– Les marges de manœuvre de Sébastien Lecornu apparaissent des plus réduites. Les premières orientations budgétaires exposées vendredi par le Premier ministre, loin de rassurer ses opposants, ont renforcé les menaces de censure. La gauche, unie dans la critique, et le Rassemblement national brandissent désormais ouvertement cette arme parlementaire.
Le refus des concessions sociales et fiscales
Dans un entretien accordé au Parisien, le chef du gouvernement a fermé la porte au rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), à l’instauration de la taxe proposée par l’économiste Gabriel Zucman sur les grandes fortunes et à toute remise en cause de la réforme des retraites. Trois lignes rouges pour la gauche, qui avait fait de ces mesures des conditions préalables au dialogue.
La réaction ne s’est pas fait attendre. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, et Marine Tonnelier, cheffe de file des écologistes, ont annoncé qu’ils étaient prêts à voter la censure. La France insoumise, de son côté, a confirmé le dépôt d’une motion dès l’ouverture de la session parlementaire, le 1er octobre.
Un Premier ministre politiquement isolé
Sébastien Lecornu assure vouloir repartir d’une « feuille blanche » pour bâtir le budget 2026, en promettant de tenir compte des consultations en cours. Mais sa fidélité au « socle commun » macroniste et à ses alliés des Républicains réduit ses marges de négociation. La droite, elle-même divisée, ne garantit pas un soutien sans faille, tandis que la gauche, désormais rassemblée dans l’opposition, dénonce son refus de gestes concrets en matière sociale et fiscale.
Une probabilité croissante de censure
Privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale, le Premier ministre joue une partie à quitte ou double. Sa dernière chance réside dans une rencontre prévue avec les socialistes la semaine prochaine. Mais à ce stade, la plupart des observateurs politiques jugent hautement improbable un compromis qui inverserait la dynamique. Faute de concessions substantielles, l’issue d’une censure parlementaire semble se dessiner.
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Le malaise ne se limite pas au champ politique. La CFDT et plusieurs syndicats ont dénoncé l’absence de mesures en faveur du pouvoir d’achat et de la redistribution, annonçant une nouvelle journée de mobilisation dès le 2 octobre. Dans un discours offensif, Jean-Luc Mélenchon a accusé Sébastien Lecornu de poursuivre le « jusqu’au-boutisme » d’Emmanuel Macron et a appelé l’ensemble de la gauche à se rallier à la censure.
En résumé, sauf revirement majeur et inattendu dans les prochains jours, la capacité du Premier ministre à déjouer une motion de censure apparaît aujourd’hui extrêmement limitée. La crise politique pourrait donc s’ouvrir dès le 1er octobre, plongeant le gouvernement dans une zone de fortes turbulences.