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    Tribunes

    Habiter le pan d’un grand désastre

    juin 17, 2023Mise à jourdécembre 17, 2024Aucun commentaire
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    Je remercie, Mme Suzanne Ravis et M. Georges Aliker de m’avoir transmis
    certains documents sans lesquels je n’aurais pas pu écrire ce texte.
    “Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le
    colonisateur à l’abrutir au sens propre du mot… et montrer que chaque fois qu’il y a
    au Viêt-Nam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette
    violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte,
    il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression
    universelle qui s’opère… il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe et le
    progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.”A. Césaire, Discours sur le
    colonialisme (1950)
    “C’était l’inconscient qu’on leur avait vendu en même temps que les lois de la
    colonisation, forme exotique, régressive, du discours du maître, face du capitalisme
    qu’on appelle impérialisme.” J. Lacan, L’envers de la psychanalyse (18/02/1970)
    Dans son numéro d’Avril-Juillet 1955, la revue Présence Africaine publiait un poème
    d’Aimé Césaire intitulé :”Réponse à Depestre, poète haïtien”
    (Eléments d’un art poétique).En 1976, une version différente de ce poème a été publiée sous le
    titre “Le verbe marronner à René Depestre, poète haïtien”. Pour éclairer mon propos, je ferai
    référence au poème publié en 1955. Ce poème répond à une lettre de Depestre publiée dans le
    n°du 23 juin 1955 de la revue “Les Lettres Françaises”, revue culturelle du Parti Communiste
    Français, dans laquelle il écrivait son ralliement aux propositions poétiques que défendait
    Louis Aragon dans le “Journal d’une poésie nationale”.
    Pourquoi, plus de cinquante ans plus tard, faire retour sur ce poème ? Originaire d’un
    département français d’Outre-Mer, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, Aimé Césaire
    qu’André Breton tenait pour “le plus grand poète de langue française”, n’a cessé d’affirmer :
    “où que j’aille, je reste un nègre déraciné des Antilles”. Les termes et l’enjeu du débat que ce
    poème a initié en 1955, peuvent éclairer selon moi, les contraintes subjectives inconscientes
    que rencontrent dans leur rapport à la langue française, nombre d’hommes et de femmes,
    citoyens français, dont les histoires singulières, sont nouées à l’histoire de la colonisation
    française. Maryse Condé a souligné (2) l’importance majeure qu’a eue à l’époque ce débat
    dans le monde littéraire caribéen francophone, alors même que, hors la revue Présence
    Africaine (3), il n’avait pas eu de réel écho dans le monde littéraire en France et reste encore
    largement méconnu. Ce silence persistant (même dans des écrits à propos de l’œuvre de L.
    Aragon (4)) pose une question restée non articulée. Que pouvons-nous en entendre ?
    Sans doute un embarras. Embarras, à penser un type de malaise dans la culture lié au
    mode de colonisation inédit (colonisation esclavagiste et racialisée) nécessaire à l’expansion
    du capitalisme marchand européen qui a organisé au XVIe siècle les sociétés des “vieilles
    colonies” de la France. Ces sociétés coloniales ségrégatives se sont structurées à partir d’une
    violence réelle et d’une dégradation de la dimension symbolique du langage marquée par le
    privilège donné dans les relations sociales à un trait de différence visible du réel du corps, la
    couleur de la peau. Un tel privilège s’est établi au détriment du trait de différence symbolique
    du langage qui fonde dans l’inconscient, la différence des sexes et la dimension du désir. Mis
    “!
    !
    à l’écart et incarnés dans l’ailleurs colonial, ce malaise et ses conséquences subjectives sont
    ainsi restés largement impensés dans la société de la Métropole, mais ses conséquences
    subjectives et sociales ne cessent pas d’être repérables pour les psychanalystes dont la pratique
    s’inscrit dans ces sociétés. J’ai précédemment souligné (5) à quelle inflation de l’imaginaire
    conduit une telle dégradation du symbolique tant dans les stratégies sociales et dans les choix
    amoureux que pour certaines paternités dont le support a à être ainsi “sensorialisé” (nécessité
    pour certains hommes de “voir” leur enfant pour lui transmettre leur nom). Ainsi, ce qui fonde
    la rencontre entre un homme et une femme ne relèverait plus du désir et de la structure
    symbolique du langage, mais serait réduit à l’obscénité d’un signe visible à travers des
    différences de couleur de peau.
