Un Français sur 10 affirme avoir été victime d’inceste, un phénomène qui touche tous les milieux sociaux, tous les territoires. La parole et l’écoute sont en train de se libérer, notamment après la publication du livre de Camille Kouchner. Dimanche en Politique ouvre la discussion en Limousin. 

© Pexels

Il y a d’abord eu cette enquête Ipsos en novembre 2020 : réalisée sur un échantillon de 1033 personnes, elle révélait qu’un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste. Puis il y a eu le livre de Camille Kouchner, « La Familia Grande » dans lequel la juriste raconte comment son beau-père a abusé de son frère jumeau quand ils étaient adolescents, un ouvrage dont elle a longuement expliqué la genèse dans l’émission de François Busnel la Grande Librairie. Il y a enfin depuis début janvier 2021, ce hashtag « metooinceste » apparu par milliers sur les réseaux sociaux grâce auquel les victimes prennent la parole pour dire “moi aussi, j’ai subi l’inceste”. 

Pour en parler, Annaïck Demars reçoit 4 invités :

  • Maéva Bigourie, photographe à Brive et victime d’inceste : elle en a d’ailleurs fait l’objet d’une prise de parole lors de la conférence TEDX de Limoges en janvier 2020
  • Julie Normand, assistante de direction à Limoges et victime d’inceste durant 8 ans 
  • Catherine Boisseau, psychologue à l’association France Victimes 87 où elle a créé un groupe de parole sur les violences sexuelles depuis début 2020
  • Olivier Guillot, avocat et président de l’association France Victimes 87

 

Morceaux choisis :

Maéva Bigourie : “Une des premières fois où j’ai parlé, je n’ai pas été écoutée, donc finalement, on se renferme dans ce silence. Je pense que c’est un tel choc : il est plus facile de se taire que d’affronter la réalité quand c’est un proche, une personne dont on ne s’attend pas à de tels actes, on ne sait plus comment réagir”. 

Il faut dire aux enfants que leur corps leur appartient, qu’ils ont le droit de dire non, que quelqu’un ne peut pas venir de force les toucher. Ce sont des choses simples qui peuvent changer une vie entière.

Maéva Bigourie

Julie Normand, victime d’inceste par son grand-père entre l’âge de 4 ans et 12 ans : “Ce n’est pas moi qui en ai parlé, c’est ma cousine à propos de sa soeur, elle ne savait pas que d’autres avaient subi la même chose. Moi j’ai été délivrée, en fait. Je me suis dit : je ne me suis pas mentie, ça s’est vraiment passé, je ne savais pas si je me l’étais inventé, imaginé et quand on m’a dit ça, je me suis dit : enfin !”

 

Il y a encore beaucoup d’adultes aujourd’hui qui n’ont pas encore verbalisé d’avoir été victimes d’inceste

Catherine Boisseau, psychologue à l’association France Victimes 87

Catherine Boisseau, psychologue : “La personne victime occulte ce qui s’est passé, c’est un mécanisme : c’est tellement incompréhensible et abominable, ça crée un non-sens et la personne essaie de l’occulter le plus longtemps possible. Ca se stocke dans une partie de son cerveau qui est la mémoire traumatique et ça va revenir par des moyens détournés plusieurs mois, plusieurs années après, sous la forme de flash-backs, réminiscences, cauchemars. Des événements, des accidents de la vie peuvent raviver cette mémoire traumatique”. 

Jusqu’à ses 48 ans, une victime aujourd’hui d’un fait grave d’inceste peut déposer une plainte

Olivier Guillot, avocat

 

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© F3 Limousin

Olivier Guillot, avocat : “Sur la volonté de rendre ces faits imprescriptibles, je m’interroge, j’ai le sentiment que ça pourrait être presque contre-productif pour la victime parce que 30 plus tard déjà, quand on parle de faits commis quand on était mineur et qu’on dépose plainte, vous imaginez l’âge des témoins, l’état des preuves, l’état de santé de l’agresseur ? On se retrouve parfois avec des difficultés terribles et un procès qui ne pourra pas aller à son terme parce qu’on aura pas de peuves, plus de témoins et le remède sera pire que le mal”.

Pour revoir l’émission dans son intégralité : 

Inceste : la fin de l’omerta ? [REVOIR DIMANCHE EN POLITIQUE] • ©France 3 Limousin

 

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Annaick Demars

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