L’État a lancé une campagne locale contre visant à sensibiliser contre la circulation des armes. Elle vise aussi bien les détenteurs d’armes qu’elle cherche à toucher les personnes détentrices de renseignement.
« Refusons d’être complices par notre silence. Parler maintenant, c’est sauver demain. » Le ton est grave. Les images sombres. Le ton est donné par le spot de campagne contre la prolifération des armes à feu.
La préfecture se jette dans la bataille de la circulation des armes à feu en Martinique. On dénombre 30 homicides depuis le début de l’année dont 26 commis par arme à feu. Tout comme la lutte de trafic de stupéfiant, la lutte contre les armes à feu est une priorité de l’État. L’objectif pour les services de police et de gendarmerie est d’éliminer de la circulation un maximum d’armes à feu. En 2025, 231 armes à feu ont d’ailleurs été saisies. En 2024, le nombre d’armes saisies s’élevait à 180. Le préfet, Étienne Desplanques tire un constat alarmant : « La spécificité de ces dernières années, c’est que nous saisissons des armes qui sont récentes produites dans des états qui ne sont pas si éloignés de l’arc caribéen, beaucoup en provenance des États-Unis et d’Amérique latine notamment du Brésil. On le voit au travers des marques des armes. »
Une arrivée massive d’armes depuis la fin des années 2010
Il y a eu, à la fin des années 2010 et le début des années 2020, une véritable arrivée de ces armes en Martinique mais aussi sur l’ensemble des îles voisines. « Les détenteurs d’armes ne sont pas forcément des narco-trafiquants, des délinquants internationaux mais ce sont de plus en plus des délinquants locaux qui commettent des vols à main armée par exemple. » Étienne Desplanques affirme que le rôle de l’État est d’éviter que s’enclenche une réaction « qui serait immaîtrisable », que des personnes par crainte de la circulation des armes ne s’en équipent elles-mêmes.
Au-delà des actions de répression, la préfecture entend faire passer un message de prévention. C’est ainsi que pour la première fois, une campagne contre la circulation des armes à feu est menée.
Si on laisse faire, on risque d’atteindre les mêmes niveaux que dans les îles voisines
Les services de l’État avaient déjà mis sur pied des messages de préventions contre les violences routières et la consommation de stupéfiant. « Avoir une arme se termine par la mort ou la prison. De plus, on ne doit pas rester silencieux lorsque l’on a des informations sur la présence d’armes. Le silence c’est des vies sacrifiées pour l’avenir. Les services de police et de gendarmerie ont besoin de la coopération de tous », assure le préfet. L’idée par le biais de ces renseignements est de démanteler des filières d’approvisionnement et de revente des armes. Il poursuit : « Si on laisse faire le trafic d’armes on risque d’atteindre les mêmes niveaux que dans les îles voisines. Je ne peux pas l’accepter. »
Yann Le Bris, procureur de la République rappelle également du nombre important de tentatives d’homicide et de vols avec armes qui restent traumatisants pour les victimes. Il souligne cependant, la baisse significative des tentatives d’homicides avec armes depuis le début de l’année soit 30% en moins « ce qui montre que la situation n’est pas inexorablement compromise ». Le déferrement est systématique après les placements en garde à vue pour les détenteurs d’armes.
La campagne contre la prolifération des armes se décline en trois visuels. Elle est visible dans les espaces publiques en 4×3 ainsi que sur les réseaux sociaux.
Laurianne Nomel