    En rupture avec le discours coloriste colonial, le débat qui a occupé ces poètes et
    écrivains francophones de la Caraïbe dans les années 1955, situe la question à laquelle ils ont
    été confrontés, dans le champ du langage, au niveau de la structure même du langage. Le
    sous-titre donné en 1955 par Aimé Césaire à sa “Réponse à Depestre, poète haïtien” est
    explicite. Il s’agit pour lui de rappeler les “éléments d’un art poétique”. “Le poète quoi qu’il en
    sache et même s’il ne le sait pas, réintroduit que ce qu’il sait et manipule c’est la structure du
    langage et non pas simplement de la parole” nous rappelle J. Lacan (6).
    Que ce débat sur le rapport des colonisés à la langue française ait été initié par Aimé
    Césaire, peut étonner. Arrivé au faîte du parcours le plus prestigieux d’études littéraires
    françaises en 1939, Aimé Césaire a publié Cahier d’un retour au pays natal, fondé avec les
    poètes Senghor et L-G Damas, le mouvement de la Négritude et rapporté en 1946 à
    l’Assemblée Nationale française, la loi dite “loi d’assimilation” qui instituait les “vieilles
    colonies” de la France en départements d’Outre-Mer. Il est nécessaire de saisir ces différents
    éléments dans la complexité où ils se tissent, pour prendre la mesure de l’extrême complexité
    des conséquences subjectives de certaines modalités d’intégration actuellement proposées en
    France.
    Le recours métaphorique que fait A. Césaire dans ce poème à l’expérience du nègre-marron,
    précise l’enjeu de sa “Réponse à René Depestre, poète haïtien”. Parce que “ils arrondissent
    cette saison des sonnets”, il y a à dés-apprendre. Dés-apprendre une certaine manière de
    compter dans la mesure, « dés-apprendre les formes qui s’attardent” pour “laisser se lever la
    bourrasque”. Nécessité de dés-apprendre un certain rapport à la langue française, de
    “marronner” des formes traditionnelles de la poésie qu’ils ont apprises :
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    Le mot “marronner” venu de l’espagnol “cimarron” fait résonner une expérience inouïe
    de liberté que des esclaves refusant l’asservissement, arrachaient au pouvoir des maîtres
    coloniaux pour devenir des esclaves marrons et pour la vivre en marge de l’espace de la
    Plantation.
    Le projet de tout poète, libérer la langue de son usage habituel, comporte me semble
    t’il un enjeu subjectif singulier quand un poète écrit dans un champ culturel structuré par une
    dégradation de la dimension symbolique du langage. Un peu plus d’un siècle après l’abolition
    de l’esclavage, pour ces poètes de l’espace caribéen, comme pour la grande majorité des
    descendants d’affranchis, la langue française n’est pas parlée dans les familles, c’est une
    langue apprise à l’école. Libérer la langue française de son usage scolaire, impose à ces poètes
    #!
    !
    une exigence éthique : dés-apprendre pour aller, dans cette langue, à la rencontre du silence de
    la parole des ancêtres. Dés-apprendre un certain rapport à la langue française, c’est
    “marronner” des formes traditionnelles de la poésie qu’ils ont apprises :
    “…Marronnons les Depestre, marronnons-les
    Comme jadis nous marronnions nos maîtres à fouets.”
    Un jeune Français dont les parents Algériens avaient immigré en France, parlait de ce
    départ dont ses parents ne pouvaient rien dire. “Les raisons économiques qu’on avance laissent
    de côté leur histoire de départ… Les enfants de la deuxième génération ont à faire un retour
    qui vient en écho à la dette des parents qui sont partis. Chacun va le faire à sa façon. Pour
    certains c’est par le retour à la tradition, pour d’autres c’est le retour au pays pour construire
    une maison, faire des cadeaux à ceux qui sont restés, pour d’autres c’est par la culture, par la
    religion, pour d’autres c’est par la langue”.
    Pour ces écrivains francophones de la Caraïbe, partis du pays natal de la langue parlée
    avec leurs parents, dans quelle langue aura pu s’inscrire leur dette symbolique ?
    Dans la langue créole ? Parlée dans leurs familles pour la plupart, cette langue a connu
    depuis l’abolition de l’esclavage et avec le développement de la scolarisation une
    infériorisation progressive par rapport à la langue française. Elle n’a pas dans les années
    cinquante d’écriture formalisée, est totalement exclue du champ des apprentissages scolaires
    et de la connaissance ainsi que des lieux de représentation du pouvoir politique.
