Quatre candidats devraient être en lice dans la ville du Robert. Le maire en place, Farell François Haugrain, son premier adjoint Lucien Bellune, Félix Mérine et Philippe Jean-Marie Alphonsine.
C’est ce dernier, le plus jeune et le moins connu, qu’Antilla a choisi de rencontrer afin de mettre en lumière le débat politique dans cette commune.
Kote ou soti ?
Je suis un enfant du Robert. J’ai grandi dans cette commune et j’ai navigué depuis ma tendre enfance entre la rue du Courbaril, les quartiers Duchesne et Raisin, où ma famille était répartie. J’ai connu à la fois la vie à la campagne et la vie en ville, ce qui m’a permis de comprendre ces différents milieux et leurs réalités.
Quand cette vocation vous est-elle venue ?
Inconsciemment, enfant, je voulais être président de la République. Je ne sais pas vraiment d’où cela venait. En grandissant, je me suis retrouvé à organiser des événements, des soirées, des sorties, des réunions. Je me rendais compte que j’étais déjà un acteur de la vie de la cité.
Progressivement, je suis devenu président d’association, engagé sur le plan culturel. Les gens ont commencé à m’appeler « Monsieur le Maire ». J’ai alors commencé à m’intéresser plus sérieusement à la chose publique.
Aujourd’hui, j’interviens dans l’administration publique, je forme la jeunesse. Nous avons développé le mouvement « Jeunesse dans la ville » ainsi que le « Club jeunes ». Le déclic est survenu en 2022. Je me suis dit : pourquoi ne pas tenter l’aventure ? Je me suis lancé dans la députation, et aujourd’hui dans la bataille municipale.
Quel regard portez-vous sur le Robert ?
Il existe plusieurs façons de voir le Robert. On peut avoir l’impression d’un certain développement économique, mais dans le même temps, on observe une vie associative qui s’effrite. La vie culturelle qui animait autrefois le bourg a quasiment disparu.
La commune a grandi en nombre d’habitants, mais le taux de délinquance devient de plus en plus préoccupant. Il manque une véritable politique de valorisation de la jeunesse, tout comme une attention plus forte envers les personnes âgées.
Quel regard portez-vous sur la Martinique ?
La Martinique est un territoire de plus en plus enclavé. Le taux de pauvreté et de délinquance ne cesse d’augmenter. Nous avons le sentiment de ne pas avoir su exploiter les richesses dont nous disposons, notamment sur le plan écologique et environnemental. Nous devrions fonder notre développement sur ce que nous avons autour de nous.
Quelle expérience retenez-vous de votre précédente candidature ?
La vie politique est pleine d’enseignements. Elle permet de comprendre ce qu’est réellement une campagne électorale, et ce n’est pas un exercice simple. Plus on va sur le terrain, plus on prend conscience des besoins réels de la population.
On comprend aussi très vite que les soutiens sont indispensables. Lorsqu’on est nouveau, ils sont difficiles à obtenir. On vous demande souvent avec qui vous êtes, quelles garanties vous avez de gagner. Si vous ne donnez pas l’assurance d’une victoire, beaucoup hésitent à vous suivre. La politique révèle ainsi le vrai visage des personnes.
J’ai commis des erreurs stratégiques en 2022. Ce sont des erreurs que je ne referai plus. J’ai grandi et compris qu’il ne faut jamais négliger les petits détails.
Vous êtes nouveau : qu’apportez-vous de différent par rapport à la pensée politique traditionnelle ?
Je suis un homme d’innovation. La mobilité internationale pour les jeunes de Martinique, je l’ai créée de toutes pièces. J’ai également porté des projets autour du cacao et de la valorisation des produits du terroir martiniquais.
Nous avons besoin d’innover. Tant que nous ne mesurerons pas l’importance de cette nécessité, nous continuerons à stagner. J’apporte cette capacité à innover autour d’un projet global et cohérent.
J’ai travaillé sur des programmes internationaux avec la Caraïbe et l’Afrique, et collaboré à des projets européens. Nous devons apprendre à construire, voire à co-construire, avec les pays de la Caraïbe.
Si vous êtes élu, quelles seront vos cinq premières priorités ?
La question des sargasses sera centrale. Il faudra mettre en place un véritable projet structuré, afin que la commune soit force de proposition et permette au GIP d’agir efficacement.
L’organisation générale de la commune devra être revue. Le personnel a besoin d’être mieux organisé pour gagner en efficacité, avec une vision claire des objectifs à atteindre.
La propreté permanente de la ville sera une priorité, avec des équipes mobilisées de manière continue sur le terrain.
Un plan Marshall devra être engagé pour le Vert-Pré, un quartier qui mérite d’être pensé dans sa globalité et non par petites touches.
Enfin, une nouvelle ambition sociale devra être portée, en direction de la jeunesse et des personnes âgées, avec une réforme du Centre communal d’action sociale.
Comment vous situez-vous par rapport aux courants et groupes politiques en Martinique ?
Pendant longtemps, les partis politiques se sont affrontés de manière stérile et ont fini par affaiblir le pays, son économie et son ambition. C’est quelque chose de profondément regrettable.
J’ai pris mes distances avec ces logiques. En revanche, j’ai adhéré au parti UTILE, un parti ultramarin créé pour défendre les territoires d’outre-mer. Si nous avançons avec une force collective, nous serons mieux entendus.
Je suis aujourd’hui dépassé par les clivages traditionnels entre la gauche et la droite. Je crois avant tout à la défense de valeurs écologiques et de liberté. Le parti UTILE en Guadeloupe est aujourd’hui solidement structuré autour des députés Max Mathiasin et Olivier Serva. Il serait souhaitable que des députés martiniquais rejoignent cette dynamique.
Qui vous soutient ?
Un homme se définit par son charisme et par sa vision. Je suis soutenu par des jeunes martiniquais qui ont envie d’avancer, par des personnes qui me connaissent, par le parti UTILE de Martinique, mais surtout par les Robertins. Les familles de mon quartier, celles du Robert, ainsi que les trente-quatre personnes qui composent ma liste.
On ne se construit pas parce que les autres vous portent, mais parce que vous portez une vision.
Je suis Robertin : pour quelles raisons devrais-je voter pour vous ?
La première question à se poser est simple : qui est Philippe Jean-Marie Alphonsine et qu’a-t-il déjà fait ?
Je réponds que j’ai toujours été engagé dans la vie de ma commune. Animateur radio, scout, sapeur-pompier, éducateur, transporteur urbain, j’ai toujours été présent dans la vie associative, auprès des jeunes comme des aînés.
J’ai construit ma vie au Robert. Aujourd’hui, j’ai envie de continuer à œuvrer pour cette commune. Je demande aux Robertins de se dire qu’avec Philippe Jean-Marie Alphonsine, quelque chose de nouveau peut émerger. Je leur demande de passer le relais, et je dis que ce relais, je suis prêt à le prendre.