Publié le 3 mars 2025, l’article d’André Larané sur Herodote.net propose une analyse sévère de la guerre en Ukraine et de ses répercussions pour l’Europe.
Une guerre interminable
La guerre en Ukraine dure désormais presque aussi longtemps que la Première Guerre mondiale. Si elle est moins meurtrière, ses conséquences apparaissent tout aussi lourdes : ruine de l’Ukraine, marginalisation de la Russie, soumission de l’Europe aux États-Unis.
Larané rappelle que, comme en 1914-1918, le conflit se caractérise par un front figé sur près de 1 000 kilomètres et par des tranchées, avec cette fois l’ajout des drones. Selon lui, les dirigeants européens aspirent à l’effondrement et à l’humiliation de la Russie, répétant qu’il ne saurait y avoir de compromis avec Moscou.
L’oubli de la diplomatie
L’auteur souligne qu’au début du conflit, des négociations de paix avaient été engagées à Istanbul en mars 2022, mais qu’elles furent rapidement sabotées par Londres et Washington.
Pour Larané, seule une paix de compromis est réaliste. Il rappelle qu’autrefois, les conflits européens se concluaient par des congrès de paix équilibrés, comme après la guerre de Trente Ans ou les guerres de Succession. Cette tradition aurait disparu après 1918, remplacée par l’idée de guerre totale et d’humiliation de l’adversaire.
Les illusions européennes
Alors que l’armée russe progresse lentement dans le Donbass, les dirigeants européens persistent dans une logique de guerre « à outrance », selon l’auteur. À ses yeux, ils réclament des conditions irréalistes : cessez-le-feu préalable, restitution des territoires annexés et garanties de sécurité équivalant à une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN.
Or, poursuit-il, ces exigences reviendraient à demander une capitulation inacceptable pour Moscou. Larané rappelle que les armées européennes manquent de moyens et d’expérience, et que seule l’armée française dispose encore d’une certaine capacité opérationnelle.
Une Union européenne fragilisée
Selon l’analyse, l’Ukraine risque d’être contrainte à un compromis dicté par Moscou et Washington, tandis que l’Union européenne, divisée et dépendante, se retrouverait déclassée sur les plans économique et diplomatique. L’Europe, conclut Larané, pourrait n’être maintenue que comme un instrument de tutelle américaine, à l’image de la survie artificielle de l’empereur moghol sous domination britannique jusqu’en 1857.
JPB