Sargasses, chlordécone, pauvreté, chômage, exode des jeunes, vieillissement accéléré. La Martinique suffoque. Personne ne peut nier cette réalité. Personne, sauf ceux qui préfèrent défendre le statu quo en comparant notre sort à celui de micro-États voisins, qui afficheraient un PIB plus faible. Mais cette comparaison est un leurre.
Les transferts ne suffisent plus
Depuis trop longtemps, l’État – avec l’acceptation des Martiniquais- a choisi le confort des allocations et des aides massives plutôt que l’audace du développement. Ces transferts ont certes amorti les chocs. Mais ils ont détruit la dynamique collective. Ils ont fabriqué une dépendance. Ils ont affaibli l’amour de l’effort, le goût de la création, la fierté de se réaliser par le travail. Et tout les Martiniquais ont suivi ce schéma désastreux…
Aujourd’hui, tout a augmenté : alimentation, électricité, logement, transport. Les aides stagnent. Elles ne suffisent plus. Le modèle d’assistance est à bout de souffle.
Les Consultations de la population ont parlé
Soyons clairs : à chaque fois que la population a été consultée par votation , la réponse a été nette. Refus de l’évolution statutaire. Refus de toute rupture, même encadrée par la Constitution avec la France. Alors, inutile de s’arc-bouter sur l’inimaginable. Inutile d’agiter le spectre des représailles françaises, pour penser notre avenir
La voie est ailleurs : dans l’action, ici et maintenant.
Le Congrès, une chance à saisir
Le 25 septembre, les élus martiniquais se réuniront en Congrès. Déjà, les vieilles peurs ressurgissent. Déjà, on parle d’“aventures”, de “danger”, de “séparatisme”. Mais la peur est un piège. Le statu quo est un suicide.
Faisons de ce Congrès non pas un théâtre de postures, mais un lieu de solutions. Mettons autour de la table les élus, les forces économiques, le gouvernement français. Posons un agenda clair. Prenons les problèmes un par un : emploi, pauvreté, alimentation, santé, environnement. Et réglons-les, un par un.
Le mur du mépris
Mais soyons francs : si rien n’avance, c’est aussi parce que nous vivons derrière un mur invisible. Le mur de l’ignorance de l’autre, sinon du mépris.
Côté économique, certains entrepreneurs parlent aux élus comme à des bricoleurs maladroits. Dans leurs cercles privés, ils raillent « l’amateurisme » des assemblées et se moquent d’un territoire qu’ils jugent ingérable. Ils oublient qu’ils vivent, investissent et prospèrent ici.
Côté politique, trop d’élus continuent à brandir les vieux clichés : « classe dominante », « patrons profiteurs », « oligarchie béké ». Plutôt que de dialoguer, ils préfèrent dénoncer et ressasser les horreurs de notre histoire …
Résultat : les investissements reculent, les entreprises se replient et la population trinque.
Cette guerre froide entre élus et patrons est un poison. Elle bloque l’avenir. Tant que les uns traiteront les autres comme des incapables, et que les autres répondront en les caricaturant, aucun projet sérieux ne pourra voir le jour.
Briser le mur, maintenant
Il est temps de dire stop. Stop au mépris réciproque. Stop aux postures de suffisance. Ni les élus ni les patrons ne sauveront seuls la Martinique. Ce pays a besoin d’une alliance lucide, exigeante, tournée vers l’intérêt général.
Le Congrès du 25 septembre peut être une étape décisive. Mais à une condition : que nous” brisions ce mur du mépris. Que nous acceptions, enfin, de nous regarder comme des partenaires — et non comme des ennemis.
La Martinique n’a pas besoin de spectres ni de slogans. Elle a besoin d’air, de confiance et de courage. Elle a besoin d’un pacte. Elle a besoin que nous osions agir ensemble.
Il n’y a pas de honte à aimer son pays et eux qui l’habitent .
Tous ceux qui l’habitent !
Gérard Dorwling-Carter