22 juillet 2025
Malgré les annonces rassurantes de l’exécutif, le projet de loi de finances 2025 pourrait bien avoir un effet dévastateur sur les collectivités locales. Alors que le gouvernement évalue à 2,2 milliards d’euros l’effort demandé aux territoires, l’association France urbaine alerte sur un impact réel plus de deux fois supérieur, atteignant 5,7 milliards d’euros, voire davantage. Une alerte qui fait écho aux estimations encore plus sévères du Comité des finances locales (CFL), qui chiffre la ponction à 7,4 milliards d’euros.
Une addition bien plus lourde que prévu
Selon l’étude publiée le 21 juillet par France urbaine, le budget 2025 cache des mécanismes de réduction budgétaire largement sous-évalués par les services de Bercy. Parmi les postes identifiés :
– 1,5 milliard d’euros de gel des fractions de TVA redistribuées aux collectivités1,4 milliard d’euros liés à la hausse des cotisations employeurs à la CNRACL (caisse de retraite des fonctionnaires territoriaux)
-1,35 milliard d’euros de coupes dans le fonds vert, outil de financement de la transition écologique, – 1 milliard de prélèvements via le dispositif Dilico (mécanisme de lissage des recettes), – Et 487 millions d’euros de réduction des « variables d’ajustement ».
France urbaine avertit que ce chiffrage est probablement en deçà de la réalité, car il n’intègre pas les gels et annulations de crédits potentiellement décidés dans le courant de l’année.
Un risque sur l’investissement public local
Dans un contexte où l’investissement des collectivités représente 70 % de l’investissement public civil, cette ponction massive pourrait entraîner des conséquences en chaîne : reports de chantiers, gel de projets structurants, affaiblissement des capacités d’action locales.
Les plus exposés seraient les grandes villes et les intercommunalités, déjà fortement sollicitées pour les politiques publiques de proximité (mobilité, logement, action sociale). France urbaine dénonce un effet de ciseaux budgétaire : alors que les dépenses explosent sous l’effet de l’inflation et de la transition écologique, les recettes stagnent ou diminuent sous contrainte étatique.
Une logique budgétaire jugée brutale
Cette mise sous pression ne fait pas l’unanimité. Le Comité des finances locales, présidé par le maire PS d’Issoudun, André Laignel, parle d’un « mensonge d’État » et estime que la trajectoire financière imposée est insoutenable à moyen terme pour de nombreuses collectivités. Il rappelle que le gouvernement a renoncé à toute forme de contractualisation et agit désormais par décrets et circulaires, contournant les mécanismes de dialogue.
« Une telle ponction aura forcément des conséquences sur les services publics locaux et sur la cohésion des territoires », prévient Laignel. Les élus départementaux, déjà en alerte sur les dépenses sociales obligatoires, redoutent d’avoir à choisir entre l’aide aux personnes âgées et celle aux personnes handicapées.
Vers une année 2026 encore plus austère ?
France urbaine s’inquiète d’une réitération en 2026 de cette logique d’économie « par le haut », qui pourrait se traduire par une ponction encore plus importante. Le Premier ministre François Bayrou a d’ailleurs prévenu que « tout le monde devra participer à l’effort de redressement », alors que l’objectif est de ramener le déficit public à 4,6 % du PIB dès l’an prochain.
Dans ce contexte, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger un pacte financier clair et équitable entre l’État et les collectivités. Faute de quoi, la capacité des maires, présidents de départements et régions à agir de manière autonome risque de se réduire comme peau de chagrin.
Ce que dit France urbaine
« L’État communique sur une contribution des collectivités à hauteur de 2,2 milliards d’euros. Mais notre analyse démontre que la facture est en réalité bien plus lourde. Ce décalage alimente la défiance et fragilise la confiance nécessaire à un véritable partenariat entre État et territoires. »
Gdc



