Repéré sur le site RCF
Faut-il davantage taxer les ultra-riches ? En pleine préparation du budget, la proposition de l’économiste Gabriel Zucman d’instaurer un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros relance le débat sur la redistribution. Présentée comme une mesure ciblant moins de 2 000 foyers fiscaux, elle pourrait rapporter entre 15 et 20 milliards d’euros. Mais est-elle compatible avec l’enseignement de l’Église ?
« Rendez à César ce qui est à César »
Interrogé par RCF, Pierre de Lauzun, président de l’Association des économistes catholiques, rappelle que l’impôt est un devoir légitime. « L’Évangile ne parle pas beaucoup d’impôts, mais il rappelle qu’il faut assumer sa responsabilité au sein de la communauté », explique-t-il, en référence à la parole de Jésus : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
L’équité, clé de voûte de la justice fiscale
La doctrine sociale de l’Église insiste sur un impôt « rationnel et équitable ». Autrement dit, chacun doit contribuer selon ses moyens. Faire participer davantage ceux qui disposent de richesses considérables n’est donc pas étranger à la tradition chrétienne.
Propriété privée et bien commun
Mais la doctrine ne va pas jusqu’à justifier un impôt « confiscatoire ». « L’Église affirme que la propriété privée est un droit réel, qui doit être respecté », souligne Pierre de Lauzun. En revanche, elle rappelle le principe de la destination universelle des biens : posséder engage, et les richesses doivent être employées en faveur du bien commun.
Une responsabilité personnelle des ultra-riches
La question devient alors moins fiscale que morale. Comment les plus fortunés utilisent-ils leurs biens ? Les mettent-ils au service de causes collectives, par la philanthropie ou le développement d’entreprises, ou les accumulent-ils sans utilité sociale ? L’Évangile interpelle ici directement les consciences : « Ce n’est pas parce que tu as gagné ton argent légalement que tu en fais ce que tu veux », résume l’économiste.