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    Home » La Martinique face au même mal-développement que la Guadeloupe : un capital abondant mais sans moteur
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    La Martinique face au même mal-développement que la Guadeloupe : un capital abondant mais sans moteur

    octobre 6, 2025Mise à jouroctobre 6, 2025Un commentaire
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    Par Gérard Dorwling-Carter

    Un miroir économique inquiétant

    L’analyse de l’économiste guadeloupéen Jean-Marie Nol sur la « distorsion dans la formation du capital local » trouve une résonance immédiate en Martinique. Sous des apparences de prospérité entretenue par la consommation publique et le niveau de vie moyen, l’île demeure confrontée à la même contradiction structurelle : un capital disponible mais inerte, une épargne abondante mais improductive, et une économie qui peine à transformer sa richesse en développement réel.

    Selon les chiffres de l’IEDOM, l’épargne financière des ménages martiniquais dépasse 4,2 milliards d’euros, soit un volume équivalent à celui de la Guadeloupe. Pourtant, cette manne ne se traduit pas par une dynamique d’investissement productif. Les entreprises locales, souvent sous-capitalisées, peinent à lever des fonds et à financer leur croissance.

    La Martinique, comme la Guadeloupe, vit une situation paradoxale : une économie riche de capitaux, mais pauvre en projets productifs.

    Une richesse qui s’accumule sans produire

    L’illusion de prospérité martiniquaise repose sur trois piliers : la fonction publique, la consommation soutenue par les transferts publics, et l’immobilier résidentiel.

    Ces moteurs, bien qu’ils maintiennent le pouvoir d’achat, ne génèrent ni innovation, ni exportations, ni diversification sectorielle.

    L’épargne locale s’oriente massivement vers l’acquisition immobilière et les placements de précaution, au détriment de la prise de risque entrepreneurial.

    Les banques martiniquaises, intégrées à de grands groupes hexagonaux, reproduisent des logiques de financement métropolitaines, souvent inadaptées à la taille et à la réalité des TPE/PME locales.

    La frilosité du crédit et la faiblesse du capital-risque alimentent un cercle vicieux : les entreprises manquent de fonds propres, ce qui les rend peu bancables — et leur interdit précisément d’accéder au financement.

    Un héritage historique commun : le capital d’extraction

    Comme en Guadeloupe, le capital martiniquais a été historiquement façonné pour extraire, non pour développer.

    Du système des habitations-sucreries à la domination commerciale de quelques grands groupes importateurs-distributeurs, la structure économique de l’île reste marquée par une logique d’extériorisation des profits.

    Une part significative des bénéfices réalisés localement — notamment dans la grande distribution, l’assurance ou l’import-export — est rapatriée vers l’Hexagone, privant le territoire d’un effet multiplicateur sur son propre développement.

    Cette fuite des profits se traduit concrètement par un manque chronique de capitaux endogènes : l’argent produit ici ne travaille pas ici.

    Elle prolonge un modèle colonial de dépendance financière où la valeur ajoutée quitte le territoire dès sa création.

    Les blocages de la formation du capital en Martinique

    La théorie économique distingue trois maillons dans la formation du capital :

    1. Créer l’épargne ;
    2. La mobiliser ;
    3. L’investir.

    Or, en Martinique, les trois sont fragilisés.

    • L’épargne existe, mais elle est mal orientée ;
    • La mobilisation bancaire reste contrainte par des normes de rentabilité exogènes ;
    • L’investissement productif est freiné par la peur du risque et la complexité administrative.

    Les dispositifs publics d’aide à l’investissement (FEDER, FEADER, POSEI, aides CTM) peinent à compenser ces inerties. Le tissu productif demeure fragile : plus de 90 % des entreprises comptent moins de dix salariés, et la productivité reste inférieure de 25 % à la moyenne nationale.

    Cette sous-capitalisation chronique empêche la montée en gamme des filières agricoles, industrielles ou numériques.

    Pour une autonomie financière accompagnant  toute réforme institutionnelle

    Le diagnostic de Jean-Marie Nol invite la Martinique à une réflexion salutaire : avant d’imaginer une véritable autonomie politique, il faut construire une autonomie financière.

    La souveraineté économique commence par la capacité d’un territoire à retenir et faire fructifier sa propre richesse.

    Cela suppose plusieurs réformes concrètes :

    • Créer des outils de financement locaux, tels qu’un fonds martiniquais d’investissement endogène alimenté par l’épargne des particuliers et les capitaux publics ;
    • Encourager le capital-risque insulaire et les coopérations public-privé ;
    • Réorienter l’épargne vers les filières productives, notamment agricoles, énergétiques et numériques ;
    • Moderniser la gouvernance bancaire locale, afin d’adapter les critères de financement aux réalités des TPE ultramarines.

    La Martinique ne manque ni d’argent, ni de talents. Ce qui lui fait défaut, c’est une circulation vertueuse du capital entre les ménages, les banques et les entreprises.

    Tant que cette boucle restera brisée, les ambitions d’« autonomie économique » ou de « développement endogène » resteront de simples slogans politiques.

    « Sé lajan Matinik ki ni pou fè Matinik lévé »

    Le proverbe créole pourrait être le fil rouge d’une refondation économique : « Sé lajan Matinik ki ni pou fè Matinik lévé. »

    Autrement dit, la prospérité martiniquaise ne viendra pas de transferts venus d’ailleurs, mais de la capacité collective à transformer l’épargne locale en moteur de croissance locale.

    Refonder la formation du capital martiniquais, c’est redonner sens au travail, à l’investissement et à la responsabilité collective.

    C’est aussi, au-delà des débats statutaires, le premier acte d’une véritable émancipation économique.

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    View 1 Comment

    Un commentaire

    1. Branchi Michel on octobre 6, 2025 14h07

      Plutôt que énoncer “avant d’imaginer une véritable autonomie politique, il faut construire une autonomie financière” il faut penser que pour une véritable autonomie financière il convient de conquérir les instruments financiers nécessaires type banque de développement grâce à l’autonomie politique. Inverser l’ordre des propositions.
      Michel Branchi

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