“Une fédération unique et structurée permettrait au secteur du bâtiment de gagner en cohérence, en force de négociation et en efficacité face aux défis économiques et institutionnels…”
La question du logement est aujourd’hui au cœur des préoccupations des salariés, des entreprises et des acteurs du bâtiment. La conférence, organisée le 13 février par Action Logement et Ozanam, a permis d’aborder de nombreux enjeux liés à l’accession à la propriété, aux conditions de logement des travailleurs et aux défis du secteur du BTP.
Plus qu’un simple échange, cette rencontre visait à trouver des solutions adaptées aux réalités du terrain et aux besoins des acteurs économiques locaux.
Cette conférence a réuni plusieurs intervenants du secteur, parmi lesquels Frédéric Carré, Président d’Action Logement Immobilier, Michel Ducourtieux, Vice-Président, Koumaran Pajaniradja, Directeur Général, et Alain Coridon, Président du Comité Territorial d’Action Logement Martinique et Patrick Lecurieux-Durival, Président d’Ozanam. Ces derniers ont mis en avant les stratégies et actions mises en œuvre pour soutenir le logement et la filière BTP en Martinique.
Organisée sous le titre « Faire le logement, ensemble », la conférence a rassemblé une cinquantaine d’acteurs majeurs du logement et du BTP en Martinique afin de débattre des défis actuels et futurs du secteur. L’objectif principal de cette rencontre était de répondre à une question centrale :
Face aux défis du logement en Martinique, comment structurer la filière, bénéficier des soutiens des partenaires et faciliter l’accès au logement ?

Faciliter l’accès au logement des salariés : une priorité
Depuis 2017, Action Logement met en place des dispositifs pour accompagner les salariés dans leur projet immobilier. L’organisme propose ainsi des prêts à taux préférentiels, notamment un financement de 50 150 euros à 0,5 % d’intérêt pour les moins de 40 ans souhaitant acquérir un premier logement. Cette mesure s’inscrit dans une volonté d’améliorer la mobilité des salariés tout en leur permettant d’accéder à des conditions de logement favorables.
En parallèle, Action Logement intervient dans la rénovation et l’amélioration des habitats en proposant des prêts aux taux très avantageux, avoisinant 1,5 %, pour les travaux de réparation et d’optimisation énergétique. Cet engagement vise à améliorer le cadre de vie des salariés tout en dynamisant le secteur du bâtiment.
Les chiffres récents indiquent qu’11 025 logements sociaux sont actuellement gérés en Martinique par Action Logement, logeant plus de 31 002 Martiniquais. En 2024, l’organisme prévoit d’investir 55 millions d’euros dans 6 opérations représentant 214 logements, et 104 millions d’euros dans 24 consultations couvrant 2 674 logements.
Un partenaire important pour les entreprises et les collectivités
Action Logement se présente également comme un allié des entreprises. En facilitant le logement des salariés à proximité de leur lieu de travail, l’organisme contribue à renforcer l’attractivité des employeurs et à réduire les difficultés liées aux déplacements domicile-travail. Cette approche s’intègre dans les discussions avec les syndicats et les négociations annuelles obligatoires (NAO) des entreprises, permettant ainsi de mettre en place des solutions adaptées aux besoins des salariés.
Outre les entreprises, Action Logement travaille étroitement avec les collectivités locales pour développer des projets de construction et de rénovation. L’organisme investit 30 à 50 millions d’euros dans différentes régions pour soutenir l’aménagement du territoire et encourager la création de logements abordables.

