dans l’une d’elles, le caractère raciste des faits est explicitement mentionné, a précisé l’avocate des victimes, Me Coline Bouillon. Deux nouvelles plaintes devraient suivre dans les prochains jours.
Le parquet de Guéret confirme qu’une enquête est en cours mais n’a pas donné plus de détails. Les gendarmes, de leur côté, reconnaissent l’existence de propos discriminatoires mais contestent l’idée d’une « chasse à l’homme », parlant plutôt d’une « altercation alcoolisée ».
Victimes sous pression
« Depuis dix jours, nous vivons dans la peur permanente », témoigne la principale victime, qui dit recevoir des menaces quotidiennes. Un de ses amis ajoute : « Je dors mal et je deviens paranoïaque dès qu’une voiture passe. Notre seul tort a été d’être là pour notre ami noir. »
Tous présentent des incapacités de travail temporaire allant de 6 à 15 jours. Me Bouillon évoque un « état de stress post-traumatique très important » chez l’ensemble des jeunes agressés.
Réactions locales partagées
Le comité d’animation de la commune, organisateur de la fête, a publié un communiqué sur Facebook affirmant que « les événements mentionnés ne se sont pas déroulés dans le cadre de la fête » et condamnant « fermement tout acte de violence ».
Deux personnes du comité, soupçonnées d’avoir participé aux violences, ont de leur côté porté plainte pour diffamation. Elles admettent une altercation sous l’emprise de l’alcool, mais nient tout caractère raciste.
Une affaire qui secoue le village
Un rassemblement de soutien aux victimes s’est tenu lundi après-midi dans le centre de Royère-de-Vassivière, réunissant environ 300 personnes. Les plaignants espèrent désormais une réponse judiciaire à la hauteur de la gravité des faits.