Le ministre de l’Économie et des Finances, Sébastien Lecornu, a confirmé hier qu’il envisageait de créer une taxe sur le patrimoine financier, une mesure destinée à renforcer les recettes publiques dans un contexte de rigueur budgétaire.
Cette annonce survient alors que la France doit trouver près de 40 milliards d’euros pour respecter sa trajectoire de réduction du déficit et convaincre Bruxelles de la crédibilité de son plan. Après la suppression de l’ISF en 2018 et sa transformation en impôt sur la fortune immobilière (IFI), le retour d’un prélèvement sur les actifs financiers constituerait un tournant politique majeur.
Un impôt ciblé sur les actifs financiers
La taxe proposée viserait les placements financiers des ménages les plus aisés : actions, obligations, assurances-vie et autres instruments financiers. Contrairement à l’IFI, elle exclurait la résidence principale et les biens immobiliers, concentrant l’effort sur le capital financier.
Lecornu a justifié cette orientation en affirmant que « la contribution au redressement doit être équitablement répartie, et il n’est pas acceptable que la seule richesse immobilière soit taxée tandis que les capitaux financiers échappent à toute solidarité ».
Une alternative à la « taxe Zucman »
Cette initiative s’inscrit dans un débat fiscal mondial marqué par la proposition de l’économiste Gabriel Zucman d’instaurer un impôt minimum de 2 % sur les milliardaires au niveau international.
Mais alors que la « taxe Zucman » suppose un accord global, la taxe sur le patrimoine financier serait une mesure strictement nationale, plus rapide à mettre en œuvre.
Un débat politique explosif
À droite, plusieurs responsables dénoncent une « résurrection de l’ISF » qui risquerait de faire fuir les capitaux et de pénaliser l’investissement. À gauche, en revanche, l’annonce est saluée comme un pas vers une justice fiscale après sept années de cadeaux aux plus riches.
Les associations d’épargnants expriment déjà leurs inquiétudes, redoutant une baisse de l’attractivité des placements français. Mais pour le gouvernement, l’urgence budgétaire prime : la taxe pourrait rapporter entre 5 et 8 milliards d’euros par an, selon les premières estimations du Trésor.
Une mise en œuvre dès 2026 ?
Sébastien Lecornu a indiqué que la mesure pourrait figurer dans le projet de loi de finances 2026, actuellement en préparation. Elle s’accompagnerait d’une réforme des niches fiscales et d’un nouveau plan de lutte contre l’évasion.
Pour le ministre, « il s’agit d’un effort temporaire mais nécessaire, afin de restaurer la confiance dans nos finances publiques et d’éviter de faire peser l’essentiel de l’ajustement sur les classes moyennes ».
Jean-Paul BLOIS