Un mouvement de contestation secoue le Barreau de Fort-de-France après l’annonce, sans concertation, d’un projet visant à rehausser l’estrade du Ministère public dans la salle pénale de la Cour d’appel. Cette décision, jugée unilatérale, remet en cause une tradition locale ancrée depuis le XIXe siècle : celle d’une égalité symbolique et physique entre le Parquet et la Défense lors des audiences.
Historiquement, cette configuration incarne le principe fondamental d’impartialité et de respect des droits de la défense. La profession d’avocat dénonce une méthode autoritaire, et appelle à une mobilisation unitaire. Une assemblée générale extraordinaire a déjà été tenue et décidé d’entamer une action
Pour le Barreau, composé majoritairement de jeunes avocats, ce combat dépasse la simple question logistique : il s’agit de défendre un héritage symbolique fort, transmis par des figures emblématiques comme Fernand Véry, Marcel Manville ou Georges Gratiant, dans la lignée de l’abolition de l’esclavage et de l’institution de la Défense.
Philippe PIED
Ci-dessous, le texte intégral de la motion :
MOTION ADOPTÉE PAR LE CONSEIL DE L’ORDRE DES AVOCATS DU BARREAU DE MARTINIQUE – LE 04 JUILLET 2025
Le Conseil de l’Ordre des Avocats du Barreau de Martinique, réuni le vendredi 04 juillet 2025, sous la présidence de Madame la Bâtonnière Murielle RENAR-LEGRAND :
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RAPPELLE que le positionnement physique dans les salles d’audience au même niveau, de la Défense et du Ministère Public est une coutume acquise de hautes luttes et préservée durant des décennies ;
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RAPPELLE que ce principe a été consacré à l’occasion de l’édification des instances judiciaires en Martinique, devenu un droit acquis reconnu par la Ministre de la Justice Christiane TAUBIRA, par lettre du 30 décembre 2014 ;
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S’INSURGE contre la décision de l’assemblée générale des magistrats de rehausser l’emplacement du Parquet dans la salle pénale de la Cour d’Appel de surcroît, durant la période de vacation judiciaire ;
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DEPLORE le manque de respect caractérisé envers le Barreau de Martinique qui résulte de cette décision prise unilatéralement à son insu ;
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RELEVE que cette décision inique et cynique s’inscrit dans un contexte de détérioration manifeste et continue des relations entre la magistrature et le Barreau ;
Dans ces circonstances :
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EXIGE l’arrêt immédiat des travaux et l’annulation de cette décision.
À défaut, le Barreau s’opposera par tous les moyens à la mise en œuvre de cette décision, y compris par le blocage total et pour une durée indéterminée de l’ensemble des juridictions du ressort.
Signé :
P/ la Bâtonnière en exercice,
Murielle RENAR-LEGRAND
Le Bâtonnier par délégation,
Pascaline JEAN-JOSEPH