    Progressivement dé-légitimée dans le champ social et culturel où elle a pris statut de langue
    des nègres, de l’ignorance et de la pauvreté, son usage s’est trouvé progressivement limité, à
    l’espace familial domestique dans les milieux économiquement aisés, aux milieux populaires
    et à toutes les relations de travail manuel.
    Césaire n’a pas choisi d’écrire en créole. Non pas que cette langue soit pour lui
    “frappée d’une tare originelle”, mais parce que le niveau de cette langue qui est à cette époque
    “resté au stade de l’immédiateté, incapable d’exprimer des idées abstraites, indique l’un des
    aspects du retard culturel martiniquais (7)”. Il paraît difficilement concevable que la
    radicalité du projet poétique d’Aimé Césaire ait pu être tenu dans une langue née dans
    l’expérience de survie, de violence réelle et de dégradation de la dimension symbolique, dans
    cet “extrême de la colonisation”, qui a forgé les sociétés antillaises.
    Dans les échanges sociaux ou dans les psychanalyses (son usage y est rare et pose
    dans le maniement du transfert des difficultés complexes), elle fait actuellement entendre une
    équivocité sexuelle indiquant un rapport métonymique à la jouissance mal limité par le
    refoulement.
    Dans la langue française ? Nous savons que tout apprentissage scolaire impose à
    chaque enfant quelle que soit la langue qu’il parle dans sa famille, de renoncer à la langue du
    commerce privé avec sa mère et de négocier son propre désir de savoir par rapport aux
    demandes différentes, celles de ses parents (Autre parental), celles de l’Autre social que relaie
    l’exigence d’apprendre de l’institution scolaire. Pour les enfants créolophones, la langue
    transmise par leurs parents, située dans un rapport de diglossie par rapport à la langue
    française enseignée à l’école, est disqualifiée en langue “malélevée” (charriant du sexuel) et
    marquée par la honte. Apprendre à “parler français” c’est apprendre à être “civilisé”, c’est
    aussi soumettre le savoir inconscient structuré dans les premiers échanges langagiers en
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    !
    langue créole, à une opération de déni, “culturellement institué” (8) dans ces sociétés
    coloniales et tenter de faire fonctionner un refoulement d’emprunt. “Tu iras à l’école”, dit Man
    Tine à José, le petit-fils qu’elle élève (9), “pour apprendre un brin d’éducation et à signer ton
    nom”.
    La tâche des poètes francophones de la Caraïbe, rappelle Aimé Césaire à son ami René
    Depestre, est de “marronner” de la langue française que le maître colonial “historiquement, à
    travers le viol d’une usurpation culturelle” a prétendu s’approprier pour “faire croire qu’il
    avait avec elle des rapports de propriété ou d’identité naturels, nationaux, congénitaux,
    ontologiques (10)”. Trouver un “chez soi”, une “habitation”, dans cette langue, c’est pour
    Césaire, “infléchir” la langue apprise pour “la porter à ce maximum d’écart avec elle-même
    qui lui ferait parler une autre langue (11)”. “Nous n’avions pas le choix : nous sommes le
    produit d’une civilisation, d’une culture, nous étions formés à l’école française et nous ne
    pouvions que l’accepter (12)”. L’accepter mais pas sans “savoir quel usage nous allions faire
    de cette langue… nous servir du français en le pliant à nos exigences intérieures (13)”. C’est
    se risquer à faire fonctionner une langue étrangère dans la position paradoxale décrite par J.
    Altounian ; que dans cette langue étrangère, “puisse opérer la transmission d’un héritage
    inintégrable symboliquement par les parents (14)”. Si la langue française n’est pas pour
    Césaire une langue “étrangère”, je fais ici l’hypothèse de l’impossibilité à laquelle il a été
    confronté d’y trouver un “chez soi”, une “habitation”, tant que cette langue est restée pour lui
    la langue de l’école coloniale, dans laquelle ses ancêtres étaient désignés “nègres-esclaves”. Il
    lui aura fallu rendre subjectivement “habitable” la langue que le maître colonial a prétendu
    s’approprier. C’est dire qu’il lui aura fallu en faire le lieu d’une transgression, pour nommer le
    désastre symbolique colonial où son histoire singulière a eu à se construire et pour y trouver
    enfin le lieu de son énonciation inconsciente, lieu où il pourra soutenir son désir.
