Le Leusden est un navire négrier hollandais qui a sombré le 1er janvier 1738 au large de l’estuaire du Maroni, entre le Suriname et la Guyane. Des centaines d’Africains, enfermés et enchaînés dans la cale, ont péri après que l’équipage a cloué les ouvertures avant d’abandonner le bateau. Aujourd’hui, un projet international veut retrouver l’épave, en préserver la mémoire et créer en Guyane un grand lieu de souvenir et de réflexion sur la traite négrière atlantique.
Un crime de masse longtemps oublié
Le naufrage du Leusden fait partie des épisodes les plus terribles de la traite négrière atlantique.
Le premier janvier 1738, le navire, chargé de captifs africains, fait naufrage au large de l’estuaire du fleuve Maroni. Les personnes réduites en esclavage, enchaînées dans la cale, n’ont aucune possibilité de fuir. L’équipage prend la décision de clouer les écoutilles, puis abandonne le bateau, laissant les captifs mourir enfermés.
Pendant longtemps, cette tragédie est restée dans l’ombre, enfouie dans les archives.
Un historien surinamien l’a remise au jour en travaillant sur les documents conservés à Amsterdam. À partir de ce travail, une équipe d’archéologues s’est mise à rechercher l’épave du Leusden et les traces de ce drame.
Une épave en danger, un enjeu scientifique majeur
L’épave du Leusden reposerait encore à proximité de l’embouchure du Maroni.
Mais le temps presse : montée des eaux, changement climatique, érosion côtière accélérée… Tous ces phénomènes menacent de faire disparaître à jamais le navire et les vestiges de sa « cargaison » humaine.
Pour les chercheurs, ce site a une importance scientifique exceptionnelle.
L’étude de l’épave et des objets retrouvés permettrait de mieux comprendre la réalité concrète de la traite négrière transatlantique : conditions de transport, organisation du navire, traces matérielles de la violence subie par les captifs.
Perdre définitivement le Leusden, ce serait perdre une source de connaissance précieuse sur l’un des crimes fondateurs du monde moderne.
Quatre objectifs pour un grand projet international
Le projet « Sauver le Leusden ! » s’articule autour de quatre objectifs principaux.
1. Raconter l’histoire dans un documentaire
Un documentaire est en préparation.
Il racontera le naufrage, la tragédie vécue par les captifs, et le travail acharné des scientifiques qui tentent de retrouver l’épave. Ce film permettra de faire connaître cette histoire au plus grand nombre et de montrer l’importance de ce travail de mémoire.
2. Financer une ultime mission de récupération
Pour explorer le site une dernière fois et tenter de sauver ce qui peut encore l’être, une mission scientifique doit être organisée.
Elle a un coût élevé. D’où le lancement d’une campagne de sensibilisation et de collecte de fonds à l’échelle internationale, sous le slogan : « Sauver le Leusden ! ».
L’idée est claire : mobiliser des soutiens partout dans le monde afin de donner aux équipes d’archéologues les moyens d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
3. Renforcer les études sur la traite atlantique
Le projet veut aussi rappeler que la traite négrière atlantique n’est pas seulement un sujet d’histoire lointaine.
Elle a profondément marqué la construction du monde contemporain : sociétés, économies, cultures, rapports de pouvoir.
En soutenant les recherches scientifiques sur la traite, il s’agit de mieux comprendre ces héritages et de nourrir une réflexion mondiale sur le racisme, les inégalités, et la manière dont les sociétés se construisent sur des violences passées.
4. Créer un mémorial en Guyane, d’importance planétaire
Le projet prévoit la création, en Guyane, d’un grand lieu de mémoire dans la rade où s’est produit le naufrage du Leusden, ainsi que dans le paysage environnant.
Ce mémorial a plusieurs ambitions :
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rappeler la tragédie du Leusden et, à travers lui, la réalité de la traite négrière ;
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associer les pays africains, européens et américains liés à l’histoire de la traite atlantique ;
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devenir un espace de réflexion, de création artistique et de transmission historique.
Porté par la Guyane dans son ensemble, ce lieu pourrait devenir un pôle majeur, à la fois artistique, historique, archéologique et touristique. Il s’inscrira dans une démarche de mémoire partagée entre de nombreux pays et peuples.
Une cérémonie inaugurale prévue en octobre 2026
La cérémonie inaugurale de ce mémorial et de ce projet d’envergure est prévue pour octobre 2026 à Awala-Yalimapo, en Guyane.
Elle se déroulera en quatre temps :
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une célébration officielle, avec les autorités et les partenaires du projet ;
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une cérémonie d’hommage traditionnel, en lien avec les cultures locales et les descendants des populations concernées ;
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l’installation d’un mémorial artistique, pensé comme une œuvre forte, visible et porteuse de sens ;
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le tournage du documentaire « Sauver le Leusden ! » qui gardera la trace de cet événement et de la démarche de mémoire.
Un appel à rejoindre le comité de soutien
Pour donner de la force à ce projet, un comité de soutien est ouvert à toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’y associer, dans le monde entier.
Pour rejoindre le comité de soutien, il suffit d’envoyer :
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nom,
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prénom,
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profession,
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pays,
à l’adresse suivante : grand.balan@wanadoo.fr
Cet appel s’adresse aux citoyens, aux chercheurs, aux artistes, aux institutions, aux diasporas, aux associations, à toutes les personnes qui considèrent que cette mémoire ne doit pas être effacée.
Ce projet est porté notamment par Patrick Chamoiseau, Guy Deslauriers et Yasmina Ho-You-Fat.



