La Première ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, a averti que « ce n’est qu’une question de temps avant que la CARICOM ne s’effondre », accusant les dirigeants régionaux de « s’agiter dans la région et de s’ingérer dans les affaires et les élections des États membres », selon le Jamaica Observer .
Sa vive réprimande faisait suite aux allégations du Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, qui affirmait que des financiers du Congrès national uni (UNC), parti au pouvoir à Trinité-et-Tobago, finançaient le Nouveau Parti démocratique (NDP), principal parti d’opposition, en vue des élections générales du 27 novembre à Kingstown. Lors d’un rassemblement du Parti travailliste unifié (ULP), M. Gonsalves a déclaré à ses partisans que des agents de l’UNC étaient « sur le terrain » à Saint-Vincent, motivés par l’accès aux terres et aux opportunités économiques.
Persad-Bissessar a catégoriquement rejeté ces allégations, les qualifiant de sans fondement. « Je réfute et rejette catégoriquement ces allégations », a-t-elle déclaré, ajoutant que Gonsalves devrait « rendre des comptes au peuple de Saint-Vincent pour ses 24 années au pouvoir et cesser de rejeter la faute sur l’UNC ». Elle l’a ensuite mis au défi d’identifier les prétendus agents de l’UNC ou « d’arrêter de manipuler ses citoyens ».
La dirigeante trinidadienne a également évoqué les enquêtes en cours sur l’acquisition par des membres de la famille Gonsalves de trois appartements de luxe à Victoria Keyes, dans le quartier de Diego Martin à Trinité-et-Tobago. Elle a précisé que l’enquête, menée par la Société de développement du logement (HDC), vise à déterminer si des déclarations frauduleuses ont été faites et comment l’une des filles de Gonsalves a pu bénéficier d’un contrat de location-accession avantageux quelques jours seulement après les élections générales trinidadiennes.
La controverse a exacerbé les tensions entre Port of Spain et Kingstown. Le ministre du Logement de Trinité-et-Tobago, Anil Roberts, avait auparavant mis en doute la validité des documents relatifs à l’acquisition des appartements, suggérant de saisir la police. Le président de la HDC, Feeroz Khan, a confirmé qu’une enquête interne était en cours, évoquant des « questions légitimes » concernant ces transactions, dont le montant total avoisinerait les 5 millions de dollars trinidadien.
Gonsalves, lui-même avocat, a défendu ses proches, insistant sur le fait qu’ils avaient respecté les procédures légales en tant que citoyens de Trinité-et-Tobago et qu’ils n’avaient bénéficié d’aucun traitement de faveur. Il a saisi un avocat de renom à Trinité-et-Tobago.
Persad-Bissessar a toutefois élargi ses critiques au-delà de ce différend, avertissant que la crédibilité de la CARICOM est menacée si les Premiers ministres persistent à s’immiscer dans les affaires intérieures des autres pays. « L’UNC ne participe pas à ce genre de conduite déplorable et indigne. Le choix du dirigeant de Saint-Vincent-et-les-Grenadines appartient exclusivement au peuple de ce pays », a-t-elle déclaré. « Si les Premiers ministres caribéens continuent de se livrer à des manœuvres intempestives dans la région et d’interférer dans les affaires et les élections des États membres, l’implosion de la CARICOM n’est qu’une question de temps. »



