Le 1ᵉʳ août 2025, dans un texte publié par La Repubblica, l’écrivain israélien David Grossman, voix morale majeure de son pays, a franchi un cap qu’il avait longtemps évité : qualifier de « génocide » la guerre menée par Israël à Gaza. Marqué par la mort de son fils au combat, il déclare ce mot « avec douleur et le cœur brisé », provoquant une onde de choc en Israël et à l’étranger.
Un mot longtemps évité, désormais assumé
Grossman confie avoir longtemps résisté à employer le terme, avant de céder face aux images, témoignages et chiffres des victimes. Il estime que l’occupation, commencée en 1967, a « corrompu » Israël, et s’interroge : « Comment avons-nous pu en arriver là ? Être accusés de génocide ? »
ONG et experts confortent l’analyse
Ses propos font écho aux conclusions de B’Tselem et de Physicians for Human Rights – Israël, qui dénoncent une action « coordonnée et délibérée » visant à détruire la société palestinienne à Gaza. Plusieurs spécialistes internationaux du génocide, dont l’Israélien Raz Segal, confirment l’analyse.
Une accusation politiquement explosive
Sur le plan juridique, le terme de génocide suppose une intention délibérée de détruire un groupe, ce qu’Israël rejette. Mais l’expression devient un outil de pression diplomatique et judiciaire, alors qu’une procédure est en cours devant la Cour internationale de justice.
Toujours partisan de la solution à deux États
Malgré la gravité de son accusation, Grossman reste attaché à la solution à deux États, qu’il voit comme la seule issue possible. Il soutient la reconnaissance d’un État palestinien sous conditions strictes (désarmement, élections transparentes) et appelle à résister à la peur et à la haine, qu’il considère comme un piège politique et moral.
Un appel à ne pas céder au désespoir
Grossman constate qu’après le 7 octobre, beaucoup en Israël ont abandonné leurs idéaux de gauche pour se réfugier dans la peur et l’isolement. Il plaide pour renouer avec un horizon politique, aussi incertain soit-il : « Notre cœur est à sa juste place, mais il bat dans une réalité dépourvue d’espoir. »