    Il s’agit d’une “opération symbolique par laquelle le sujet doit venir se loger, c’est un
    impératif éthique, dans le lieu de son énonciation inconsciente. Il doit se reconnaître chez lui,
    là où son désir s’articule… (15)”. Pour que se fasse une telle opération psychique, il ne suffit
    pas de “bien-parler-le-français”, c’est-à-dire de parler une langue “châtiée”, bien apprise,
    hantée par le souci de la faute. Il y a à opérer dans cette langue un double renoncement.
    Renoncer au rapport à la jouissance dans laquelle le discours colonial voulait maintenir les
    nègres et renoncer à maintenir la langue française en position d’idéal, ne pas réduire la poésie
    à une poésie d’imitation, à une “poésie de décalcomanie” dira Césaire. Grâce à sa puissance
    poétique et à sa “formidable volonté de résistance” soulignée dans le très beau texte d’Esther
    Tellerman (16) au colloque de Fort-de-France, Césaire entreprend de se confronter à la
    puissance originelle qu’a le signifiant de faire coupure dans l’opacité du réel. “Le mot du
    poète, le mot primitif : dessin rupestre dans la matière sonore (17)”… C’est en cela que sa
    poésie occupe dans le champ culturel et social né de la colonisation, une position d’exception
    à partir de laquelle d’autres, par la suite, auront pu trouver le socle sur lequel va se fonder leur
    parole. Dès 1939, avant tout autre poète francophone de la Caraïbe, cet impératif éthique va
    s’imposer à lui après son admission à l’Ecole Normale Supérieure. Il s’acharnera à “forer cette
    langue”, à la bouleverser pour faire surgir “l’étrange” de cette langue si bien apprise, à “la
    plier à mon vouloir dire” écrit-il.
    Avec “Cahier d’un retour au pays natal” commence une œuvre qui ne cessera pas
    d’introduire dans cette langue des césures inédites, de “l’exténuer” pour révéler sous la
    carapace des mots, l’inouï d’où pourra enfin résonner le silence séculaire de cultures
    effondrées en son nom. Et pour que son dire de sujet y trouve place. L’importance majeure du
    rythme dans l’œuvre poétique de Césaire (18), “antérieur à la parole, au mot qu’il appelle et
    %!
    !
    apprivoise, séduit et nécessite, j’y vois la forme du poème ; mieux que la forme (mot ambigu),
    c’est sa structure, son projet dictant…”, indique la nécessité de “mettre hors d’elle-même”
    (selon la belle expression de Derrida) la langue française, pour y “mettre le sceau imprimé, la
    marque nègre – ou la marque antillaise, comme vous voulez -sur le français (19)”.
    “Sceau imprimé”, “marque”, ces mots nous font entendre que l’immense travail
    entrepris par le poète porte sur la matérialité du signifiant, sur la lettre. Il s’agit d’extraire la
    marque de la scène visible du corps où la colonisation esclavagiste racialisée a prétendu la
    pervertir, pour enfin l’inscrire comme marque distinctive, structure localisée du signifiant, à
    partir de laquelle un sujet peut se nommer. Travail sur la lettre, nécessaire pour faire bord au
    trou d’où menace “la nuit en son immobile verrition”, et pour que puisse s’inscrire au champ
    de l’Autre, sa singularité. Parce que “la poésie est la création d’un sujet qui là, assume un
    nouvel ordre de relations symboliques au monde” (20), la tâche du poète, comme il l’a écrit
    dès 1939, est d’assumer “la seule chose au monde qui vaille la peine, la fin du monde
    Parbleu » (21)… Laisser “les formes qui s’attardent” pour laisser se lever le neuf et affronter
    !:::$)”$+(/,.$#(&’$,&7($&;$6″$'”$6″$'”$.”$)/$,’7#$”,$&,$7–&B7)”$<"((7#7&,$C!$DEEF "…
    C'est ce message que le poème de 1955 adresse à René Depestre, poète haïtien, l'ami
    avec qui il a tant partagé, depuis leur rencontre en 1944 en Haïti (où Césaire, était venu de la
    Martinique, faire une série de conférences à l'invitation de Pierre Mabille, représentant de la
    France Libre), à l'aventure surréaliste avec Breton, puis à l'inscription au Parti Communiste
    Français qui, contrairement à Depestre, ne l'avait pas conduit à une rupture avec les
    surréalistes. "Qu'ils arrondissent des sonnets … Fous t'en Depestre…" Leur tâche de poète,
    avec Rimbaud, Lautréamont, les surréalistes, Mallarmé est "que le poème se constitue là où
    l'écriture au lieu d'exprimer un événement devient elle-même l'événement" (23) qui projette le
    !"#$"%&'()
    +'%"'",-.&/"#"'("'&)(/#)!"')!$.&/$.0'
    "Pour le reste
    Que le poème tourne bien ou mal sur l'huile de ses gonds
    Fous t'en Depestre, fous t'en, laisse dire Aragon (24)".'
