Par la rédaction
Dans une économie mondialisée, la question de la compétitivité de la Martinique se pose avec acuité. Les coûts de production élevés, l’éloignement géographique et la dépendance aux importations limitent la capacité du territoire à rivaliser sur les marchés de masse. Pourtant, la théorie de l’avantage comparatif, formulée par David Ricardo au XIXᵉ siècle, rappelle qu’un pays – ou un territoire – peut tirer profit du commerce international en se spécialisant dans les secteurs où il est relativement le moins désavantagé.
Une spécialisation autour de produits et services uniques
La Martinique n’a pas vocation à concurrencer les économies à bas coûts. En revanche, elle dispose de secteurs différenciés qui lui permettent de se distinguer :
Des produits agricoles à forte valeur ajoutée : rhum AOC, banane IGP, cacao fin, vanille et épices. Ces productions, adossées à un savoir-faire local et à une reconnaissance internationale, sont difficilement reproductibles ailleurs, notamment dans l’espace européen.
Un tourisme haut de gamme et identitaire : la Martinique ne peut rivaliser en prix avec la République dominicaine ou Sainte-Lucie, mais peut se positionner sur un tourisme de qualité, culturel et mémoriel, mettant en avant son patrimoine naturel et historique, et bénéficiant de normes sanitaires européennes.
– La banane IGP Guadeloupe & Martinique
Depuis 2010, la « Banane de Guadeloupe & Martinique » bénéficie d’une Indication Géographique Protégée.
- Origine garantie : production exclusive dans les Antilles françaises.
- Qualité contrôlée : respect d’un cahier des charges exigeant (traçabilité, pratiques culturales raisonnées, récolte à maturité optimale).
- Valeur ajoutée : positionnement différencié sur le marché européen face aux bananes concurrentes d’Amérique latine ou d’Afrique.
Cette IGP permet de maintenir une filière bananière compétitive malgré des coûts de production supérieurs à la moyenne mondiale.
Un positionnement géographique stratégique
Située au carrefour de l’Europe, des Amériques et de la Caraïbe, la Martinique pourrait renforcer son rôle de plateforme logistique régionale. Ses infrastructures portuaires et aéroportuaires permettent un positionnement de niche dans le transbordement spécialisé (conteneurs réfrigérés, produits à haute valeur ajoutée) et les liaisons aériennes régionales.
L’économie verte: un levier d’avenir
L’archipel caraïbe bénéficie de ressources naturelles favorables au développement des énergies renouvelables : solaire, éolien, énergie thermique des mers ou biomasse. Ces secteurs, encore expérimentaux, pourraient constituer un savoir-faire exportable vers d’autres îles tropicales confrontées aux mêmes défis énergétiques.
Culture et identité comme actifs économiques
La richesse culturelle martiniquaise – musique, gastronomie, littérature, mode – représente un atout immatériel mais stratégique. En valorisant cette identité à travers des produits et services créatifs, la Martinique peut se positionner sur un marché mondial de niche.
Un avantage comparatif par la qualité
L’avantage comparatif de la Martinique ne repose pas sur le volume ni sur la compétitivité prix, mais sur la qualité, l’authenticité et la différenciation. Cette stratégie exige des investissements ciblés, une montée en gamme des filières et une coordination étroite entre acteurs publics et privés.