Mercredi, jeudi et vendredi derniers, se sont déroulés les rendez-vous du réemploi dans la construction au Lamentin. Conférences et ateliers ont ponctué l’événement dont les enjeux sont centraux pour le BTP, l’environnement et l’économie dans le territoire.
Rien ne se perd, tout se transforme voire se réemploie y compris sur un chantier du BTP. En effet, il était bien question de réemploi, mercredi, jeudi et vendredi derniers à l’IMS (Institut martiniquais du sport). Trois jours durant, des experts sont intervenus et des ateliers se sont tenus. Le réemploi consiste à utiliser des éléments récupérés lors d’un chantier de déconstruction pour les réutiliser dans un autre bâtiment. « Cela permet de réduire les déchets et de préserver les ressources », précise Juliette Auvray, responsable national économie circulaire chez Agyre.
Les leviers pour développer le réemploi sont nombreux. En Martinique, il est nécessaire de les identifier. Notamment le levier environnemental. « Le problème des déchets est prégnant dans le territoire. Ils ne sont pas bien traités aujourd’hui. Nous avons la problématique de dépôt sauvage et d’exportation des déchets qui coûte cher. Le réemploi permet de ne pas générer de déchets et de trouver une nouvelle vie aux matériaux de construction. » Le réemploi est un véritable levier économique. Les démarches de réemploi sont créatrices d’emplois qui ne sont pas délocalisables :
« On doit prendre du temps pour déposer soigneusement les matériaux qu’on veut réemployer dans un autre bâtiment. Ça génère de la main-d’œuvre. On doit les remettre en état et les reconditionner sur un nouveau chantier. »
Aujourd’hui, beaucoup de déchets sont exportés et traités hors de la Martinique et génèrent donc des emplois ailleurs.

Le réemploi est une tendance à laquelle le BTP n’échappe pas. « Depuis une quinzaine d’années, les réglementations sont de plus en plus orientées vers le réemploi. » D’une meilleure gestion des déchets à la notion de réemploi qui s’introduit dans les textes. « La commande publique a des objectifs qui lui sont fixés. La commande publique doit acquérir un pourcentage minimum par an de mobilier urbain ou de mobilier d’intérieur en réemploi. »
Mais le réemploi est-il bon marché ? Juliette Auvray ne souhaite pas trancher.
« À l’échelle d’un projet où l’on fait de la déconstruction, cela va coûter plus cher parce qu’il faut prendre plus de temps pour déposer soigneusement les matériaux. À l’échelle d’un projet où l’on fait de la construction, les économies ne sont pas transcendantes. »
C’est en fait à l’échelle macroéconomique que la valeur se crée.
Cependant la Martinique a un cran de retard par rapport à l’Hexagone. Cela s’explique en partie par la réglementation : « Certaines y impulsent énormément le réemploi mais elles ne sont pas applicables en Martinique », selon Livia Flavien, référente économie circulaire et bâtiment à l’association Entreprise et environnement. Le référente explique pourtant que le territoire vit déjà le réemploi de manière très informelle.
« Mais en cédant gratuitement en pied de chantier, on n’assure pas le transfert de responsabilité et de propriété. »
L’absence de structure de la filière pose problème. « On a une idée de ce qui rentre au regard des statistiques mais on a beaucoup de mal à savoir ce qui reste dans le territoire. Ça rend difficile la structuration de filière de reconditionnement. » Afin que le réemploi se structure, il faut emporter l’adhésion de la population à cette tendance. « On a une question d’accompagnement afin que les futurs utilisateurs ne portent un regard sur la matière qui les renvoie à leur propre valeur. »
Laurianne Nomel