Le secteur du BTP face à de nombreux défis
L’un des sujets majeurs abordés lors de la conférence concerne les difficultés rencontrées par le secteur du bâtiment. Les appels d’offres publics souffrent d’un taux d’échec élevé, en raison de critères trop contraignants et d’un manque d’adaptation aux réalités locales. Parmi les principales problématiques identifiées :
- Des marchés publics infructueux : en 2024, 400 appels d’offres ont été lancés, mais seulement 26 ont été fructueux, révélant un manque de réponse des entreprises locales.
- Complexité administrative : les obligations fiscales et sociales, ainsi que les critères de sélection des marchés publics, freinent la participation des entreprises locales.
- Coût élevé des matériaux : impactant la rentabilité et la viabilité des projets de construction.
- Délais de paiement excessifs : en 2024, 62 % des factures ont été réglées en moins de 30 jours, mais le délai moyen de paiement reste à 37 jours.
- Manque de main-d’œuvre qualifiée : freinant la capacité des entreprises à répondre aux demandes du marché.
- Problème de structuration : avec 80 % des fournisseurs étant des TPE/PME, la capacité à répondre aux grands projets est limitée.
Le secteur souffre également d’un manque d’unité, avec plusieurs syndicats représentés, compliquant les actions collectives et les négociations avec les décideurs publics.
Face à ces constats, Action Logement propose d’accompagner les entreprises dans la simplification des procédures de réponse aux appels d’offres et dans l’intégration de critères sociaux mieux adaptés. L’objectif est de faciliter l’accès des entreprises locales aux marchés publics et d’encourager une participation plus large.

L’insertion et la formation : des enjeux cruciaux
L’un des grands axes de développement abordés est la mise en place de clauses sociales dans les appels d’offres, visant à favoriser l’insertion professionnelle et l’apprentissage. Toutefois, plusieurs participants ont souligné la nécessité de réajuster ces clauses en fonction des spécificités des métiers et des territoires. Un équilibre doit être trouvé entre l’objectif d’insertion et la capacité des entreprises à respecter ces obligations sans mettre en péril leur compétitivité.
En matière de formation, l’accent est mis sur l’adaptation des cursus aux besoins actuels du marché du travail. Il s’agit d’attirer davantage de jeunes vers les métiers du BTP, notamment via des actions de sensibilisation et l’amélioration des conditions de travail sur les chantiers. Le RSMA (Régiment du Service Militaire Adapté) est identifié comme un acteur clé pour accompagner les jeunes vers une montée en compétences et une intégration dans le secteur.
Des initiatives pour la transition environnementale
L’évolution du secteur intègre également des initiatives écologiques, parmi lesquelles :
- Utilisation d’isolants à base de bagasse pour favoriser les matériaux locaux et durables.
- Recyclage des eaux grises dans les constructions neuves et anciennes.
- Stations d’épuration avec filtres plantés pour des solutions respectueuses de l’environnement.
- Optimisation énergétique avec eau chaude solaire et photovoltaïque.
- Développement de jardins partagés, gestion des eaux pluviales et éclairage optimisé.
Ces initiatives font partie d’un plan stratégique qui prévoit 42 % des interventions sur le parc existant et 58 % consacrés à la production neuve d’ici 2028.
Vers une meilleure structuration du secteur
Un autre point soulevé concerne la nécessité pour le secteur du bâtiment de mieux s’organiser et de parler d’une seule voix. Aujourd’hui, la multiplicité des fédérations et des organismes entraîne un manque de cohérence et de force dans les négociations avec les institutions publiques.
L’enjeu est de parvenir à une structuration plus efficace, notamment à travers la création d’une seule fédération représentative, capable de défendre les intérêts du secteur auprès des pouvoirs publics. Une telle organisation permettrait également de mieux répondre aux besoins en formation et de faciliter l’accès aux financements.

Un engagement commun pour un logement accessible et un BTP plus fort
Cette conférence a mis en lumière l’importance d’une collaboration étroite entre Action Logement, les entreprises, les collectivités et les fédérations professionnelles. L’objectif est clair : faciliter l’accès au logement des salariés tout en dynamisant le secteur du BTP.
Des solutions existent, qu’il s’agisse de prêts avantageux, de simplification des appels d’offres, d’un meilleur accompagnement des entreprises ou encore d’une formation plus ciblée. Mais pour que ces initiatives portent leurs fruits, un engagement collectif est nécessaire. Il appartient désormais à l’ensemble des acteurs de saisir ces opportunités pour bâtir un avenir plus solide et durable pour le logement et la construction de NOTRE Pays à TOUS !
Philippe PIED






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