Depuis quelques mois, un phénomène baptisé flag jacking refait surface : certains touristes américains, inquiets du rejet suscité par leur nationalité sous l’ère Trump, se font passer pour Canadiens à l’étranger, allant jusqu’à afficher le drapeau à la feuille d’érable sur leurs bagages.
L’affaire a été médiatisée après le témoignage d’une touriste de l’État de New York, Chelsea Metzger, qui, lors d’un séjour en République dominicaine, a été prise à partie par des Canadiens dans un bar puis snobée par un chauffeur de taxi local après avoir révélé être Américaine. Elle a alors décidé, comme d’autres, de se présenter comme Canadienne pour éviter les tensions.
Mais cette pratique irrite fortement de nombreux Canadiens. Le chroniqueur culturel Tod Maffin a dénoncé dans une vidéo virale le fait de « cosplayer un Canadien », rappelant que le drapeau canadien n’est pas un bouclier contre l’impopularité des États-Unis : « Le Canada n’est pas un costume de déguisement. »
Cette colère s’inscrit dans un climat de nationalisme renforcé au Canada, attisé par les guerres commerciales de Trump, ses menaces d’annexion symbolique et ses attaques contre l’ancien Premier ministre Justin Trudeau. Dans ce contexte, beaucoup de Canadiens rejettent avec force l’idée que les Américains utilisent leur identité comme passe-droit diplomatique.
Au-delà de l’anecdote, le flag jacking réactive de vieilles tensions : déjà dans les années 2000, lors de la guerre en Irak, certains Américains en voyage cousaient des drapeaux canadiens sur leurs sacs à dos pour éviter l’hostilité. Mais pour les Canadiens d’aujourd’hui, ce subterfuge est perçu comme une forme d’arrogance, de fraude et d’appropriation culturelle qui met en péril leur réputation internationale.