Un contexte d’instabilité
Après les échecs successifs de Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou, Emmanuel Macron a choisi Sébastien Lecornu comme Premier ministre le 10 septembre 2025. Fidèle du président depuis 2017 et ministre resté en poste sans discontinuer, il doit relever le défi de trouver une majorité pour faire adopter le budget 2026 dans une Assemblée fragmentée.
Une méthode inédite
Contrairement à ses prédécesseurs, Lecornu est explicitement chargé de consulter les forces politiques avant de composer son gouvernement et d’élaborer un programme. Inspirée des régimes parlementaires, cette approche vise à bâtir une coalition par la négociation, dans un contexte où la Ve République se « parlementarise » de fait depuis la fin de la bipolarisation.
Un profil jugé plus consensuel
Issu de la droite classique, mais sans appartenance aux élites traditionnelles (pas de grande école ni de grand corps d’État), Lecornu est décrit comme discret, pragmatique et sans scandale. Moins clivant que François Bayrou, il pourrait bénéficier d’un a priori favorable auprès de partenaires politiques hésitants.
Une gauche en recomposition
La dislocation du Nouveau Front populaire fragilise la gauche, à l’exception de LFI qui reste dans l’opposition frontale. PS, Verts et PCF, inquiets de perdre leurs sièges en cas de dissolution et redoutant une percée du RN, pourraient être tentés de laisser le gouvernement Lecornu s’installer et de négocier sur certains dossiers.
Un pari pour la durée
La nomination de Lecornu traduit la volonté d’Emmanuel Macron de poursuivre sa politique économique de l’offre et de se concentrer davantage sur l’international. Si le nouveau Premier ministre parvient à arracher un accord sur le budget 2026 et à instaurer une pratique de compromis, il pourrait rompre la spirale d’instabilité et s’inscrire dans la durée à Matignon. En d’autres termes : ” pourquoi ne pas rêver ?”
Jean-PaUL BLOIS