    La violence de ces vers où Aragon est nommé répond nous l'avons dit, à une lettre
    rendue publique de René Depestre. Celui-ci y donne les raisons de son "ralliement aux
    enseignements décisifs d'Aragon… grâce auxquels" écrit t-il, "je suis en train de résoudre le
    conflit où se débattait mon individualisme formel". Ces questions de forme poétique ne
    concernent pas seulement les créateurs français, ajoute Depestre. Elles sont "aussi du ressort
    de ceux qui ont l'honneur, par suite des avatars de l'histoire politique, de partager avec vous
    autres, créateurs français, l'héritage du chant, l'héritage de la prosodie, la continuation
    renouvelée des mesures traditionnelles propres de la poésie, en France ». (25) Pour Depestre,
    l'enseignement d'Aragon apporte la solution, une intégration harmonieuse, à ceux qui comme
    lui cherchent à intégrer "l'héritage africain" à l'écriture poétique en langue française. "Nous
    avons à discerner dans le patrimoine culturel qui nous vient d'Afrique, ce qui peut s'intégrer
    avec harmonie (souligné par moi) à l'héritage prosodique français".
    C'est précisément cette intégration harmonieuse (souligné par moi) du patrimoine
    culturel africain dans l'héritage prosodique français que refuse Césaire dont le projet poétique,
    inscrit dans la lignée de Rimbaud et des surréalistes, est d'affronter à partir de cette dualité
    culturelle le lieu qui fonde sa subjectivité.
    &!
    !
    La lettre de Depestre est une réponse à une proposition d'Aragon concernant l'écriture
    poétique. Écrivain célèbre et célébré, membre influent du Comité Central du Parti
    Communiste Français, Louis Aragon a en 1954 regroupé en un volume une série d'articles
    qu'il a fait paraître dans "Les Lettres Françaises" de Décembre 1953 à juin 1954, en même
    temps que des textes de poètes connus ou des "poèmes- bouteilles- à- la- mer" adressés par
    des inconnus qui sont ainsi supposés confirmer ses thèses. Ce volume, intitulé "Journal d'une
    poésie nationale" (26), sera publié fin 1954. A la suite de sa publication, un manifeste,
    "Défense de la poésie" (27), critique avec violence les positions d'Aragon et déclenche chez
    certains poètes français une polémique mais semble-t-il "pas de vraie discussion". "Puis,
    curieusement, ce texte est oublié (28)" sans avoir rencontré plus d'écho dans le milieu
    littéraire français.
    Durant l'Occupation Aragon avait promu comme instrument de la Résistance contre
    les Nazis, une "poésie nationale". En 1954, avec le "Journal d'une poésie nationale", il
    s'agissait pour Aragon, journaliste politique, "de relancer l'élan d'une poésie de la Résistance
    par la campagne d'une poésie nationale" et invite les poètes à "faire retour aux formes
    traditionnelles fixes de la poésie nationale". Considérant écrit-t-il alors, "fermement, le vers
    traditionnel français comme une donnée essentielle de l'héritage de notre peuple, où
    s'exprime dans sa plénitude, le caractère national de notre poésie", sa visée est "de
    galvaniser l'esprit national" en relançant une poésie nationale qui opère "une reprise dans le
    langage même, un resserrement autour de la nation" (29). Il précisera sa critique contre « la
    facilité dont s'autorisent les générations nouvelles de poètes qui ne sont pas passés par l'étude
    et l'expérience de l'alexandrin, de l'octosyllabe, du vers impair et du vers dit libre" et se sont
    mis à "écrire directement… ce qui donne à leur poésie "le ton de poésie traduite…, cette
    forme dénationalisée, donnait au contenu humain en général un habit cosmopolite…. Ainsi
    "… montés sur les expériences d'autrui", ces poètes contemporains se trouvent "perdre, mais
    perdre vraiment, sans la moindre place à la trouvaille, le lien charnel, vivant avec la nation,
    ce qui est le génie même de la langue prosodique, ce qui est par définition intraduisible dans
    une autre langue, et qui fait précisément par là la grandeur nationale d'une poésie (30).
