L’ouragan Melissa, le plus puissant jamais enregistré en Jamaïque, a ravagé l’île avec des rafales atteignant 300 km/h. Face à ces dévastations inimaginables, les experts mettent en garde : la Guadeloupe et la Martinique ne seront pas épargnées. Mais dans ce contexte de vulnérabilité climatique, certains élus guadeloupéens prônent une autonomie institutionnelle. Une tentation politique risquée, alors que la France elle-même peine à assumer ses propres déséquilibres budgétaires.
Ouragan Melissa : l’avertissement jamaïcain qui résonne jusqu’aux Antilles
L’ouragan le plus violent jamais enregistré en Jamaïque rappelle combien la Caraïbe entre dans une ère d’incertitude climatique totale. Les experts préviennent : la Guadeloupe et la Martinique seront tôt ou tard confrontées à des phénomènes similaires. Les images de désolation, les villes englouties, les infrastructures anéanties témoignent de la violence des dérèglements en cours.
Une vision politique à courte vue : l’autonomie dans la tempête
Alors que certains élus guadeloupéens prônent une évolution statutaire vers l’article 74, la conjoncture nationale et internationale rend cette perspective périlleuse. Dans une France en crise budgétaire et morale, revendiquer plus d’autonomie pourrait se traduire par moins de moyens et plus de vulnérabilité.
Une France fragilisée, un État moins protecteur
Avec une dette publique dépassant 3 400 milliards d’euros et des dépenses à 57 % du PIB, la France peine à maintenir ses engagements territoriaux. L’émergence du Rassemblement national, la polarisation sociale et la rigueur européenne annoncent un recentrage budgétaire dont les outre-mer feront inévitablement les frais.
L’illusion d’une autonomie sans base économique
La Guadeloupe vit encore à 80 % des transferts publics venus de l’Hexagone. Eau, santé, retraites, catastrophes naturelles : aucune de ces charges ne pourrait être assumée par un budget insulaire autonome. L’exemple de la Nouvelle-Calédonie, en cessation de paiement malgré son autonomie, illustre ce risque majeur.
Des recettes fiscales en sursis et une économie en panne
Octroi de mer menacé par Bruxelles, fiscalité sur les carburants condamnée par la transition énergétique, agriculture et BTP en crise… L’autonomie budgétaire serait un saut dans le vide pour une économie dépendante et peu diversifiée.
Le changement climatique : menace existentielle pour la Caraïbe
Montée des eaux, cyclones intensifiés, raréfaction de l’eau potable : les Antilles françaises sont désormais en première ligne. Un ouragan de type Melissa coûterait plusieurs milliards d’euros ; sans soutien national, aucun territoire n’aurait les moyens de se relever.
Une dépendance vitale à la solidarité nationale et européenne
Les aides d’urgence, la reconstruction post-catastrophe, la réassurance publique : tout repose sur la puissance financière de l’État. Rompre ce lien par une autonomie mal préparée, c’est renoncer à ce bouclier collectif face aux désastres climatiques et économiques.
Entre mirage politique et risque social
Sans un État fort pour amortir les chocs, l’autonomie se transformerait en fracture sociale : explosion des inégalités, faillites d’entreprises, effondrement des services publics. Le rêve d’indépendance budgétaire deviendrait le cauchemar d’une insécurité totale.
Pour un projet de refondation, pas de rupture
Plutôt qu’une aventure institutionnelle, la Guadeloupe et la Martinique ont besoin d’un projet collectif fondé sur la diversification économique, la formation, la culture, l’innovation climatique et la solidarité républicaine.
Un ‘article 73 renforcé’ avec pouvoir normatif paraît bien plus réaliste qu’un basculement vers l’article 74.
Le courage de la lucidité
L’heure n’est pas aux slogans, mais à la responsabilité. Refonder sans rompre, innover sans se couper, résister sans se replier : voilà la véritable voie de l’émancipation. L’autonomie, dans le contexte actuel, serait une aventure périlleuse aux conséquences irréversibles.
« Danmjanm toutouni pa kay an priyè a wòch-galèt »
(La Dame-Jeanne nue ne va pas à la prière des galets.)Jean-Marie Nol, économiste et juriste en droit public
 
		

 
									 
					
