Lors de sa première rencontre avec la presse, Etienne DESPLANQUES*, le nouveau préfet de Martinique s’est présenté et a esquissé les grandes lignes de son action. Tout juste arrivé, il a tenu à rappeler son attachement aux Antilles, ayant débuté sa carrière en Guadeloupe il y a une dizaine d’années. Avec humilité, il a souligné la singularité de la Martinique et sa volonté d’en comprendre les spécificités en allant à la rencontre des acteurs locaux.
Une pensée pour les victimes du crash de la Dominique
Dès son introduction, le préfet a exprimé son soutien aux familles des victimes du crash aérien survenu à la Dominique le 26 janvier dernier. Il a affirmé que l’État est pleinement mobilisé pour permettre le rapatriement des dépouilles en Martinique, et a annoncé l’arrivée de renforts spécialisés du peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix afin d’appuyer les opérations sur place.
Vie chère et sécurité : des priorités affirmées
Etienne DESPLANQUES a immédiatement désigné la vie chère et la sécurité comme ses deux priorités majeures.
🔹 Sur la vie chère, il a affirmé que :
“l’État a signé un protocole d’accord le 16 octobre dernier et tiendra ses engagements”.

Il a souligné l’impact du coût de la vie sur le quotidien des Martiniquais, en insistant sur des aspects concrets comme l’alimentation, l’entretien des véhicules et l’accès au logement. Il a également mentionné son intention de travailler en collaboration avec les partenaires économiques et sociaux pour faire avancer ce dossier complexe.
🔹 Sur la sécurité, le préfet s’est montré ferme et déterminé :
“Nous serons intraitables face au trafic de stupéfiants et au trafic d’armes”.
Il a annoncé un pilotage rapproché des forces de l’ordre et une collaboration étroite avec les autorités judiciaires et municipales pour renforcer la lutte contre la délinquance. Il a également tenu à rendre hommage aux policiers, gendarmes et douaniers qui, selon lui, risquent leur vie quotidiennement pour assurer la sécurité des citoyens.
Autres axes d’action : démographie, climat et mémoire
En plus de ces deux priorités immédiates, le préfet a évoqué d’autres enjeux majeurs pour la Martinique :
- Le déclin démographique, qui impose de repenser les politiques publiques, notamment en matière de logement et d’attractivité du territoire.
- Le changement climatique, qui nécessite des adaptations dans des secteurs clés comme l’agriculture et l’aménagement du territoire.
- Les infrastructures essentielles, en mettant l’accent sur l’eau, l’assainissement et la gestion des déchets.
- Les enjeux mémoriels et environnementaux, avec une attention particulière portée au dossier du chlordécone et à la nécessité d’accélérer la mise en œuvre du Plan Chlordécone 4.
Un dialogue ouvert avec les élus et les acteurs locaux
Le préfet a insisté sur l’importance du respect des élus et de la concertation avec les collectivités territoriales et les forces vives de la Martinique. Il a affirmé vouloir être un partenaire fiable et constructif, au service des Martiniquais.
Il a également mentionné sa volonté de rencontrer rapidement les maires, les représentants économiques, sociaux et culturels, afin de mieux comprendre les réalités locales et d’adapter l’action de l’État aux attentes de la population.
Un préfet “bosseur” et déterminé
Interrogé sur son approche et son état d’esprit, Etienne DESPLANQUES s’est décrit comme “un travailleur acharné, pragmatique et déterminé à obtenir des résultats concrets”. Il a insisté sur sa volonté d’actions tangibles et efficaces, plutôt que de se limiter à des déclarations d’intention.
“Ce qui m’intéresse, c’est que dans un an ou deux, les Martiniquais puissent dire qu’on a obtenu des résultats concrets. La lutte contre la délinquance et la vie chère ne sont pas des concepts abstraits, ce sont des réalités du quotidien que nous devons améliorer.”
Une distinction reçue pour une mission d’envergure
Suite à une question que nous lui avons posée sur la distinction honorifique qu’il a reçue dans le cadre de sa carrière : Chevalier de l’ordre national du Mérite, nous avons appris que celle-ci lui a été attribuée pour son engagement dans la gestion du camp de migrants de Calais, alors qu’il était directeur de cabinet de la préfète du Pas-de-Calais.
“J’ai géré ce camp jusqu’à son démantèlement, où près de dix mille personnes vivaient dans des conditions extrêmement difficiles. Ce fut une mission particulièrement éprouvante, mais qui m’a énormément appris sur la gestion des crises et la nécessité d’agir avec humanité.”
Un préfet en quête de proximité avec la Martinique
Enfin, le nouveau représentant de l’État a conclu en affirmant vouloir découvrir la Martinique en profondeur, au-delà des clichés et des visites officielles, en allant au plus près des Martiniquais, des agriculteurs, des entrepreneurs et des associations.
Sa mission s’annonce ambitieuse, avec de nombreux défis à relever dans un contexte économique et social sous tension. Mais une chose est sûre : il affiche une volonté affirmée de répondre aux attentes des Martiniquaises et des Martiniquais avec engagement et rigueur.
Philippe Pied – Photo Roland Dorival
Etienne DESPLANQUES
* Né en 1980 à Vannes, Étienne Desplanques est un haut fonctionnaire français. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et ancien élève de l’École nationale d’administration (promotion “République”), il commence sa carrière en 2007 en tant qu’administrateur civil au ministère de l’Intérieur. Il occupe ensuite divers postes, notamment directeur de cabinet du préfet des Côtes-d’Armor, puis de la Guadeloupe. En 2012, il est nommé directeur de cabinet du délégué général à l’Outre-mer. Après avoir exercé les fonctions de secrétaire général de la préfecture de la Drôme et de directeur de cabinet du préfet du Pas-de-Calais, il devient préfet de la Corrèze en 2022. Le 15 janvier 2025, il est nommé préfet de la Martinique, succédant à Jean-Christophe Bouvier.