    L'obsession "nationale" d'Aragon est en radicale rupture avec celle du mouvement
    surréaliste qu'il a participé à fonder (lors de la guerre du Rif en 1925, les surréalistes avaient
    refusé avec une extrême violence le "patriotisme intellectuel"). Elle est en rupture également
    avec l'Aragon du « Traité du style » qui affirmait sa détestation de l'armée en proclamant "je
    ne porterai plus l'uniforme français" et "je conchie l'armée française dans sa totalité" ; en
    rupture aussi avec celui qui écrivait, "la poésie est par essence orageuse et chaque image doit
    produire un cataclysme" et voulait "entendre parler un langage de catapulte… à décorner les
    boeufs" (31).
    Elle nous pose question dans le contexte politique où s'inscrivent la publication du
    Journal d'une poésie nationale, la lettre de René Depestre, le poème de Césaire et le débat
    ouvert pendant deux ans dans le milieu littéraire francophone caribéen. Ce contexte politique
    est marqué par la guerre froide et par l'émergence des mouvements de libération nationale
    dans les colonies de l'Empire français. Si pour Aragon, priorité est donnée dans le contexte de
    la guerre froide à la "poésie nationale", instrument de résistance contre l'ennemi majeur de
    l'époque, le pouvoir américain et "l'entreprise atlantique", à aucun moment les mouvements
    de décolonisation et les questions posées par Césaire ne semblent interroger la dimension
    nationale (souligné par moi) de ce projet poétique. Dans son article de 2004, Lucien
    Wasselin, situant ce contexte n'en fait pas non plus mention, pas plus qu'il n'y mentionne le
    débat des poètes francophones de la Caraïbe.
    '!
    !
    Quelle signification pouvons-nous donner à ces silences ? Certes pas celle d'une
    absence d'intérêt ni de soutien réel du Parti Communiste Français (PCF) aux peuples
    colonisés. Parlant de son engagement au PCF dans une interview à L. Kesteloot (32), Césaire
    rappelle d'ailleurs que si nombre d'intellectuels africains et antillais ont été séduits après
    guerre par le communisme, c'est que "le communisme est à l'époque le seul à défendre
    efficacement les Noirs, à se scandaliser de leur situation, à les considérer comme frères des
    prolétaires français ou russes, bref à les traiter en hommes". Si ces silences ont à être
    interrogés, c'est qu'au-delà de la soumission de L. Aragon aux priorités politiques du PCF, ils
    viennent selon moi révéler chez les intellectuels de ce parti, un point de butée (souligné plus
    haut) concernant la pensée politique de la décolonisation. Se soutenant d'une vocation à
    l'universel, cette pensée a maintenu sa visée d'émancipation politique dans une perspective
    d'assimilation culturelle qui écrasait littéralement le particulier. Dès lors devenait inaudible
    l'enjeu du débat engagé par ceux qui, avec A. Césaire, se trouvaient dans la nécessité
    d'interroger la possibilité pour eux, francophones, nés dans des sociétés structurées par la
    colonisation, de pouvoir soutenir une position d'énonciation dans la langue française. C'est en
    effet à partir de l'expérience particulière, "que cela compte d'être noir… Qu'on n'est pas noir
    impunément" (A. Césaire), qu'ils cherchent à inscrire leur singularité pour prendre place dans
    l'universel. "C'est au niveau du particulier que toujours surgit ce qui pour nous est fonction
    universelle (33)". Refuser ce trajet nécessaire par le particulier serait répéter pour ces
    écrivains l'institutionnalisation de l'oubli fabriquée par la République et le silence de leurs
    familles sur l'histoire de leurs ancêtres. Un tel refus ne pouvait que maintenir les Antillais
    dans l'impasse d'une identification fondée sur une tentative d'assimilation culturelle,
    identification imaginaire qui les vouait à être des "décalcomanies" de Français idéalisés.
    Cette question de l'universel sera à la même époque, l'objet de violentes critiques que
    Frantz Fanon dans "Peau noire et masques blancs (34)" et Aimé Césaire, dans « Discours sur
    le colonialisme » (35), adresseront à l'ouvrage du psychanalyste Octave Mannoni, publié en
    1950, « Psychologie de la colonisation ». En 1966, dans le texte « The decolonisation of my
    self » (36), Mannoni va faire retour pour la critiquer, sur la conception universaliste qu'il avait
    soutenu comme solution à l'énoncé raciste colonial. Cette "solution universaliste" reconnaît-il
    alors, est "une négation optimiste de la réelle difficulté de cet énoncé" et "conduit finalement
    à dire que d'être un Noir n'a ni importance ni signification".
