Catherine RODAP, présidente du MEDEF Martinique a diffusé un communiqué à propos du propos du projet de loi “Vie chère” du ministre des outre-mer
Le projet de loi dit « contre la vie chère dans les outre-mer », adopté en Conseil des ministres le 30 juillet 2025, marque un tournant particulièrement préoccupant pour le tissu économique martiniquais. Derrière les objectifs affichés de protection du pouvoir d’achat, ce texte cache un dispositif déséquilibré et punitif, dont les effets risquent de fragiliser durablement les entreprises locales. Ce projet de loi introduit une série de mesures administratives et coercitives spécifiquement applicables aux entreprises ultramarines, sans équivalent en France hexagonale. Ce traitement différencié constitue une atteinte au principe d’égalité et engendre une distorsion de concurrence territoriale aux conséquences potentiellement désastreuses.
Le texte impose de nouvelles obligations juridiques contraignantes, notamment la transmission obligatoire à l’administration de toutes les remises commerciales, barèmes de prix et conventions, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires mondial.
Il encadre également de manière stricte les accords commerciaux, en exigeant une formalisation lourde, une traçabilité complète, ainsi qu’une obligation de dépôt au registre du commerce.
Ce niveau de contrainte n’existe dans aucun autre territoire français.
Le projet prévoit également un abaissement du seuil de revente à perte uniquement dans les départements d’outre-mer, sans tenir compte des frais d’approche, du coût du fret ou des réalités logistiques, exposant directement les petits distributeurs à un risque de disparition.
En matière de Boucliers Qualité Prix, il propose un plafonnement administratif déconnecté des réalités économiques locales, sans prise en compte des coûts liés à l’énergie, à la logistique ou à la production locale.
L’ensemble du dispositif écarte de fait les très petites entreprises, qui constituent pourtant 95 % du tissu économique martiniquais, en raison d’une surcharge administrative impossible à absorber.
À cela s’ajoute une absence totale de mesures compensatoires, ni crédits d’impôt, ni soutien logistique, ni contreparties, malgré les engagements pris dans le cadre du Comité interministériel des outre-mer et les besoins bien identifiés par l’INSEE et l’IEDOM.
Les conséquences de cette réforme pourraient être graves.
Elle entraînerait une perte de souplesse commerciale, une atteinte directe aux circuits courts et aux filières locales de production, une stigmatisation des entreprises ne signant pas les accords BQP, une insécurité juridique généralisée pour les distributeurs ultramarins, et un climat de découragement ou de désengagement économique massif. Autrement dit, le texte tel qu’il est rédigé menace tout simplement la dynamique entrepreneuriale de notre territoire.
Face à cette situation, le MEDEF Martinique a alerté le ministre chargé des Outre-mer sur les risques considérables que comporte ce projet de loi. Nous travaillons à l’élaboration d’une position commune avec les autres MEDEF ultramarins, et avons saisi la FEDOM ainsi que les principales organisations patronales pour bâtir une réponse coordonnée, cohérente et forte.
Nous appelons à une mobilisation collective. Il est essentiel que les chefs d’entreprise, les partenaires économiques, les élus locaux et la société civile prennent conscience de l’ampleur des risques.
Nous les invitons à relayer ces informations auprès de leurs équipes, à nous faire part de leurs témoignages, à partager nos analyses et à se rendre disponibles pour les prochaines étapes de mobilisation : auditions parlementaires, tribunes, interventions médiatiques.
Ce projet de loi, dans sa version actuelle, ne permettra pas de lutter efficacement contre la vie chère. Il risque au contraire de désorganiser profondément notre économie réelle, celle qui crée de l’emploi, soutient les filières locales et irrigue les territoires.
Nous devons collectivement refuser une logique de suradministration qui étouffe l’initiative, pénalise la production locale et met en danger notre capacité à bâtir une économie martiniquaise plus résiliente, autonome et solidaire.
Avec détermination, nous affirmons que la réponse à la vie chère ne peut être une punition pour celles et ceux qui entreprennent. Ensemble, mobilisons-nous pour défendre une économie martiniquaise vivante et porteuse d’avenir.
Catherine RODAP, Présidente du MEDEF Martinique