Acrobate intellectuel, Bernard Édouard compte plusieurs cordes à son arc. Le secrétaire général du groupe Parfait publie son premier essai, L’Écriture et le geste. Un grand écart entre l’économie, son domaine professionnel et l’écriture, son violon d’Ingres.
En quelques centaines de pages Bernard Édouard se raconte. Dans son livre, L’Écriture et le geste, l’écrivain se livre pour la première fois. Comme le titre l’indique, il met en relation l’écriture et le geste. « Je suis convaincu de la même manière que l’écriture a une orthographe que le geste a une orthographie. » À travers son enfance, il évoque sa mère qui tenait un commerce de quartier à Rivière-Salée. Avec son premier livre, Bernard Édouard tient l’occasion de développer l’amour qu’il nourrit pour la philosophie marquée par Descartes. « Je n’ai pas douté pendant l’écriture de ce livre parce que j’étais en réflexion. » Il précise qu’il y a une mémoire du geste. « Le pianiste derrière son piano a une écriture. Il en va de même pour le bassiste. J’ai voulu montrer avec des exemples qu’il y a une orthographie du geste. » Pour illustrer son propos, il cite la pièce de théâtre et ses comédiens. « On regarde les gestes des comédiens. Le public lit les gestes des acteurs avant la prise de parole. Ceci est un exemple d’orthographie. »

Bernard Édouard ancre L’Écriture et le geste dans la culture créole mais pas seulement. « Quel que soit le pays au monde, on a des gestes. C’est la raison pour laquelle j’ai traduit mon livre en anglais. C’est très sentimental ce que j’ai écrit. Il y a un ressenti personnel. Et j’ai voulu traduire ce ressenti en anglais, la langue la plus parlée au monde. » Bernard Édouard se joue des cases. Dans son essai, surgissent des extraits romancés. L’écrivain parle de son enfance, de son pays et des gestes qui ont marqué son histoire. « J’y évoque un geste épidermique. Alfred Marie-Jeanne avait déchiré le rapport Lise-Tamaya. »
Une suite déjà prévue
Bernard Édouard n’oppose pas le geste et l’écriture. « Pour moi, le geste est dans la montagne car il est doté d’une orogenèse comme la montagne et le geste construit sa mécanique de communication. L’écriture est dans la vallée. Elle n’a pas de chute si on respecte la grammaire et l’orthographe ou encore la syntaxe. » Bien que n’apparaissant pas dans le titre, le silence est une notion centrale de L’Écriture et le geste. Pour l’écrivain, poursuivant sa métaphore filée, le silence est dans le sentier. « Quand on prend un sentier en sortant de la vallée, on est ébloui par le silence. » Il s’appuie sur le rocher du Diamant. « C’est un monolithe que l’on voit mais il y a un silence criant. J’ai l’impression que la montagne nous guide vers un message. » Bernard Édouard explique que sans silence, le geste ne peut pas communiquer.
Celui qui se décrit comme n’étant pas un écrivain de nature destine son ouvrage à tout un chacun. Il a déjà en tête le livre qui suivra L’Écriture et le geste. Il s’agira d’un roman philosophique qui paraîtra en 2027. « J’ai toujours écrit sans avoir publié. J’ai écrit beaucoup quand j’étais étudiant. C’est de là que ma passion pour l’écriture m’est venue. » Si L’Écriture et le geste est une plongée philosophique dans l’intime, sa suite sera une ode au silence placé au centre de l’écriture et du geste.
Laurianne Nomel



