Les 4 et 5 octobre prochains, la distillerie Depaz à Saint-Pierre accueillera la première édition du Salon des Saveurs Indiennes. Porté par Céline Cangan-Clairicia, entrepreneure passionnée, ce projet inédit entend mettre en lumière la richesse de l’héritage indo-créole à travers la gastronomie.
Au-delà d’un événement culinaire, ce salon ambitionne aussi de devenir un levier de rayonnement culturel, touristique et économique pour le Nord de la Martinique.
Qui est Céline Cangan-Clairicia et quel est votre parcours ?
De formation littéraire et touristique, j’ai travaillé dans ces secteurs à l’étranger comme en Martinique.
Un passage marquant a été mon expérience dans une distillerie : j’y ai compris à quel point une histoire douloureuse pouvait déboucher sur un produit d’exception, le rhum. Cela m’a donné envie de valoriser davantage notre patrimoine, nos histoires et nos savoir-faire. Quelques mois pus tard,j’ai décidé de me lancer dans l’entrepreneuriat. J’ai intégré l’incubateur Colab FWI, présidé par Sarah Fayad. Ce fut une étape décisive car j’y ai réalisé que je ne savais pas vraiment qui j’étais ni ce que je voulais. Cette introspection m’a amenée à m’interroger sur l’entièreté de mon identité, et donc à explorer mes origines indiennes.
Justement, quel lien entretenez-vous avec vos racines indiennes ?
J’ai toujours affirmé haut et fort que j’étais martiniquaise. Mais derrière cette affirmation se cache une complexité bien plus profonde. Il y a deux ans, j’ai entrepris un vrai voyage vers mes origines indiennes. J’ai ajouté à mon nom de famille celui de ma mère, Cangan, pour me relier à la branche de mes arrière-grands-parents venus de Pondichéry à Saint-Pierre. Pour moi, c’était une manière de leur dire merci et d’honorer leur mémoire. Le salon arrive donc au carrefour de ma vie personnelle et professionnelle : c’est à la fois un projet d’entrepreneure ,une démarche intime, et aussi une manière de montrer que l’identité peut être un moteur d’innovation et de développement local.

Quand on vous parle de culture indienne, qu’est-ce qui vous vient en premier ?
La cuisine, sans hésiter. Dans ma famille, l’héritage indien s’est surtout transmis à travers les saveurs, et particulièrement le Colombo – que nous appelons kolbôu. C’est le plat phare de nos réunions familiales. La cuisine est pour moi le vecteur idéal : universelle, fédératrice et capable de créer un pont entre mémoire, identité et économie
Comment est née l’idée du Salon des saveurs indiennes ?
Je voulais créer un projet fort, porteur de sens, et qui puisse toucher le grand public. La cuisine s’est imposée naturellement comme fil conducteur : tout le monde mange, peu importe sa religion ou ses origines, et à travers les saveurs on peut raconter une histoire. Il s’agit aussi d’une opportunité stratégique pour la Martinique : attirer un nouveau public en basse saison, dynamiser le nord, et inscrire le territoire dans une dynamique caribéenne autour des influences indiennes.
Pour donner vie à un salon fédérateur comme celui-ci, il fallait d’abord s’entourer. Ce concept que vous découvrirez en Octobre est né de mon idée, mais cette vision s’est enrichie au fil de l’eau grâce aux actions de chaque personne qui m’accompagne depuis le début de cette aventure. Pour ne citer que mes deux piliers, Tessa Permal, qui m’a rejointe d’abord en tant que personne ressource sur la question de l’apport des indodescendants, puis par son expertise dans le secteur artistique et culturel puis, Mélissa Monrose, connue pour son rôle de directrice opérationnelle du Mondial du Rhum, passionnée par la culture et par des événements impactants, met à profit son expérience dans l’événementiel.
Nous construisons ce projet et nous le faisons exister. Et c’est dans cette synergie que je prends conscience qu’ensemble, nous avons la capacité de réaliser des choses extraordinaires.

Concrètement, que proposera ce salon ?
Saint-Pierre est un lieu symbolique. Les premiers indiens y sont arrivés. Ce lieu n’est donc pas un hasard. La distillerie fait le lien avec la canne à sucre, piliers de notre histoire. Le programme sera riche :
Ateliers culinaires, masterclass et show cooking avec des chefs et des passionnés ;
Exposants proposant plats, produits et créations revisités aux saveurs indo-créoles ;
Animations pour enfants, pour semer dès le plus jeune âge des graines de culture et de transmission ;
Moments festifs avec danse et musique indienne en clôture.L’entrée sera gratuite, et un espace restauration permettra aux visiteurs de manger et de profiter pleinement du cadre. Nous attendons plusieurs centaines de participants sur deux jours.
Qui seront les invités et partenaires de cette première édition ?
Nous avons la chance d’accueillir comme marraine Sandra Salmandjee, dite Sanjee, une cheffe franco-indienne installée à Paris, auteure de nombreux ouvrages et figure reconnue de la cuisine indienne en France. Sa présence donnera une dimension nationale et inspirante à l’événement.
Côté partenaires, nous sommes soutenus pour l’instant par la distillerie Depaz, Erpem, le Crédit Agricole, Cap Nord , le Village Pomme-Cannelle, le Domaine de la Chabet et la ville de Saint-Pierre. Nous espérons aussi accueillir des exposants de Guadeloupe pour ouvrir dès la première édition une passerelle entre territoires caribéens, tous marqués par l’histoire de l’immigration indienne.
Quelle est votre ambition pour ce salon ?
Organiser l’événement en basse saison est un choix stratégique : cela permettrait, à terme, d’attirer du public sur cette période creuse et de dynamiser le Nord, trop souvent en retrait. L’objectif est que le salon devienne une marque culturelle forte : un rendez-vous incontournable capable de fédérer notre population puis d’attirer des visiteurs étrangers et de faire rayonner la Martinique au-delà de ses frontières
Quel message souhaitez-vous adresser aux sponsors et partenaires potentiels ?
Ce salon est bien plus qu’un évènement culinaire, c’est une aventure culturelle, historique et identitaire qui touche au cœur même de la Martinique. En nous accompagnant, ils s’associent à une démarche de valorisation patrimoniale, de transmission et de rayonnement international.
Soutenir ce projet, c’est investir dans l’avenir, dans un rendez-vous qui peut fédérer les générations, relier les territoires et porter une image forte de la Martinique .
Chaque sponsor devient ainsi véritable partenaire de sens associé dès la première édition à un projet appelé à grandir et à rayonner.



