Les auteurs vous invitent à passer… au salon
Dans un monde saturé d’images et d’informations éphémères, la littérature demeure l’un des rares espaces de lenteur, de profondeur et de transmission. Organiser un salon littéraire en Martinique, c’est bien plus qu’un simple événement culturel : c’est un acte de reconnaissance, de réappropriation et de rayonnement. C’est offrir à notre territoire une vitrine de sa pensée, de sa mémoire et de sa créativité.
Une première édition pleine de promesses
Les 2 et 3 août 2025, l’association Tous Créoles, en partenariat avec la Fondation Clément et la Fnac Martinique, organise son premier Salon Littéraire à l’Habitation Clément. L’événement réunira une quarantaine d’auteurs martiniquais, représentant tous les genres – romans, essais, poésie, littérature jeunesse, récits historiques – dans un cadre prestigieux, propice à la flânerie et à la rencontre.
Au programme : dédicaces, échanges, tables rondes, découvertes. Une véritable fête du livre, gratuite et ouverte à tous.
Une visibilité indispensable pour les auteurs d’ici
Trop souvent, la scène littéraire martiniquaise reste confinée à des cercles restreints, marginalisée dans les grands circuits de diffusion et peu mise en valeur à l’échelle nationale et internationale. Ce salon est l’occasion de briser l’isolement structurel des auteurs d’Outre-mer, de renforcer les liens entre écrivains et lecteurs, et de créer un espace de reconnaissance publique.
Il s’agit aussi de sortir la littérature des institutions scolaires et universitaires, pour en faire une expérience vivante, populaire, intergénérationnelle, au contact du grand public.
Une culture littéraire puissante, mais trop peu célébrée
La Martinique a donné au monde des figures majeures de la pensée, de la poésie, de la critique sociale : Césaire, Glissant, Fanon, Chamoiseau, Confiant, Bertène Juminer, Joseph Zobel, pour n’en citer que quelques-uns. Elle continue de produire des voix puissantes, nouvelles, ancrées dans leur temps. Il est temps d’assumer cette richesse, de la porter haut.
Un salon littéraire n’est pas un luxe : c’est un droit culturel, une nécessité politique. Il permet à la population de se réapproprier sa langue, ses récits, ses douleurs, ses fiertés, ses combats et ses utopies.
Un événement pour la transmission et la réconciliation
La littérature, surtout dans un pays marqué par les drames de l’esclavage, de la colonisation, les silences de l’histoire et les fractures sociales, peut jouer un rôle réparateur. En racontant, en nommant, en partageant, les écrivains ouvrent la voie à une réconciliation avec soi-même et avec les autres.
Un salon, c’est aussi une chance pour les jeunes générations d’accéder à des modèles, des histoires inspirantes, de comprendre que leur monde intérieur a de la valeur, que leurs mots comptent.
Une dynamique à inscrire dans la durée
Ce premier salon, nous devons le faire vivre, mais aussi l’inscrire dans une continuité. Il ne s’agit pas d’un événement ponctuel, mais d’un rendez-vous à faire grandir, à faire circuler dans les communes, à penser comme une plateforme annuelle de la pensée créole, antillaise, diasporique.
Alors oui, la Martinique a besoin de son salon littéraire.
Parce que lire, c’est résister.
Parce qu’écrire, c’est construire.
Parce que célébrer nos auteurs, c’est affirmer notre dignité.
Rendez-vous les 2 et 3 août à l’Habitation Clément. Entrée libre. Pensée libre.
Gérard Dorwling-Carter



