Par La Rédaction
Chaque année, l’Observatoire des inégalités publie un état des lieux glaçant : la France demeure traversée par des fractures sociales profondes, dont la plus criante reste le niveau de vie.
Le chiffre est connu mais trop rarement commenté : la moitié des Français vit avec moins de 2 028 euros par mois. Ce niveau de vie médian, calculé après impôts et prestations sociales, dit l’essentiel. Il ne s’agit pas d’un seuil de pauvreté, mais bien du revenu autour duquel se répartit toute la population. Autrement dit : un Français sur deux vit en dessous.
Ce chiffre est d’autant plus parlant lorsqu’on le confronte au coût réel de la vie : loyers, alimentation, transport, santé, énergie. À ce niveau de revenus, on ne vit pas, on survit. Et pourtant, cette réalité est rarement évoquée par les décideurs politiques, rarement débattue sur les plateaux télé. Le quotidien de la majorité silencieuse reste invisible.
En Martinique, une situation encore plus alarmante
Outre-mer, la situation est encore plus préoccupante. En Martinique, 27 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit moins de 1 288 € par mois. Le revenu médian y est estimé à 1 667 €/mois, bien en dessous de la métropole.
Résultat : au moins un Martiniquais sur deux vit avec moins de 2 028 €/mois, dans un territoire où les prix sont plus élevés, et l’accès aux services plus inégal.
Sur une population de 360 000 habitants, cela représente environ 180 000 Martiniquais vivant sous ce seuil. Et près de 100 000 en situation de pauvreté. Des chiffres qui devraient alerter, mais qui peinent à émerger dans le débat public .
L’école, l’emploi, les fractures
Le rapport de l’Observatoire ne se limite pas aux chiffres : il pointe aussi l’échec persistant du système éducatif à réduire les inégalités sociales. Il souligne la précarité de l’emploi, en particulier chez les jeunes. Il rappelle que les ouvriers non qualifiés ont quatre fois plus de risques d’être au chômage que les cadres. Et que 8 millions de personnes vivent aujourd’hui dans une forme de “mal emploi” (sous-emploi, intérim, temps partiel contraint…).
La France des écarts
La France est encore loin d’un modèle égalitaire :
- Le seuil de richesse est fixé à 4 056 €/mois (le double de la médiane)
- Le 1 % le plus riche gagne plus de 7 500 €/mois,
- Et le 0,1 % dépasse les 20 000 €/mois.
À l’inverse, 5 millions de personnes vivent avec moins de 1 014 €/mois.
Et maintenant ?
« Devons-nous continuer à produire des rapports sur les inégalités ? Oui, car ne rien dire, c’est renoncer. »
Tant que ces chiffres resteront relégués aux notes de bas de page, tant qu’ils ne deviendront pas le cœur des politiques publiques, la promesse républicaine d’égalité restera lettre morte.