Depuis l’été 2025, les tarifs douaniers renforcés par Donald Trump alimentent une hausse progressive et diffuse des prix à la consommation. Officiellement, l’ex-président assure que ce sont les pays étrangers qui paient la facture. Mais données économiques, recherches académiques et témoignages d’entreprises montrent au contraire que ce sont les ménages et les sociétés américaines qui absorbent l’essentiel du choc.
Une facture reportée sur les consommateurs
Donald Trump affirme que les tarifs douaniers « rapportent des milliards au Trésor » sans effet inflationniste, ni coût pour les ménages. Pourtant, les chiffres disent l’inverse : les prix à l’importation restent stables, preuve que les exportateurs étrangers n’ont pas réduit leurs prix pour compenser les droits de douane. Selon Goldman Sachs, 22 % du coût des tarifs étaient déjà supportés par les consommateurs en juin, une proportion qui pourrait atteindre 70 % d’ici octobre et jusqu’à 100 % si l’on ajoute les effets indirects.
La mécanique de la « sneakflation »
Les économistes parlent désormais de « sneakflation » – une inflation discrète et étalée dans le temps. Les entreprises ont d’abord limité l’impact en écoulant des stocks préexistants et en partageant le surcoût le long de la chaîne d’approvisionnement. Mais progressivement, la hausse se diffuse aux prix finaux : meubles, linge de maison, jouets, outils ou articles de sport coûtent déjà plus cher. Selon une étude de Harvard, les biens importés sont en moyenne 5 % plus chers que la tendance pré-tarifs, et les biens produits localement 3 % plus chers.
Des ménages fragilisés
Pour les Américains modestes, qui vivent souvent de salaire en salaire, ces hausses invisibles mais cumulées compliquent encore la gestion quotidienne. Beaucoup réduisent leurs achats alimentaires, reportent des paiements de factures ou sacrifient des dépenses de santé. Les grandes enseignes comme Walmart reconnaissent déjà subir une hausse hebdomadaire de leurs coûts, qu’elles tentent de contenir « aussi longtemps que possible ». Mais la tendance est claire : la facture sera progressivement refilée aux consommateurs.
Un pari risqué pour l’économie américaine
Si l’impact sur l’inflation globale reste pour l’instant limité grâce à la baisse des prix de l’énergie et au ralentissement de la demande, les économistes préviennent que l’effet cumulatif pourrait devenir inflationniste, à l’image de la flambée des prix observée pendant la pandémie. En déclenchant une hausse lente mais persistante des prix, la stratégie tarifaire de Donald Trump risque d’affaiblir durablement le pouvoir d’achat des ménages et d’éroder la confiance des entreprises.



