Chaque année, la date du « travail gratuit » des femmes marque symboliquement le moment où, à salaire inégal, les femmes cesseraient d’être rémunérées si leurs revenus étaient alignés sur ceux des hommes. En 2025, cette date tombe le 10 novembre à 11h31. Un symbole national qui résonne aussi en Martinique, où les inégalités prennent des formes différentes mais tout aussi tenaces.
Un symbole national qui résonne localement
Le calcul, réalisé chaque année par la newsletter féministe Les Glorieuses à partir des données de l’INSEE, fixe pour 2025 le seuil du « travail gratuit » au 10 novembre à 11h31, soit un écart salarial moyen de 14,2 % en France. Ce repère symbolique s’applique à l’ensemble du territoire national, y compris à la Martinique, où la question de l’égalité salariale se pose dans un contexte économique et social particulier.
Un écart salarial en trompe-l’œil
En Martinique, les écarts de rémunération entre femmes et hommes sont légèrement inférieurs à ceux observés dans l’Hexagone, autour de 11 à 12 % contre 14 % au niveau national. Mais cette différence apparente s’explique surtout par la forte proportion de femmes employées dans la fonction publique, où les grilles salariales garantissent une relative homogénéité. Cette situation masque les disparités qui persistent dans le secteur privé, où les postes d’encadrement et les fonctions les mieux rémunérées restent majoritairement masculins.
Le secteur privé, angle mort de l’égalité
Dans les entreprises martiniquaises, les écarts de salaire dépassent souvent 15 %, en particulier dans le commerce, le tourisme et les services à la personne. Les femmes y sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel et sous-valorisés, avec peu de perspectives de promotion. Le poids des stéréotypes professionnels et la segmentation du marché du travail local entretiennent une inégalité structurelle entre hommes et femmes.
Les familles monoparentales en première ligne
La précarité économique touche particulièrement les cheffes de familles monoparentales, qui représentent près d’un quart des ménages martiniquais. Souvent cantonnées à des emplois modestes, elles cumulent faibles revenus et charges élevées. Cette réalité sociale rend encore plus visible la nécessité d’une égalité salariale réelle, non seulement par justice de principe, mais aussi comme levier de lutte contre la pauvreté féminine sur le territoire.
Si la Martinique se afficher des écarts salariaux moindres que la métropole, cette apparente avance cache des disparités fortes entre secteurs et statuts. L’égalité salariale reste donc un objectif à atteindre, particulièrement pour les femmes du secteur privé et les cheffes de familles monoparentales. Le 10 novembre à 11h31 symbolise ainsi, ici aussi, un rappel de l’urgence d’une égalité réelle.
Jean-Paul BLOIS.



