Dans un contexte d’incertitude national politique, pas de gouvernement, pas de Premier ministre ni de vote du budget en vue, le congrès des élus a débuté ce mercredi matin. Cette matinée pas de travaux en vue mais des allocutions où malgré les différentes couleurs politiques, la teneur des discours retrouve un tronc commun.
Des couleurs politiques différentes mais des thématiques convergentes. Travaillons ensemble dit Jean-Claude Duverger, président de l’Assemblée de Martinique dans son propos introductif. Outre les élus, les syndicats étaient aussi présents. Il souligne avec contentement que même les membres de l’opposition ont participé à la commission ad hoc.
Le mot d’ordre ce mercredi matin était consensus. Un mot que l’on retrouve sur toutes les lèvres. Consensus encore pour Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM dans sa longue allocution a tenu à citer tout un chacun, adhérents, opposition et parlementaires. Y compris « nos aînés » en la personne d’Alfred Marie-Jeanne et la Guadeloupéenne, Lucette Michaux-Chevry avec la convention de Morne-Rouge. Le président du conseil exécutif de la CTM a souligné le parcours des velléités martiniquaises d’avantage d’autonomie. « Le conservatisme français qui étrangle le peuple. » Il revendique le droit à l’initiative locale. Il assène : « Une compétence sans pouvoir normatif n’a pas de sens. Nous ne sommes que des exécutants. »
Une réforme constitutionnelle pour la Martinique
Ce dernier déplore le manque de compétences dans l’éducation si ce n’est que de s’occuper de l’enseignement du créole. Dans le transport ni l’eau non plus. Il fait valoir une autorité unique de l’eau « pou nou pa ni la dgè dlo. L’initiative n’appartient pas qu’à Paris ».
Sur 91 élus, 67 sont présents. Un signal fort pour Serge Letchimy. Il espère que ce congrès permettra une réforme constitutionnelle en marche pour la Martinique. « Nous aurons besoin de toutes les forces de l’Assemblée de Martinique », cite-t-il dans un discours qu’il veut rassembleur conduisant à un accord au courant du mois de janvier comme pour la Corse et la Nouvelle-Calédonie. Un accord discuté avec le peuple pour informer la population. Il faut passer par une réforme de la constitution. Souhaite avancer malgré l’absence de gouvernement en France, instabilité politique. Ce que je demande c’est une Martinique plus autonome pour demain.
Daniel Marie-Sainte, chef de file du Gran Samblé évoque, lui, la complexité et la précarité croissante en Martinique : extension du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté, échouage de sargasses, chlordécone ou encore vie chère. « Une nouvelle étape doit être franchie. Cela représente un défi pour tous ceux qui ont à cœur de voir avancer notre société. Il est nécessaire aujourd’hui au-delà des compétences actuelles, modifier les textes pour faire des règles nouvelles. »
Jean-Philippe Nilor, député, s’est interrogé avec ironie : « À quoi bon donner tant de pouvoir alors que la gestion de l’eau et la gestion des déchets sont une cacophonie ? Le peuple vit une forme de souffrance. » Il poursuit : « Les meilleurs spécialistes des affaires Martiniquaises sont Martiniquais. Nous sommes les meilleurs spécialistes de nous-mêmes. Nous ne devons pas ne souffrir de la conjecture. » Il estime que la Martinique pourrait devenir un pont entre l’Europe et la Caraïbe au lieu de ne rester qu’une vitrine. Le parlementaire veut profiter d’une fenêtre qui s’ouvre pour la Nouvelle-Calédonie et pour la Corse pour pousser la réforme statutaire du territoire. « Nous n’avons plus le temps d’attendre. »
Catherine Conconne, sénatrice s’émeut également du manque de prérogatives dont dispose la CTM sur les programmes scolaires notamment. « Le système craque de toute part » y compris au niveau national. « Une révolution est en marche. Pour nous permettre de rentrer plus en responsabilité. Il est important qu’on puisse se réunir dans la sérénité pour discuter de l’avenir de notre pays. »
Une voix dissone parmi les élus, celle de Francis Carole dont l’enthousiasme pour cette session de ce mercredi et jeudi ne déborde pas. L’élu attend un congrès de rupture mais ne compte pas sur véritable aboutissement.
Laurianne Nomel