L’Association caribéenne des organisations du secteur privé (CAPSO) a émis un avertissement : la décision des États-Unis d’augmenter les droits de douane réciproques de Trinité-et-Tobago de 10 % à 15 % pourrait avoir des conséquences négatives importantes et directes pour les pays membres de la CARICOM. L’organisation a souligné dans un communiqué de presse que cette décision pourrait entraîner la plus forte baisse des recettes d’exportation du pays.
Il est à noter, selon le communiqué, qu’avant l’entrée en vigueur du tarif douanier de 10 % le 9 avril, Trinité-et-Tobago, ainsi que d’autres États de la CARICOM, bénéficiaient d’un accès en franchise de droits au marché américain dans le cadre de l’Initiative du bassin des Caraïbes (CBI). La récente augmentation du tarif douanier à 15 %, effective à compter du 7 août, a été promulguée quelques mois seulement après que Trinité-et-Tobago se soit vu attribuer un taux de base de 10 %, introduit en avril 2025 dans le cadre de la politique commerciale « America First ».
L’analyse de la CAPSO estime désormais les pertes annuelles potentielles à 291,9 millions de dollars pour Trinité-et-Tobago, soit une hausse significative par rapport aux 194,6 millions de dollars prévus avec le taux précédent de 10 %. Cette escalade accentue l’écart entre Trinité-et-Tobago et les autres pays de la CARICOM concernant les possibles pertes à l’exportation causées par les mesures américaines.
Le rapport explique qu’environ les deux tiers des pertes d’exportation prévues de Trinité-et-Tobago se concentrent dans deux secteurs : les métaux de base et leurs ouvrages (199,3 millions USD) et les produits chimiques (74,8 millions USD). La catégorie des métaux de base comprend principalement divers produits sidérurgiques, largement utilisés dans les secteurs de la construction, de l’automobile et de la fabrication aux États-Unis.
Le secteur des produits chimiques englobe des produits tels que l’ammoniac anhydre, le méthanol et l’urée, matières premières essentielles à la fabrication d’engrais, de plastiques et d’autres applications industrielles. Ces exportations constituent un élément essentiel de l’infrastructure industrielle de Trinité-et-Tobago et sont des composantes essentielles des chaînes d’approvisionnement américaines, qui dépendent de matières premières abordables. Si la perte de revenus estimée dans le secteur de l’agriculture et des produits alimentaires (un peu plus de 9 millions de dollars) est comparativement plus faible, les répercussions n’en sont pas moins importantes.
Ce secteur soutient les petits producteurs et les moyens de subsistance ruraux, avec des exportations telles que les produits de la pêche – importants sur les marchés alimentaires américains – et les condiments, sauces et assaisonnements préparés destinés aux communautés de la diaspora et à des segments de niche du marché américain. Pour de nombreux micro et petits exportateurs, la hausse supplémentaire de 5 % des droits de douane, qui s’ajoute aux 10 % précédents, compromettra considérablement leur compétitivité et impactera les recettes en devises du pays.
« Trinité-et-Tobago était déjà l’économie de la CARICOM la plus exposée au régime tarifaire réciproque », a déclaré le Dr Patrick Antoine, PDG et directeur technique du CPSO. « Cet ajustement accroît non seulement l’ampleur des pertes potentielles, mais touche également des secteurs vitaux pour notre capacité industrielle et pour les fabricants américains qui dépendent de nos exportations pour leurs intrants. »
Le Dr Antoine a également lié ces évolutions à un déclin plus général des relations commerciales traditionnelles de la CARICOM avec les États-Unis. « Dans notre récente soumission à l’examen américain de l’Initiative du bassin des Caraïbes, nous avons souligné que ces
nouveaux droits de douane érodent l’accès préférentiel qui a soutenu notre partenariat économique avec les États-Unis pendant des décennies. Cette érosion s’accélère désormais. »
La CAPSO souligne que la politique « America First » et la mise en œuvre en avril de tarifs réciproques ont servi de signal d’alarme pour la région. La récente hausse à 15 % témoigne de l’urgence de réponses rapides et coordonnées pour préserver la compétitivité.
Selon le Dr Antoine, de telles actions devraient s’appuyer sur des modèles de collaboration réussis : « La position commune régionale et du secteur privé qui a permis d’obtenir des exemptions pour les navires construits par la Chine et le transport maritime à courte distance dans les Caraïbes est la preuve que lorsque nous agissons collectivement, nous pouvons protéger nos intérêts stratégiques. »
Il a conclu en exhortant : « Il est désormais temps d’appliquer la même détermination – pour protéger les flux commerciaux actuels, engager le dialogue avec les États-Unis
sur les différentiels tarifaires et positionner Trinité-et-Tobago et la CARICOM pour une force à long terme sur un marché mondial plus disputé. »