Aucune présence de chlordécone ou d’autres pesticides polluants n’a été détectée. C’est la conclusion provisoire à laquelle est parvenu le Cirad. En 2020, l’Assaupamar avait tiré la sonnette d’alarme quant à l’enfouissement de pesticides. Les recherches devraient durer jusqu’à la fin du premier semestre 2026.
En 2020, l’Assaupamar lance une alerte. Il y aurait des pesticides enterrés dans les terrains du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Un audit est lancé par la structure. Des témoignages d’anciens employés sont croisés et trois lieux de potentiels enfouissements sont localisés. Moutte, La Lézarde et le site du CAEC qui héberge les bureaux du Cirad. Afin de procéder à l’identification des sites et de l’élimination d’éventuels produits phytosanitaires, le Cirad s’appuie sur l’expertise de l’Ademe. « Nous ne sommes pas un organisme qui a l’habitude de traiter des déchets phytopharmaceutiques. On ne connaît pas les normes ni les processus », explique Dominique Pallet, coordinateur projet de gestion des sites d’enfouissement en Martinique.
Avant de procéder au désenfouissement des déchets, il a fallu que le Cirad établisse des diagnostics précis via les recherches, l’alerte de l’Assaupamar, les témoignages. Quatorze mois de travail.
Des produits retirés de la vente
Selon les recherches préalables, il s’agirait d’une douzaine de produits sanitaires. Cette douzaine de molécules a été identifiée comme étant testées dans les années 1990. « On menait des tests aux champs pour les besoins des agriculteurs. On a pu retracer qu’on utilisait une dizaine de molécules », précise Anthony Farisano, directeur général délégué du Cirad. De ces molécules, il était envisagé d’en trouver quelques dizaines de kilos à Moutte 3 fûts de 200 litres à la rivière Lézarde. « Ce sont des toutes petites quantités par rapport à ce qui est utilisé dans un champ », intervient Elisabeth Claverie de Saint-Martin, présidente directrice générale du Cirad. En revanche, comme Elisabeth de Claverie de Saint-Martin l’indique ces produits ont depuis été interdits et retirés de la vente à cause de leur impact sur l’environnement.

L’Assaupamar avait alerté sur une éventuelle présence de chlordécone parmi les produits enfouis pas le Cirad. Or après vérification du Cirad, la chlordécone n’en ferait pas partie. « Nous sommes quasi sûrs qu’il n’y en a pas car nous avons retrouvé des systèmes entrées/sorties de sacs. On sait que la chlordécone est entrée. On sait qu’elle est sortie », ajoute la présidente directrice générale.
Plus de 80 analyses effectuées
Après les analyses effectuées, le Cirad affirme qu’aucune pollution n’est en train de se diffuser sur les trois sites identifiés. « C’est quand même un élément rassurant pour les riverains et les citoyens », explique la présidente directrice générale. Plus de 80 analyses du sol et de l’eau ont été effectuées. Néanmoins, à l’issue de la quatrième réunion du comité de suivi, une batterie d’analyses supplémentaires interviendra afin de s’assurer de la non-pollution des sols. « Le but est que dans les prochaines semaines nous ayons le tableau définitif des différentes molécules », ajoute Anthony Farisano.
Si pour l’heure aucune pollution de pesticide n’a été détectée, des enfouissements ont bien eu lieu sur le site du CAEC. Des déchets de la construction tels que des câbles ou morceaux de béton ont été trouvés mais aussi des restes de bidons écrasés par la pression du sol. À Moutte, la présence d’un objet suspect a été identifiée sous une dalle d’une fosse septique. « On parle d’une quantité de produits réduite de 20 à 30 kg, des restes d’échantillons. » Le site sera traité au début de l’année 2026 par un prestataire. Sur le site de la rivière Lézarde la recherche s’est étendue sur 1000 m2 en vain.
Le Cirad espère clore ce dossier sur les trois sites dans les six prochains mois.
Laurianne Nomel



