Le 5 août 2025, Le Monde publiait dans sa rubrique Idées une tribune incisive cosignée par l’historien et diplomate Élie Barnavi et l’historien Vincent Lemire, appelant Emmanuel Macron à accompagner la reconnaissance de l’État de Palestine de sanctions concrètes à l’égard d’Israël.
Deux historiens engagés
Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France (2000-2002), est professeur émérite d’histoire de l’Occident moderne à l’Université de Tel-Aviv et conseiller scientifique du Musée de l’Europe à Bruxelles. Auteur de plusieurs ouvrages marquants, dont Lettre d’un ami israélien à l’ami palestinien (1992) et Israël. Un portrait historique (2015), il est reconnu pour ses prises de position tranchées sur le conflit israélo-palestinien.
Vincent Lemire, professeur à l’Université Paris-Est Gustave-Eiffel, a dirigé le Centre de recherche français à Jérusalem (2019-2023) et coordonne aujourd’hui le projet européen Open Jerusalem. Spécialiste de l’histoire de Jérusalem, il est l’auteur de Au pied du Mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem 1187-1967 (2022) et coauteur de la bande dessinée Histoire de Jérusalem (2022).
Une reconnaissance jugée historique, mais insuffisante
Dans leur tribune, Barnavi et Lemire saluent la décision d’Emmanuel Macron d’annoncer la reconnaissance officielle de l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations unies du 21 septembre 2025. Ils rappellent qu’il s’agit d’un geste politique majeur, susceptible de rallier plusieurs pays occidentaux à la cause palestinienne et de renforcer la position des Palestiniens devant les instances internationales.
Des sanctions pour passer des paroles aux actes
Les auteurs soulignent toutefois que les habitants de Gaza et les otages israéliens n’attendent pas des gestes symboliques, mais des actions immédiates. Ils détaillent l’ampleur de la crise humanitaire : famine, pénurie d’eau, violences des colons en Cisjordanie, multiplication des victimes civiles. Pour eux, seule une politique de sanctions ciblées sur le gouvernement israélien pourrait modifier la situation : interdictions de visa pour les ministres extrémistes, suspension des accords commerciaux, et application stricte des mandats d’arrêt internationaux.
Un avertissement final
En conclusion, Barnavi et Lemire mettent en garde le chef de l’État : sans mesures concrètes, la reconnaissance de la Palestine pourrait n’être qu’une reconnaissance posthume, vidée de toute portée pratique. Ils exhortent la France à transformer l’élan diplomatique en action politique effective, afin de préserver la crédibilité de sa démarche et de protéger les futures populations de l’État palestinien.