    La radicalité et la complexité des questions qui se posaient à Aimé Césaire à travers
    son écriture poétique, ne pouvaient pas se réduire à un projet de retour aux formes d'une
    poésie nationale. Dans ces années d'émergence des mouvements de décolonisation (37), il
    était contraint de faire un bilan négatif douloureux de l'assimilation sociale et économique
    promise par la loi de départementalisation des "vieilles colonies" dont il avait été le rapporteur
    en 1946. L'égalité des acquis sociaux demandée pour les nouveaux départements face à
    l'urgence de leur situation sociale marquée par l'arbitraire colonial, n'avait pas de réalisation
    effective. Par ailleurs, ce qui avait été mésestimé en 1946 face au réel de la situation sociale et
    qui s'était par la suite révélé, c'est que cette loi donnait consistance à une "identification
    singulièrement ambivalente sur fond de l'image d'une dévoration assimilante (38)". C'est,
    avec d'autres reproches, l'accusation d'"assimilationnisme (39)" qu'il adressera à ses
    camarades du Parti quand en 1956, il rendra publique sa démission du PCF. Parce que le
    projet poétique de Césaire concerne la possibilité pour un sujet de trouver un lieu
    d'énonciation dans la langue, il subvertit les limites que propose la catégorie du national.
    Certaines expressions qui valorisent un trait identificatoire visible, rencontrent un écho
    consensuel dans le discours social et politique en France. Ce discours veut faire croire qu'une
    (!
    !
    société "multicolore" serait le signe d'une intégration sociale réussie de ceux dont les histoires
    singulières sont nouées à celle de la colonisation. Le succès de telles expressions nous indique
    la fascinante séduction que peut exercer la jouissance scopique. Mais soyons attentifs à ce que
    nous apprend la pratique de la psychanalyse dans le champ culturel antillais : le privilège
    donné dans le social à un élément visible du corps est le signe d'une dégradation de la
    dimension symbolique du langage, dimension sans laquelle un humain ne peut soutenir son
    désir.
    Le poème écrit en 1955 nous fait entendre que dans son rapport à la vérité de son désir,
    un sujet ne se soutient que du lieu où l'harmonie d'une langue défaille. C'est à ce lieu d'altérité
    radicale qu'il s'est acharné à faire surgir au delà des satisfactions des miroitements des images,
    que l'œuvre poétique d'Aimé Césaire convoque chacun. Encore y a t-il à se trouver prêt à ne
    pas céder sur son désir.
    Notes :
    (1) Aimé Césaire, Œuvres complètes, Ed. Désormeaux, Fort-de-France, 1976
    (2) "Fous-t'en Depestre ; laisse dire Aragon", in Actes du colloque , "Love and Politics in the
    Cold War", New York, 2000
    (3) Présence africaine a été crée en 1947 à Paris par A. Diop ; Le comité de parrainage
    rassemble entre autres, Camus, Césaire, Gide, Leiris. C'est d'abord une revue littéraire et
    culturelle qui deviendra ensuite maison d'édition.
    (4) Cf. article de Lucien Wasselin , "Poésie nationale : la querelle Pierre Garnier -Louis
    Aragon" in dossier de la revue Faites entrer l'infini, n°9, Juin 2005 – Publié par la Société des
    Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet"
    (5) J. Wiltord :
    • "Un nom de couleur", Journées sur le patronyme – Association freudienne
    internationale, Mai 1991, Paris
    • "Quand les mots ont manqué à dire", in Césure, revue de la convention
    psychanalytique, n° "Malaise dans notre civilisation", Mai 1993 – Paris
    • "Différences ethniques et subjectivation. Quelques réflexions à partir d'une "vieille"
    colonisation", Intervention aux journées sur l'exclusion – Association freudienne
    internationale Marseille, Mars 1999
    • "À partir du traumatisme", in De l'esclavage aux réparations – ouvrage collectif, Le
    comité devoir de mémoire Martinique, Ed. Karthala – Paris – 2000
    (6) J. Lacan, L'Objet de la psychanalyse, Séminaire 1965-1966, Paris, Publication hors
    commerce de l'Association lacanienne internationale
    (7) "Un poète politique : Aimé Césaire", Interview in Magazine littéraire n° 34, Novembre
    1969, Paris
    (8) Brigitte Lemerer, Les deux Moïse, École de psychanalyse Sigmund Freud, Ed. Érès, 1998,
    Paris
    )!
