Une dynamique en panne
En 2024, la Martinique n’a pas retrouvé sa trajectoire de reprise économique espérée après la crise sanitaire. L’indicateur du climat des affaires (ICA) est en nette baisse, traduisant un recul de l’activité et une perte de confiance chez les chefs d’entreprise.
Les mouvements sociaux liés à la vie chère, en particulier en fin d’année, ont amplifié cette tendance dépressive. Dans ce contexte, l’investissement privé reste frileux, et la consommation des ménages montre des signes d’essoufflement.
Inflation : accalmie fragile, prix toujours élevés
L’inflation ralentit, s’établissant à +1,6 % en fin d’année 2024, contre +2,6 % un an plus tôt. Toutefois, les prix de l’alimentation et de l’énergie continuent de peser lourd sur les budgets familiaux. La baisse des prix est réelle, mais insuffisante pour redonner du souffle au pouvoir d’achat.
Emploi : repli discret mais significatif
Le marché du travail s’est légèrement contracté : l’emploi salarié privé recule de 1 % sur un an. Les secteurs les plus touchés sont : la construction : –4 % d’emplois; l’hôtellerie-restauration : –2 %.
Le chômage reste structurellement élevé, bien au-dessus des 10 %, sans véritable amélioration par rapport aux années précédentes.
Crédit : entre repli de la consommation et attentes d’investissement
Si la baisse des taux directeurs en 2024 a enclenché un léger repli des taux de crédit, ceux-ci restent plus élevés qu’en France hexagonale. Le crédit aux entreprises bénéficie d’un regain modéré, notamment en matière d’investissement. En revanche, le crédit à la consommation ralentit, traduisant une prudence accrue des ménages.
2025 : frémissement fragile, attente de réformes
Au premier trimestre 2025, l’indicateur du climat des affaires(ICA) repart légèrement à la hausse, repassant juste au-dessus de sa moyenne de long terme. Ce signal positif reste à confirmer. Pour la Banque de France et l’IEDOM, la Martinique doit désormais miser sur des transformations profondes.
Parmi les leviers identifiés :
Réformer l’octroi de mer, pour alléger les freins à la concurrence ; Simplifier l’accès à l’investissement, en accompagnant mieux les porteurs de projets ;
Accélérer la transition énergétique et renforcer l’autonomie alimentaire ;
Moderniser les infrastructures logistiques, notamment portuaires.
La Martinique se trouve en 2025 avec une économie à l’arrêt, un tissu productif affaibli et des tensions sociales toujours vives. La simple injection de crédits publics ne suffit plus. Seule une politique volontariste de réformes ciblées peut sortir le territoire de cette stagnation durable.
Mais en état de l’endettement de la France on ne peut être optimiste.
Sources : Rapport IEDOM n°841 – Conjoncture économique 2024 et perspectives 2025 (juillet 2025)
Infographies disponibles sur www.iedom.fr
Gérard DORWLING-CARTER