Éditorial de Michel Branchi, publié dans la dernière livraison du journal Justice, organe du Parti communiste martiniquais.
Martinique et autres DROM
Un véritable remue-ménage agite actuellement l’État français dans ses relations avec les collectivités locales, singulièrement en outre-mer.
Dans Antilla du 4 août 2025, nous avons recueilli les informations suivantes.
Corse : un projet de loi constitutionnelle
Le 30 juillet 2025, François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, a présenté en Conseil des ministres un projet de loi constitutionnelle introduisant un nouvel article 72-5. Ce texte prévoit : la reconnaissance d’un statut d’autonomie, la possibilité pour la collectivité de Corse d’adapter certaines lois et règlements aux réalités locales.
Guyane : un programme d’évolution statutaire
Le même jour, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a reçu les élus de Guyane afin de lancer un programme de travail sur l’évolution statutaire de la collectivité. Les conclusions sont attendues à la fin de l’été. Les priorités identifiées sont : les questions foncières et ressources naturelles (exploitation, gestion durable), le statut européen de la Guyane, lacompétitivité économique et attractivité fiscale, le transfert de compétences à la collectivité, les institutions et modes de scrutin, la représentation des peuples amérindiens et bushinengues,, la trajectoire budgétaire et organisationnelle de la CTG.
Une réforme de l’État local à contre-courant
Le Premier ministre, François Bayrou, a détaillé, le 30 juillet également, sa vision d’une refondation de l’État local initiée le 8 juillet dernier. Cette réforme vise à renforcer l’efficacité, la cohérence et la proximité de l’action publique… à travers un rôle accru des préfets.
Une orientation qui va à l’encontre de la tendance vers plus d’autonomie locale.
Le projet de loi « vie chère » : un contexte politique chargé
Le même 30 juillet, le gouvernement a publié le projet de loi « vie chère » porté par Manuel Valls, déclenchant la colère du patronat (cf. communiqué du MEDEF).
Manuel Valls a déclaré : « L’essentiel pour moi, c’est la transformation économique de ces territoires. Il faut initier des stratégies de développement des filières à fort potentiel et favoriser la production locale, notamment agricole, avec pour objectif l’autonomie alimentaire. Le tourisme, l’économie bleue, la transition énergétique, l’industrie, les transports, le numérique, la coopération régionale sont autant de leviers à activer. » (France-Antilles, 31/07/2025)
Vers une révision constitutionnelle élargie ?
Nous assistons donc simultanément à : un projet de loi d’autonomie pour la Corse, une réunion de cadrage statutaire pour la Guyane, une recentralisation autour des préfets. Tout porte à croire qu’une révision constitutionnelle pourrait concerner, à terme, la Kanaky–Nouvelle-Calédonie, la Corse et la Guyane. Mais alors, qu’en est-il des autres DROM — Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Mayotte ?
La Martinique : l’urgence d’un nouveau modèle
La crise de la vie chère a démontré qu’au-delà des mesures d’urgence (TVA, octroi de mer, etc.), c’est le modèle économique et social de la Martinique qu’il faut repenser de fond en comble. Pour mener à bien un tel programme, il est indispensable de disposer d’un pouvoir local plus étendu et plus fort.
Cela porte un nom : l’autonomie. C’est notre devoir de vacances que d’y travailler.