Les chiens errants sont devenus une plaie pour les éleveurs avec un décompte de 500 prédations depuis le début de l’année. La lutte contre la prédation des troupeaux est une préoccupation dont l’État s’est emparé.
Lors d’une réunion à l’initiative de la préfecture, jeudi soir les éleveurs, les vétérinaires, les associations de défense des animaux, élus et forces de l’ordre étaient rassemblés à la sous-préfecture du Marin. « Ce n’est pas seulement une opération de capture, de stérilisation des chiens et de protections des troupeaux qui permettront de lutter contre la prédation, c’est l’ensemble de ses mesures et la mobilisation de toute la chaîne », explique le sous-préfet Bastien Merot. La réunion a tourné autour de quatre axes, capturer, réguler les chiens en divagation, protéger et accompagner les éleveurs.
80% des chiens ne sont pas identifiés en Martinique.
« Le sujet est d’agir aussi sur des pratiques. On nourrit un chien qui est plus ou moins le nôtre. On le laisse divaguer et ce sont ces chiens qui créent des catastrophes. »
Les attaques en hausse, les ovins et caprins en baisse
André Armougon, éleveur au Marin relève cet état de mécontentement des éleveurs. Lui-même a déjà perdu plusieurs animaux à cause de la prédation canine. « J’ai sensibilisé toutes les communes du sud. J’ai recueilli les témoignages d’une centaine d’éleveurs du sud pour prendre la mesure des prédations dont ces éleveurs sont victimes. » André Armougon estime que les moyens mis en place ne sont pas suffisants. De son côté, il protège ses animaux avec des clôtures, des moyens qui ont leurs limites. « Ce sont des espaces vivants quand il pleut, il y a des ravinements. »

Le sous-préfet, se veut positif quant à l’issue de la réunion. « On veut toujours opposer les éleveurs et les défenseurs des animaux. Aujourd’hui, nous avons réussi à trouver un accord entre ces deux parties pour arriver à lutter ensemble contre la prédation des troupeaux. » Bastien Merot mise également sur un panel d’actions pour juguler le phénomène. Son premier levier est la responsabilisation des maîtres ou de ceux qui alimentent les chiens.
« Il doit y avoir un changement des mentalités. Un chien que l’on laisse circuler dans la rue est un chien qui met en danger de mort des troupeaux entiers. »
Il précise que des éleveurs excédés finissent par abandonner le métier. Être propriétaire d’un chien non identifié, d’un chien divagant, d’un chien attaquant des troupeaux sont des actes susceptibles de poursuites.
“En quelques minutes, le travail de toute une vie part en fumée”
À l’image de ses collègues, Lionel Claveau, président de l’association de promotion et de protection des animaux d’élevage de Martinique dit stop aux attaques de chiens. « Les chiffres du bétail ne cessent de baisser dans l’élevage ovin et caprin. »
Patrick Bragance, président de l’association SOS petites pattes en détresse bien que fervent défenseur de la cause animal comprend le mal-être des éleveurs. « En quelques minutes, le travail de toute une vie part en fumée. On ne peut pas les laisser sans solution. » Il n’est cependant pas favorable à la capture des chiens par les éleveurs.
« Quelqu’un qui n’a pas de formation, on lui donne une cage, la première chose qu’il va faire, c’est se venger sur l’animal. »
Ce qu’il préconise, c’est que les propriétaires attachent leurs animaux, les identifient, les stérilisent. Patrick Bragance est également gérant d’une société qui capture les animaux. Il estime à une centaine le nombre d’animaux attrapés en une année par le biais de mairie et parfois de particuliers.
Laurianne Nomel