Quelques clichés photographiques qui montrent le pétillant de cet intellectuel engagé. Ici aux côtés d’Aimé Césaire qu’il rejoint après avoir quitté le PCM et créé le GRS.

Le professeur d’histoire qui a marqué des générations de Martiniquais.

Le débatteur, tribun et polémiste sans égal.
Édouard de Lépine (1932-2020)
Historien, militant et passeur de mémoire
Le 11 août 2020, la Martinique perdait l’une de ses voix les plus lucides et exigeantes. Édouard de Lépine, historien, intellectuel engagé et militant infatigable, s’est éteint à l’âge de 85 ans, laissant derrière lui une œuvre dense, où l’histoire et la politique se nouent dans une exigence constante de vérité et de justice.
Un passeur entre mémoire et histoire
Né le 11 février 1932 à Fort-de-France, Édouard de Lépine s’est imposé comme l’un des historiens les plus rigoureux de la Caraïbe francophone. Son travail ne se limitait pas à la recherche académique : il revendiquait une histoire vivante, indissociable des combats sociaux et politiques. Ses analyses sur la colonisation, la départementalisation et les luttes ouvrières sont devenues des références pour comprendre les mutations de la société martiniquaise.
Un engagement politique constant
Homme de conviction, Édouard de Lépine s’est engagé dans plusieurs mouvements et partis politiques, de la gauche radicale au Parti progressiste martiniquais (PPM), tout en restant fidèle à une ligne directrice : la défense des libertés, la justice sociale et la dignité des peuples. Il n’hésitait pas à interroger les héritages politiques, y compris ceux de ses propres alliés, et à interpeller les responsables publics lorsqu’il jugeait que la mémoire collective était trahie ou instrumentalisée.
L’historien de Césaire et de la conscience antillaise
Proche d’Aimé Césaire, qu’il admirait tout en le questionnant, Édouard de Lépine a consacré plusieurs de ses ouvrages à l’analyse de son parcours et de sa pensée. Sa plume incisive et sa capacité à replacer les figures martiniquaises dans les grandes dynamiques mondiales lui ont valu un respect unanime, y compris de ses contradicteurs.
Une œuvre pour les générations futures
Parmi ses ouvrages les plus marquants :
- La crise de février 1935 à la Martinique (1975)
- L’énigme de la décolonisation à la française (1981)
- Aimé Césaire, 1913-2008 : « Une parole pour le XXIe siècle » (2008)
- La Décolonisation improbable (2010)
Tous portent la marque de son exigence : une écriture claire, appuyée sur les sources, et un refus des simplifications.
Héritage
En disparaissant, Édouard de Lépine laisse un vide dans le paysage intellectuel martiniquais. Mais il laisse aussi une méthode : relier la mémoire et l’histoire, penser la Martinique dans le monde, et défendre une parole libre, affranchie des conformismes.
Son héritage, c’est cette exigence adressée à chacun : comprendre avant d’agir, et ne jamais séparer l’histoire de la dignité humaine.