Par : Alexander Britell –
Il y a un siècle et demi, il y avait une distillerie de rhum ici. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un souvenir de canne à sucre, à deux pas de la plage, sur la côte est de la Martinique. Mais le rhum est toujours présent ici, à plus d’un titre.
La famille Hardy fabrique du rhum sous une forme ou une autre depuis plus de cinq générations, et bien que l’alambic ne soit qu’un artefact, le champ de canne à sucre à l’arrière est toujours luxuriant et ondulant, et la boutique est remplie d’une gamme d’expressions blanches et bien vieillies de très bon rhum agricole de la Martinique.
C’est un témoignage de la puissance de la famille, de la passion, de l’histoire durable de l’exportation la plus célèbre de la Martinique, d’un héritage que Jean-Pascal Hardy préserve aujourd’hui.

Mais il y a autre chose sur le domaine Hardy qui vous attirera ici : l’un des bars sur le toit les plus cool que vous verrez jamais, situé dans la petite ville balnéaire discrète de Tartane, un endroit surtout connu pour ses spots de surf.
Montez un escalier à travers les ruines de l’ancienne distillerie et vous voilà au Rooftop at Hardy : une vaste plateforme agrémentée de tables, de lampes et de chaises, avec une vue imprenable sur la côte atlantique de cette île des Caraïbes fascinante. La formule est simple : le rhum vient de la boutique du rez-de-chaussée, accompagné d’une délicieuse carte de tapas et de délicieuses rillettes(j’ai adoré la tahitienne accompagnée de crackers parfaitement croustillants).

Vous pouvez le prendre comme bon vous semble : pur (pour cela, c’est le XO) ; dans un ti’ punch, la boisson nationale de l’île ; ou dans un cocktail comme le délicieux « Jack Sparrow ».
J’ai goûté ce que j’ai appelé le ti’ paille — un ti’ punch (rhum, sucre et citron vert, pour les non-initiés) préparé non pas avec du rhum blanc, mais avec le rhum paille unique et légèrement vieilli de Hardy . C’était spectaculaire.
Il n’y a pas de musique ici ; juste la brise et les vagues ; pas de télévision ; juste les cayes à proximité.
C’est un de ces lieux magiques instantanés ; là où l’alambic s’est arrêté il y a 150 ans, le temps s’arrête un instant, ou quelques gorgées. D’abord, il y a le magnifique coucher de soleil ; puis, au crépuscule, les lampes sur les tables s’allument et la lumière prend une autre teinte.

En Martinique, on voit un autre type de créativité : une passion, une énergie qui peut transformer ce que certains considèrent comme une relique jetable en quelque chose avec une nouvelle vie, où l’on peut transformer une ancienne distillerie de rhum en quelque chose que l’on n’aurait jamais imaginé.
Un endroit comme celui-ci ne pouvait se trouver qu’en Martinique.
Tout le monde regarde droit devant lui, contemplant le spectre bleu de la Martinique, le clapotis des vagues, levant son verre. Tout cela paraît surréaliste, comme si l’on pénétrait par l’arrière d’un tableau.