Des dirigeants régionaux et des universitaires se sont réunis lors d’un récent Forum des vice-chanceliers organisé par l’Université des Antilles (UWI) afin de discuter des enjeux cruciaux liés à la libre circulation, au marché et à l’économie uniques de la CARICOM (CSME) et au projet plus large de régionalisation des Caraïbes. Cette rencontre, qui s’est tenue le 21 octobre, visait, selon un communiqué de presse, à renforcer l’unité stratégique des nations caribéennes face aux défis actuels.
Lors du forum, le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, l’honorable Dr Ralph Gonsalves, a insisté sur la nécessité d’une intégration régionale plus poussée. Ancien élève de l’Université des Antilles (UWI), il a souligné l’importance de la pleine mise en œuvre des politiques de libre circulation, prévenant que tout retard ou réserve de la part des États membres pourrait compromettre le développement collectif. M. Gonsalves a exhorté les pays caribéens à relever les défis démographiques et économiques grâce à une planification proactive, soulignant que la résolution des problèmes communs est essentielle à la croissance.
L’Université des Antilles (UWI) rapporte qu’il a souligné plusieurs problèmes urgents menaçant la cohésion régionale, notamment la baisse des taux de fécondité et le vieillissement de la population, qui mettent en péril la pérennité de la main-d’œuvre. Il a également plaidé pour une plus grande souplesse dans la libre circulation des personnes, compte tenu des profils démographiques spécifiques à chaque État insulaire. Par ailleurs, il a fait part de ses préoccupations concernant les barrières commerciales créées par les fluctuations des taux de change, les disparités des coûts énergétiques qui affectent la coopération régionale et la nécessité d’accroître le financement du Fonds de développement de la CARICOM. Parmi les autres domaines nécessitant une attention particulière figurent la gestion de l’espace aérien, l’harmonisation des stratégies de politique étrangère et la gestion des enjeux géopolitiques.
Le forum, placé sous le thème « Promesses, passeports et perspectives : libre circulation, CSME et régionalisation caribéenne », a réuni un panel d’experts de divers horizons, composé de diplomates, d’universitaires et de décideurs politiques, ainsi qu’un public attentif. Diffusé en direct sur le site web et la page Facebook de UWItv, l’événement a relancé les discussions sur les progrès et les obstacles rencontrés par les efforts d’intégration de la CARICOM, plus de cinquante ans après la signature du traité de Chaguaramas, selon le compte rendu.
Le texte précisait ensuite que le vice-chancelier de l’UWI, le professeur Sir Hilary Beckles, avait ouvert l’événement en soulignant que l’intégration régionale dépassait le simple cadre bureaucratique : il s’agissait d’une nécessité morale et historique, ancrée dans le destin commun des peuples caribéens. « Nous avons accompli des progrès considérables, cela ne fait aucun doute, mais des forces contradictoires et des obstacles internes, dont beaucoup proviennent de l’extérieur de la région, persistent et continuent de nous diviser, de nous enfermer dans une concurrence interne et de nous priver d’une vision commune. »
Le professeur Canute Thompson, vice-recteur adjoint aux études de premier cycle, a présidé le forum et a réfléchi au rôle du traité dans l’unification régionale, à l’occasion de son 50e anniversaire. Sa question centrale était : « Avons-nous tenu ces promesses ? »
L’événement a été marqué par les présentations de personnalités régionales de premier plan, notamment le Dr Anthony Gafoor, président de la Commission d’appel des impôts de Trinité-et-Tobago ; Indira Rampersad, directrice du département de sciences politiques de l’Université des Antilles (campus de St. Augustine) ; Son Excellence l’Ambassadeur Anthony Hylton, expert en politique commerciale et avocat ; et Delroy Beckford, avocat spécialisé en commerce international et en droit de la concurrence et chargé de cours à l’Université des Antilles (campus de Mona). Leurs discussions visaient à évaluer l’état actuel des efforts d’intégration régionale, à identifier les facteurs favorisant ou entravant les progrès et à explorer les pistes d’avenir.
Selon le communiqué, la Dre Rampersad a présenté un aperçu des données relatives à la mobilité au sein de la CSME, soulignant les lacunes en matière de collecte et d’harmonisation des données régionales. Elle a expliqué que des statistiques obsolètes et incohérentes entravent l’efficacité des politiques publiques et masquent l’ampleur réelle de la mobilité de la main-d’œuvre dans les Caraïbes.
L’ambassadeur Hylton a souligné que les cadres juridiques sous-tendant le CSME sont déjà en place, mais nécessitent une application rigoureuse et une validation judiciaire, notamment par la Cour de justice des Caraïbes (CCJ). Il a fait référence à l’arrêt Shanique Myrie, qui a confirmé le droit des ressortissants de la CARICOM à la libre circulation, et a encouragé un recours accru à l’article 222, permettant aux particuliers et aux entreprises de saisir la CCJ.
Enfin, le Dr Beckford a présenté une perspective juridique et économique, plaidant pour l’alignement des lois nationales sur les obligations des traités régionaux et mettant en garde contre les efforts d’intégration superficiels qui manquent de profondeur et d’engagement.



