La 17e édition de la Transat Café L’Or jettera l’ancre à Fort-de-France pour la troisième fois de son histoire. Une arrivée grandiose, portée par une organisation exemplaire, pilotée par l’association Martinique Transat. L’accueil de cet évènement au sein du village d’arrivée et de la marina éphémère qui accueille les plus beaux bateaux du monde fait intervenir de nombreux corps de métier et diverses compétences. Un véritable levier économique pour les entreprises locales. Le responsable de la commission nautique, Guy Augier de Moussac, nous révèle les coulisses d’une organisation millimétrée…
La passion martiniquaise à la mesure d’une course mythique
Partie du Havre, la course emblématique qui relie l’hexagone aux ports historiques du café célébrera à Fort-de-France l’arrivée de la plus grande flotte de son histoire. Quatre classes de bateaux – les Ultimes, les IMOCA, les Ocean Fifty et les Class40 – se partageront la ligne d’arrivée dans la magnifique baie martiniquaise, offrant un spectacle nautique à couper le souffle.
Pour la troisième fois consécutive, la Martinique aura l’honneur d’accueillir ce rendez-vous majeur, grâce à l’implication sans faille de l’association Martinique Transat. À la barre de cette organisation de grande ampleur : son Président, Damien de Longueville et Guy Augier de Moussac, le responsable de la commission nautique à l’arrivée. « Notre mission est claire, explique-t-il : accueillir cette course mythique dans les meilleures conditions de sécurité, de logistique et d’hospitalité. »
Trois axes majeurs pour une arrivée exemplaire
Au-delà de l’exploit sportif, l’organisation martiniquaise a choisi de donner du sens à l’événement en articulant son action autour de trois axes fondamentaux :
Le partage et la sensibilisation à la protection de l’environnement et de la biodiversité de la Martinique ;
La promotion de l’inclusion à travers la Transat, avec des actions de médiation et de valorisation des jeunes talents martiniquais ;
L’accueil de la Transat dans un village éco-responsable, pensé pour réduire l’empreinte écologique de la manifestation.
Ces valeurs guident toute la préparation d’une arrivée qui se veut aussi durable que spectaculaire.
Une infrastructure nautique éphémère de haute précision
L’un des défis majeurs de l’organisation repose sur la création d’une marina éphémère dans la baie de Fort-de-France. Spécialement conçue pour accueillir les bateaux de course, cette structure temporaire est montée en octobre et démontée à la fin du mois de novembre.
« Nous devons adapter les infrastructures existantes du terminal de croisière et du Malecon, explique Guy Augier de Moussac. C’est une prouesse technique : chaque ponton, chaque amarrage doit être pensé pour des bateaux d’exception. »
Cette marina temporaire mobilise des plongeurs professionnels, parfois de nuit, pour fixer les pontons flottants sous l’eau, et des entreprises locales spécialisées dans le montage, le transport et la logistique maritime. Au total, 17 conteneurs de matériel et plusieurs semi-remorques sont nécessaires pour acheminer l’ensemble des équipements.
Sécurité et logistique, au cœur du dispositif
La sécurité constitue le cœur de la mission de la commission nautique. Sur l’eau, une centaine de personnes veille au bon déroulement des arrivées, tandis qu’à terre près de 80 collaborateurs assurent la gestion du village et de l’accès aux pontons.
Des bateaux semi-rigides ultrarapides sont mobilisés pour assister la direction de course dans ses vérifications et intervenir en cas d’urgence. D’autres embarcations accueillent les médias, sponsors et photographes, afin d’immortaliser l’arrivée des skippers.
Pour sécuriser la zone, des yoles de pêche forment un véritable couloir maritime entre Le Diamant et la ligne d’arrivée, dissuadant les plaisanciers de s’approcher trop près. Les bateaux de la douane, de la gendarmerie maritime, de la SNSM et de la marine nationale complètent ce dispositif d’envergure.
