Un modèle fortement administré
La Martinique présente une structure économique singulière au sein de l’espace français : l’économie y est largement portée par la dépense publique. Les fonctionnaires et agents du secteur public constituent une part structurellement élevée de la population active. Selon les dernières données disponibles (INSEE, DGAFP, IEDOM), ils représentent près de 38 % des emplois salariés, contre environ 23 % en France hexagonale.
Poids dans la masse salariale
La contribution du secteur public à la masse salariale totale est encore plus marquée : la fonction publique (État, territoriale et hospitalière) verse entre 40 et 45 % du revenu du travail distribué sur le territoire. Ce différentiel s’explique par des niveaux de rémunération moyens supérieurs à ceux du secteur privé local, souvent concentré dans des activités à faible valeur ajoutée (commerce, services, hôtellerie).
Effets macroéconomiques
Cette surreprésentation de la dépense publique engendre une dépendance structurelle de l’économie martiniquaise à la sphère étatique. Les revenus directs des agents publics (salaires, pensions) alimentent la majeure partie de la consommation intérieure. Les revenus indirects (prestations sociales, contrats publics, subventions, transferts CTM–communes) complètent ce flux. Au total, plus de la moitié des revenus des ménages martiniquais provient, directement ou indirectement, de fonds publics.
Une dépendance à double tranchant
Ce modèle garantit une stabilité relative des revenus en période de crise, mais il limite la capacité de croissance endogène. La faiblesse du tissu productif privé, conjuguée à la rigidité des dépenses publiques, empêche dans la pratique une diversification durable de l’économie. Ainsi, la Martinique demeure vulnérable à tout resserrement budgétaire de l’État ou à une baisse des transferts nationaux et européens.
Enjeux pour la décennie 2025–2035
Rééquilibrer la structure économique vers la production locale et l’investissement privé ; soutenir l’entrepreneuriat et l’emploi non salarié, qui ne représentent aujourd’hui qu’environ 16 % de la population active mais à peine 5 % du revenu total ; encourager une économie mixte, où la dépense publique devient un levier de développement productif et non un substitut à la création de valeur.
En résumé : En Martinique, environ 40 à 45 % du revenu total du travail provient du secteur public. Si l’on y ajoute les transferts sociaux et les retraites, plus de la moitié du revenu des ménages dépend directement de la dépense publique, donc de l’État Français.
Gérard Dorwling-Carter