    !
    (9) Joseph Zobel, La rue Cases-Nègres, Ed. Présence Africaine, 1974, Paris
    (10) Jacques Derrida, Le monolinguisme de l'autre Ou la prothèse d'origine, Ed. Galilée,
    1996, Paris
    (11) Esther Tellerman, "Entre mangrove et chiens", Intervention au séminaire de l'Association
    Freudienne Internationale, 1996, Fort-de-France
    (12) Aimé Césaire, "Où que j'aille je reste un nègre déraciné des Antilles", Interview in Lire,
    n°, 1982, Paris.
    (13) Aimé Césaire, ibid
    (14) Janine Altounian, L'intraduisible, Deuil, mémoire, transmission, Ed. Dunod, 2005, Paris
    (15) Marc Darmon, Essais pour une topologie lacanienne, Nouvelle édition revue et
    augmentée, Ed. de l'Association lacanienne internationale, 2004, Paris
    (16) Esther Tellerman, op. cité
    (17) Aimé Césaire, "Poésie et connaissance", Tropiques n° 12 – Janvier 1945, Réédition Jean-
    Michel Place, 1994
    (18) Lylian Kesteloot, Aimé Césaire, Coll. Poètes d'aujourd'hui, Ed. Seghers, 1962, Paris
    (19) Aimé Césaire, Interview in Magazine Littéraire n°34, Novembre 1969, Paris
    (20) Jacques Lacan, Les structures freudiennes des psychoses, Séminaire 1955-1956,
    Publication hors commerce de l'Association lacanienne internationale, Paris
    (21) Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, Ed. Présence Africaine, réédition 2003,
    Paris
    (22) Aimé Césaire, ibid.
    (23) René Ménil, in Le Rebelle, Revue du Centre Césairien d'Etudes et de Recherches n° 1,
    1989, Martinique
    (24) Ces vers du poème original, publié dans la revue Présence Africaine en 1956, ont été
    supprimés de l'édition des œuvres complètes de Césaire (Ed. Désormeaux, 1976, Martinique).
    Les modifications entre les deux versions sont données dans Aimé Césaire La Poésie, Ed.
    établie par Daniel Maximin et Gilles Carpentier, Ed du Seuil, 1994, Paris.
    (25) René Depestre, Lettre adressée à Charles Dobzynski, publiée in Les Lettres Françaises n°
    du 16-23 Juin 1955, Paris.
    (26) Louis Aragon, Journal d'une poésie nationale, Ed. Seneuze, 1954, Lyon
    (27) Cité par Lucien Wasselin, op. cité
    *!
    !
    (28) Lucien Wasselin, op. cité
    (29) Les citations de ce passage et de celui qui suit sont extraites de : Louis Aragon, Journal
    d'une poésie nationale, Ed. Seneuze, 1954, Lyon
    (30) Les mots en caractères gras dans cette citation sont en italique dans le texte d'Aragon.
    (31) Louis Aragon, Traité du style, Ed. Gallimard, Coll. L'Imaginaire, 1980, Paris.
    (32) Lilian Kesteloot, op. cité
    (33) Jacques Lacan, L'identification, Séminaire 1961-1962, Édition de l’Association
    lacanienne internationale, Paris.
    (34) Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Ed. du Seuil, coll. Esprit, 1952, Paris.
    (35) Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme (1955), in Œuvre historique et politique, T. 3
    Œuvres complètes, Ed. Désormeaux, 1976, Paris.
    (36) Octave Mannoni, in Clefs pour l'imaginaire ou l'Autre scène, Ed. Le Seuil, 1985, Paris –
    Publié en 1966, dans la revue Race, 1966, Londres.
    (37) Tunisie (arrestation de Bourguiba), Indochine (capitulation de Dien-Bien-Phû ),
    conférence de Bandoëng…
    (38) Jacques Lacan, Séminaire l'Identification, op. cité
    (39) Aimé Césaire, "Lettre à Maurice Thorez", in T. 3 , Œuvres Complètes, op. cité
    Jeanne Wiltord, Psychiatre, psychanalyste
    17 Avril 2008
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