« Les courses à la voile sont des sports mécaniques dangereux, rappelle Guy de Moussac. Si un bateau se retourne, il faut pouvoir intervenir immédiatement, parfois à plusieurs milles de la côte. Notre objectif est double : garantir une sécurité sans faille et offrir un accueil si chaleureux que les équipages n’auront qu’une envie, revenir. »
Un moteur économique majeur pour la Martinique
L’organisation de la Transat Café L’Or génère un impact économique considérable sur l’île. Autour de l’événement gravitent de nombreuses entreprises locales : transporteurs, restaurateurs, hôteliers, techniciens, prestataires de montage, plongeurs, sociétés de maintenance nautique, etc.
Environ 2 000 personnes venues de France métropolitaine doivent être hébergées, nourries et accompagnées. Les équipes techniques de chaque bateau arrivent avec leur propre matériel – parfois plusieurs conteneurs – rappelant l’organisation d’un grand prix automobile.
Guy de Moussac détaille, « Il y a de nombreuses entreprises autour de l’organisation, un régisseur fait intervenir les prestataires de montage des dispositifs, la Mairie de Fort de France, des sociétés de transport…Le transport est le poste le plus important en termes de budget puisque pour monter et démonter une marina éphémère il y a des volumes énormes de matériel à transporter. Il y a des entreprises qui travaillent au montage et démontage, des entreprises sur l’eau et sous l’eau, il y a des équipes de plongeurs qui travaillent sans relâche, sous l’eau pour fixer les pontons flottants, il y a également des plongeurs de nuit, car le temps est limité pour les manœuvres et nous devons travailler de nuit, cette entreprise vient de métropole, mais la majorité des entreprises sont locales. »
L’ensemble de cette opération est porté financièrement par l’association Martinique Transat, avec le soutien de partenaires privés tels que GBH, partenaire de la première heure, et ses filières, la BRED, Corsair, et des partenaires institutionnels comme le Comité Martiniquais du Tourisme qui assure le financement du naming officiel de la course et la Ville de Fort de France pour une partie du matériel logistique.
Un rayonnement nautique international pour la Martinique
Si la Transat Café L’Or met à l’honneur le café et les marins, elle fait aussi rayonner la Martinique sur la scène nautique mondiale. C’est grâce à Gilles Lamiré, skipper ayant longtemps vécu sur l’île, que la Martinique a pu candidater et démontrer son savoir-faire.
« Cette course là, compte parmi les trois plus grandes courses au monde, son accueil réussi à Fort de France démontre notre capacité à accueillir les grandes courses internationales », souligne Guy Augier de Moussac. « Nous voulons inscrire durablement la Martinique dans l’économie bleue. Nous possédons désormais les infrastructures, les compétences et la passion pour accueillir d’autres grandes courses. Cela apporte un rayonnement international pour la Martinique avec des médias du monde entier qui viennent parler de l’arrivée de la course et de la Martinique. »
Un tremplin pour les jeunes marins martiniquais
Parallèlement à l’organisation de l’arrivée, Martinique Transat se mobilise pour faire naître une nouvelle génération de coureurs. Un dispositif de parrainage entre skippers et jeunes talents locaux a été mis en place, permettant à ces derniers de s’inspirer, de se former et de rêver à leur tour d’aventure océanique. « Cela a vocation à faire naître des coureurs au large martiniquais, l’un des objectifs forts de Martinique Transat. »
Cette dynamique contribue à ancrer la Martinique dans la compétition nautique mondiale, en donnant aux jeunes des perspectives d’avenir dans la filière.
Après la course : un port vivant et une ambition renouvelée
Une fois la ligne d’arrivée franchie, les bateaux resteront amarrés à la marina éphémère, ouverte au public. Certains participeront aux grandes régates caribéennes, tandis que d’autres repartiront en convoyage vers l’Hexagone.
Pour Martinique Transat, chaque édition a été une opportunité d’apprendre, d’innover et d’améliorer l’accueil des skippers. « Notre ambition, est simple, conclut Guy de Moussac, que tous repartent avec l’envie de revenir, ce qui a été le cas pour les précédentes éditions.»
Fort-de-France, une capitale du grand large
Spectacle maritime, prouesse logistique et aventure humaine : l’arrivée de la Transat Café L’Or incarne tout cela à la fois. Elle consacre la Martinique non seulement comme terre d’accueil d’exception, mais aussi comme acteur majeur du développement nautique durable international.
Nathalie Laulé



