Alors que la France connaît un ralentissement démographique global, les dynamiques territoriales ultramarines confirment une fracture persistante entre les Antilles françaises, en déclin, et la Guyane, en croissance continue. Selon les dernières estimations de l’Insee au 1ᵉʳ janvier 2025, les tendances s’ancrent durablement, avec des conséquences importantes sur les politiques publiques, les finances locales et l’aménagement du territoire.
Martinique : une décroissance continue et préoccupante
La Martinique poursuit sa trajectoire démographique descendante. La population est estimée à 355 500 habitants en 2025, contre 364 500 en 2020, soit une baisse moyenne annuelle de 0,7 %. Ce déclin résulte d’un double phénomène : un solde naturel négatif (plus de décès que de naissances) combiné à un solde migratoire déficitaire, les jeunes actifs quittant massivement l’île pour la France hexagonale ou l’étranger.
Les projections confirment que, sans inflexion politique majeure, la Martinique pourrait tomber sous la barre des 340 000 habitants d’ici 2030, accentuant les défis liés au vieillissement, à la perte d’attractivité économique et au sous-emploi des jeunes.
Guadeloupe : une lente érosion démographique
La Guadeloupe suit une trajectoire semblable. La population, estimée à 380 400 habitants début 2025, baisse régulièrement depuis le pic atteint au début des années 2000. Le rythme est plus modéré qu’en Martinique (environ –0,5 % par an), mais il s’inscrit dans la durée.
La diminution de la population guadeloupéenne est également liée à un vieillissement accéléré, une fécondité en baisse et un exode des jeunes diplômés, qui s’intensifie. L’île, bien que densément peuplée, voit de plus en plus de communes rurales ou périphériques se dépeupler, posant des questions majeures sur l’accès aux services publics et le maillage territorial.
Guyane : une croissance démographique qui ralentit, mais résiste
À l’inverse, la Guyane continue d’afficher une croissance démographique soutenue, quoique en léger ralentissement. En 2025, la population est estimée à 292 400 habitants, avec une augmentation annuelle moyenne de +1,2 %, contre plus de +2 % durant les décennies précédentes.
Ce dynamisme s’explique par un solde naturel largement positif (taux de natalité parmi les plus élevés de France), malgré un solde migratoire parfois négatif lié à l’instabilité économique et au manque d’infrastructures. Toutefois, la jeunesse guyanaise représente un levier majeur de développement, à condition d’accompagner cette croissance en matière d’éducation, de santé, de logement et de formation professionnelle.
Trois trajectoires, trois urgences
Les données démographiques révèlent une divergence structurelle entre les territoires. Aux Antilles, la réduction de la population risque d’accentuer la désindustrialisation, de fragiliser les finances locales et d’aggraver le sentiment d’abandon. En Guyane, c’est l’urgence des équipements publics et de l’accompagnement social qui domine, dans un contexte de forte pression migratoire et de précarité.
Au-delà des constats chiffrés, ces trajectoires imposent une adaptation fine des politiques publiques : revitalisation des territoires antillais, politiques de retour des jeunes diplômés, accompagnement de la jeunesse guyanaise, mais aussi anticipation des déséquilibres territoriaux futurs.